La publicité de Solutions santé - Healthy Solutions en anglais - avait déjà attiré l'oeil de François Décary-Gilardeau, analyste agroalimentaire à Option consommateurs, le 28 juillet dernier. Elle est toujours épinglée sur le tableau d'affichage de son bureau. «Elle est très fréquente», assure-t-il. Fréquente et persistante.

Le site www.dietfraud.com, mis sur pied par le médecin ontarien Terry Polevoy, dénonce depuis quelques années des publicités semblables en version anglaise. L'une de celles-ci date de 2002, sous le nom de PapayaPlus. L'argumentaire sur les vertus d'enzymes extraites de la papaye était identique.

«Des criminels escroquent à partir de cases postales depuis plus de 10 ans, déplore le Dr Polevoy. La police s'en fiche. Santé Canada les ignore. Le Bureau de la concurrence ne fait rien.»

Pourtant, rappelle François Décary-Gilardeau, la vente de produits de santé naturels est strictement encadré au Canada par un règlement entré en vigueur le 1er janvier 2004. «Ce système ne permet pas de faire n'importe quoi, insiste-t-il. Il faut que les allégations soient vraies et vérifiables.»

Santé Canada évalue l'innocuité, l'efficacité et la qualité des produits de santé naturels avant d'en autoriser la vente. Ils obtiennent alors un numéro de produit naturel (NPN). À défaut, un produit de santé naturel doit au moins avoir fait l'objet d'une demande de licence de mise en marché à Santé Canada. Sinon, sa vente est présentement illégale au Canada.

Qu'en est-il de l'extrait de papaye de Solutions Santé/Healthy Solutions? «Ni sur leur site internet ni dans leur publicité, il n'est fait mention d'un numéro de produit de santé naturel», observe François Décary-Gilardeau.

Santé Canada confirme qu'aucune homologation n'a été accordée pour ce produit, mais refuse de dire, pour des raisons de confidentialité, si une demande d'autorisation de mise en marché a été déposée.

Surveillance de la publicité

Santé Canada est par ailleurs l'organisme national de réglementation en matière de publicité des produits de santé, selon sa propre définition. «Seuls les produits dont la vente est autorisée au Canada par Santé Canada peuvent faire l'objet de publicité», indique le site internet de l'organisme. Le Ministère peut notamment intervenir «lorsqu'un produit de santé non autorisé fait l'objet de publicité».

Santé Canada affirme veiller à ce que l'information contenue dans cette publicité ne soit ni fausse, ni trompeuse, ni mensongère.

Mais dans les faits, Santé Canada réagit surtout aux plaintes des consommateurs.

«Étant donné que l'Inspectorat de la Direction générale des produits de santé et des aliments à Santé Canada doit gérer de nombreuses vérifications de la conformité, toutes les plaintes sont d'abord classées par ordre de priorité en fonction des risques que représente la dérogation prétendue pour la santé, décrit Christelle Legault, agente des relations avec les médias à Santé Canada. Les incidents liés aux situations comportant un risque élevé seront effectués en priorité. L'objectif sera d'atteindre la conformité en utilisant le niveau d'intervention le plus approprié.»

En d'autres mots, constate François Décary-Gilardeau, «Santé Canada va agir s'il y a un risque pour la santé».