Richard et Claire, tous deux dans la soixantaine, sont à la retraite depuis peu.

«Nous avons chacun une petite pension de retraite, quelques REER (régimes enregistrés d'épargne-retraite), des assurances.» Et un grand projet.

Ils ont acheté récemment une vaste maison dans une petite région touristique de l'est du Québec, pour la transformer en gîte, «afin de vivre un peu plus confortablement avec un revenu d'appoint».

«Nous avons l'ambition d'y faire un agrandissement, si possible l'an prochain, expliquent-ils. Présentement, notre budget est limité. Nous souhaitons rester en affaires pour une période d'environ 10 ans.»

Pour atteindre cet objectif, ils posent quatre questions que nous avons soumises au planificateur financier David Paré, de Desjardins.

Niveau de vie

«Est-ce que notre situation financière nous permet de maintenir notre niveau de vie?»

Tout dépend de ce niveau de vie, difficile à évaluer en raison de la situation inédite du couple.

Avec eux, David Paré a pu estimer les besoins du couple à 85 000$ nets par année.

Énorme? En fait, une large part de ce budget provient de la maison, sur laquelle court une hypothèque de 360 000$ amortie sur 30 ans. Les mensualités de 1576$ s'ajoutent aux débours en taxes et assurances de 700$. Il faut encore compter la marge de crédit de 60 000$, sur laquelle le couple ne paie que les intérêts de 250$. Au total: 2526$ par mois.

Les différentes rentes de retraite du couple lui procurent un revenu net de 66 000$, soit 19 000$ de moins que les dépenses prévues.

«Nous devrons donc commencer à puiser dans les REER rapidement afin de combler ce manque à gagner», observe David Paré.

En supposant une inflation de 2% et un rendement de 5%, ces 152 000$ s'évaporeraient en quatre ans.

Bien sûr, il faut tenir compte des revenus d'exploitation du gîte, qui ajouteront quelque 16 000$ aux revenus nets du couple, après dépenses et impôts. Le manque à gagner est ainsi ramené à 3000$ par année, mais il entraîne tout de même un épuisement du capital de retraite en 15 ans.

Cette sombre conclusion s'explique par la différence entre l'indexation des revenus des régimes de retraite du couple, estimée à 1%, et celle du coût de la vie, fixée à 2%. Pour maintenir le capital du couple jusqu'à 90 ans, en supposant que le gîte soit exploité pendant 10 ans, le couple devrait réduire son train de dépenses à 78 000$ par année.

En cas de décès

«En cas de décès, pourrons-nous avoir le choix de ne plus exploiter le gîte et de conserver la maison?»

Non, répond notre planificateur. Les importantes dépenses hypothécaires qui pèsent sur le budget sont justement justifiées par les revenus que la petite entreprise peut rapporter.

«En cas de décès, dit-il, deux options s'offrent à eux: vendre la maison afin de libérer l'hypothèque et ainsi diminuer les dépenses familiales ou encore prévoir une assurance vie.»

Il estime le capital de cette assurance vie à un minimum de 200 000$.

Prochaines rénovations

«Nous souhaitons faire des travaux de rénovation et d'agrandissement, sommes-nous en mesure de le faire?»

Le couple estime ces travaux à 75 000$, mais ils pourraient facilement atteindre 100 000$. Avec la marge de crédit de 60 000$, que David Paré recommande d'ajouter à l'hypothèque, les dettes s'élèveraient à plus de 500 000$. «Nous augmentons la pression sur le budget du couple et leur dépendance aux revenus du gîte», constate-t-il.

Il suggère d'attendre de mieux connaître le chiffre d'affaires du gîte avant d'engager ces nouvelles dépenses.

Usage des REER

«Comment maximiser l'utilisation des REER?»

Richard y détient 116 000$, alors que Claire ne possède que 36 000$.

S'ils transformaient leur REER en FERR (fonds enregistré de revenu de retraite), ils pourraient fractionner les rentes qu'ils en tireraient, pour ainsi mieux équilibrer leurs revenus de retraite. Une demande semblable peut être adressée à la Régie des rentes du Québec (RRQ). «Des économies d'impôts de 2000$ par an pourraient ainsi être réalisées», indique David Paré.

Ne manquent plus que les hôtes.