Le fait que Mark Carney, gouverneur de la Banque du Canada, ait changé son discours cette semaine à propos de l'éventuelle hausse des taux d'intérêt n'a pas refroidi l'ardeur des investisseurs qui continuent de miser sur une action du gouverneur lors de la prochaine annonce concernant les taux le 1er juin prochain.

M. Carney a dit deux fois en trois jours que l'abandon par la Banque du Canada, la semaine dernière, de son «engagement conditionnel» à garder les taux inchangés jusqu'en juillet avait trait à un «resserrement de la politique monétaire». Il a ajouté que rien n'était conditionné à l'avance et précisé «que le moment et la portée de tout resserrement additionnel» dépendra des perspectives concernant la croissance et l'inflation.

Le taux de swap de l'indice deux mois, qui représente ce à quoi les investisseurs s'attendent en ce qui touche la moyenne du taux correspondant à la politique de la banque au cours de cette période, a peu évolué cette semaine après avoir grimpé après l'annonce touchant les taux d'intérêt le 20 avril dernier. M. Carney avait alors gardé les coûts d'emprunt à 0,25% tout en laissant tomber l'engagement de la Banque. Après avoir atteint 0,36% le lendemain, le taux de swap s'est fixé à 0,3525% jeudi avant de clôturer à 0,348%.

« Je trouve cela pas mal intéressant de voir que la Banque du Canada considère qu'elle a déjà resserré le crédit alors qu'elle n'a pas encore bougé », lance David Watt, un stratège en matière de change à la Banque Royale, à Toronto. « Le débat quant à savoir quand la Banque du Canada va commencer à resserrer le crédit ne tient plus », ajoute-t-il.

Trois jours après l'annonce concernant les taux d'intérêt, Statistique Canada rapportait que le taux d'inflation annuel avait baissé de manière inattendue à 1,4% en mars comparativement à 1,6% en février.

Ce rapport ne devrait pas avoir changé les plans de la banque centrale, ont estimé dans un commentaire Karen Cordes Woods et Derek Holt, de la Banque Scotia. Selon ces deux économistes de Toronto, on peut interpréter le nouveau discours de la Banque du Canada comme étant un signe que « M. Carney se garde les mains libres pour décider de la rapidité avec laquelle il va augmenter les taux et sur quelle période de temps. »

M. Holt dit qu'il s'attend encore à une évolution des taux le 1er juin parce que l'économie atteindra sa pleine capacité au cours de la prochaine année.

Ailleurs sur les marchés de crédit, l'Ontario a fait savoir jeudi qu'elle avait vendu pour 600 millions supplémentaires d'obligations à coupon qui viennent s'ajouter aux 7,3 milliards déjà en circulation. Les obligations se vendent pour 79,5 points de base, ou 0,795 point de pourcentage, soit davantage qu'une obligation gouvernementale fédérale similaire.

On prévoyait hier que Statistique Canada indique que le produit intérieur brut avait progressé de 0,3% en février dernier, ce qui serait le sixième gain mensuel consécutif, selon la prévision médiane de 21 économistes sondés par Bloomberg News.

Les investisseurs ont perdu 0,1% ce mois-ci sur les obligations gouvernementales canadiennes comparativement à une perte de 0,4% sur les titres de dette d'entreprises du pays, selon des données de Bank of America Merrill Lynch.