La retraite de Laura ne dépend que de ses efforts et de sa discipline. Ni les uns ni l'autre ne font défaut.

«Je suis célibataire et travailleuse autonome, se décrit-elle. Aucun fond de retraite d'un employeur.»

La femme de 41 ans gagne de 50 000 à 54 000$ par année.

Elle place de 7000 à 8000$ par année dans son REER, où elle a accumulé 91 000$. Elle réussit en outre à économiser 500$ par mois, ce qui lui a permis d'amasser 14 000$ dans un compte d'épargne.

«Je n'hériterai pas (c'est déjà fait) et je n'ai pas d'enfant qui pourra s'occuper de moi», poursuit-elle.

Cet héritage, elle y vit depuis 2003: c'est le duplex dont elle occupe le rez-de-chaussée. Sa mère loge à l'étage et lui verse un loyer de 400$ par mois, correspondant aux coûts d'exploitation.

Les rénovations faites à cette occasion et terminées en 2008 lui ont laissé un solde hypothécaire de 20 000$ amorti sur cinq ans.

«Ma question est bien simple: est-ce que j'aurai un revenu convenable à ma retraite? Et devrai-je travailler jusqu'à 90 ans?»

«Alors, qu'en pensez-vous?»

Projetons-nous à 60 ans

Pierre Renaud en pense grand bien. Le planificateur financier du Groupe Scotia a d'abord jeté un coup d'oeil au REER de Laura. Il est maximisé et aucun droit de cotisation inutilisé ne traîne dans les tiroirs. «C'est du bon travail pour la retraite de ce côté», commente notre planificateur.

Laura veut maintenir un train de vie de 35 000$ durant les premières années de cette retraite souhaitée à 60 ans.

«Fidèle à son style de vie, Laura préfère les choses simples et sensées, décrit Pierre Renaud. La solution proposée le sera également.»

En supposant un taux d'inflation de 2,25% et un rendement de 4,5% sur ses placements, investis de façon prudente, il projette la traductrice 19 ans dans l'avenir, au début de la soixantaine.

Si elle poursuit ses cotisations maximales à son REER, elle y détiendra alors 459 000$.

Mais ce ne sera pas suffisant pour atteindre ses objectifs. Il faudra pousser la machine à épargner au maximum.

Notre planificateur observe que Laura n'a pour l'instant ouvert aucun compte d'épargne libre d'impôt (CELI). «Cet outil formidable permet d'investir 5000$ par année dans les placements de son choix sans que la croissance ou le revenu produit par ceux-ci ne soient imposables», rappelle-t-il.

Laura pourrait donc dès maintenant y verser 5000$ pour les droits de 2009 et 5000$ pour 2010, tirés de son compte d'épargne, lequel, souligne Pierre Renaud, «ne lui rapporte qu'un maigre 0,5% d'intérêt annuel».

Dès janvier 2011, elle continuerait à y verser 417$ par mois, pour atteindre le total de 5000$ à la fin de l'année. À ce régime, son CELI contiendrait 149 000$ à la fin de 2028.

Mais Laura assure qu'elle est en mesure d'économiser environ 500$ par mois. Elle pourrait donc encore mettre chaque mois une centaine de dollars dans un compte non enregistré, ce qui lui vaudrait 34 000$ au début de sa retraite.

Âgée alors de 60 ans, Laura toucherait une rente indexée de la RRQ de 10 890$. La PSV ne lui serait versée que cinq ans plus tard, à raison de 10 820$ par année.

Pour maintenir son coût de vie de 35 000$ durant ces cinq années, elle devra puiser dans son CELI d'abord, et dans son compte non enregistré ensuite. Le premier sera épuisé à 64 ans, et le second deux ans plus tard. Il faudra donc faire appel au REER.

«Le REER est converti en FERR à l'âge de 63 ans, alors qu'il a une valeur marchande de 523 400$, et il procure un revenu de 19 400$ l'année suivante», indique notre conseiller.

À ce rythme, son FERR sera à sec dans l'année de ses 79 ans.

Elle pourrait bien sûr vendre son duplex avant 65 ans - sa mère sera alors vraisemblablement décédée. Laura n'aurait de l'impôt à payer que sur le gain en capital réalisé sur la partie locative.

Mais son souhait était de le conserver pour occuper ses deux étages. Pierre Renaud lui suggère plutôt de sacrifier cette partie de son rêve de retraite et de louer un des deux appartements. «La location lui procurerait un revenu net de dépenses qui comblerait en bonne partie son manque à gagner mensuel», observe-t-il. Laura pourrait ainsi repousser à l'âge limite de 71 ans la transformation de son REER en FERR. Il croîtrait ainsi plus longtemps à l'abri de l'impôt, ce qui lui permettrait de conserver son coût de vie jusqu'à la fin de ses jours.

Rien n'oblige Laura à prendre cette décision aujourd'hui, observe Pierre Renaud. À l'approche de la retraite, elle pourra refaire quelques calculs et mettre à jour sa planification financière.

Chose certaine, elle n'aura pas à travailler jusqu'à 90 ans.

 

LA SITUATION

Laura est travailleuse autonome, et ne peut compter que sur son revenu de 50 000$ pour assurer sa retraite. Pourra-t-elle enfin se reposer à 60 ans?

«Je ne crois pas que mon train de vie diminuera à la retraite. Je voyagerai sûrement plus.» Laura

LES DONNÉES

Laura, 41 ans

Revenus de travail autonome: 50 000 à 54 000$

REER: 91 000$

Liquidités: 14 000$

Propriété: duplex d'une valeur de 450 000$

Solde hypothécaire: 20 000$

L'ANALYSE

Si elle maintient sa discipline d'épargne et qu'elle profite du CELI, Laura pourrait prendre sa retraite à 60 ans. Il lui faudra cependant abandonner son projet d'occuper les deux logements de son duplex. Elle aura besoin du revenu de location d'un des deux appartements.