Chaque semaine, un financier différent répond à nos questions. Il donne sa lecture des marchés, offre son point de vue sur la Bourse et lance quelques conseils d'investissement. Cette semaine, François Rochon, président de Giverny Capital.

Q. À votre avis, quel est l'événement le plus significatif des derniers jours en Bourse ?

R. Il n'y a pas d'événement en particulier qui a retenu mon attention. La grande nouvelle, c'est plutôt les bons résultats des entreprises, notamment ceux d'eBay et Wells Fargo aux États-Unis.

Q. Quel indicateur surveillez-vous le plus attentivement en ce moment ?

Je n'ai pas d'indicateur en particulier, si ce n'est que l'inflation. Pour l'instant, il n'y a pas de signes inflationnistes sur les marchés. J'aime justement avoir un niveau d'inflation le plus bas possible.

Q. Que feriez-vous avec 10 000 $ à investir ?

Ma philosophie n'est pas d'investir dans des marchés mais dans des entreprises. Avec 10 000 $, je choisirais cinq titres. MTY Foods, une entreprise super bien gérée. Nitori, une entreprise japonaise de produits d'intérieur et de bureau. Je choisirais aussi trois blue chips américains de qualité : Berkshire Hathaway, le conglomérat de Warren Buffett, l'institution financière Wells Fargo et Medtronic, une société de produits médicaux.

Q. Quel placement évitez-vous à tout prix ?

Deux choses : l'or, et tout ce que touche de près ou de loin à l'immobilier résidentiel au Canada. Le prix des maisons est trop élevé actuellement au Canada. Je ne serais pas surpris que l'immobilier baisse de 15 % à 20 % au cours des prochaines années. Quant à l'or, il donne à peu près les mêmes rendements que l'inflation à long terme. Sur 100 ans, l'or a généré environ 3 % par année. À ce compte-là, j'aime mieux acheter des bons du Trésor.

Q. Qu'est-ce que les marchés sous-estiment le plus présentement ?

Le potentiel de croissance des profits des entreprises, surtout les entreprises américaines. On sort d'une récession. Les entreprises qui ne sont pas tombées vont revenir plus fortes. Les gens vont être surpris de l'ampleur du prochain marché haussier (« bull market »), même si nous sommes dans un marché haussier depuis le mois de mars dernier. Le pire de la crise est passé. On revient à la normale, et les entreprises ayant survécu ont pris des parts de marché, ont amélioré leur bilan et sont devenues plus efficaces. Elles vont réaliser pas mal plus de profits dans le prochain cycle que ce que les gens s'attendent.