Les différentes disciplines de l'aménagement québécois regroupent leurs forces dans l'organisme Mission Design, dans une longue croisade pour allier design et développement économique.

Six associations et ordres professionnels - design industriel, design graphique, design d'intérieur, architecture, architecture du paysage et urbanisme -, près de 39 000 professionnels, s'associent pour que le Québec devienne «une société où le design et la création sont intégrés dans la culture populaire et dans celle des organisations».

L'ancien maire de Québec Jean-Paul L'Allier est pressenti pour présider le conseil d'administration de 25 membres.

Le lancement officiel du nouvel organisme de valorisation du design, aujourd'hui, marque la conclusion d'une démarche que mène depuis deux ans la Conférence interprofessionnelle du design du Québec (CIDQ).

À la suite de la cessation des activités de l'Institut de design de Montréal en 2007, le CIDQ a mené une large consultation publique qui a conclu à la nécessité d'un organisme de valorisation à vocation économique. «On doit travailler à un meilleur arrimage avec l'industrie pour mieux exporter nos produits et services», résume le directeur général de Mission Design, Alain Dufour.

L'innovation et le design sont en effet des facteurs prépondérants dans le succès des entreprises et le développement économique. «On se rend compte que la plupart des grandes nations s'accaparent le design comme outil de développement, de promotion et même de tourisme», observe Mario Gagnon, président de l'Association des designers industriels du Québec.

Offensive selon trois axes

Mission Québec veut d'abord promouvoir la concertation entre les différentes disciplines du design. «L'objectif n'est pas de vendre des professionnels, mais de faire comprendre que dans la nouvelle économie du savoir, pour se positionner à l'échelle mondiale, il faut savoir travailler en équipe multidisciplinaire», fait valoir Claude Beaulac, directeur général de l'Ordre des urbanistes du Québec.

Le nouvel organisme cherche en parallèle à stimuler la demande en design. Selon une enquête du ministère du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation (MDEIE), à peine 13% des entreprises manufacturières québécoises ont travaillé avec un designer industriel entre 2004 et 2007.

Pour susciter cette relation, Mission Design offrira un «diagnostic design», qui évaluera le degré d'intégration du design dans une entreprise et fera des recommandations pour l'accroître. Un service analogue sera proposé aux municipalités et aux services publics. «Le BIXI est un excellent exemple de commande publique en design», illustre Alain Dufour.

Mission Design entend enfin prévoir les besoins et tendances sur la scène mondiale pour aider le Québec à mieux y jouer son rôle. En 2017, à l'occasion du 50e anniversaire d'Expo 67, l'organisme veut faire de Montréal la capitale mondiale du design et de l'architecture, en attirant ici les grands congrès internationaux. La première manche se jouera à la fin du mois de mai à Shanghai, où les délégués québécois à l'Assemblée mondiale des architectes paysagistes demanderont que Montréal soit l'hôte de la manifestation dans sept ans.

«Ce n'est pas une structure, c'est vraiment un organisme de projet», se réjouit André Bourassa, président de l'Ordre des architectes. Je suis très enthousiaste.»

Le budget des 15 premiers mois, qui pourrait atteindre 1,3 million de dollars, est assumé jusqu'à concurrence de 70% par le MDEIE et par le ministère des Affaires municipales. Le reste proviendra des associations professionnelles et du secteur privé.