Chaque samedi, un financier différent répond à nos questions. Il donne sa lecture des marchés, offre son point de vue sur la Bourse et lance quelques conseils d'investissement. Cette semaine, Robert Auger, du Groupe-conseil Aon.

À votre avis, quel est l'événement le plus significatif des derniers jours à la Bourse ?

La banque centrale d'Australie a fait passer son taux de financement de 3 % à 3,25 %. L'Australie est le premier pays du G20 à augmenter son taux d'intérêt depuis le début de la récession. C'est étonnant ! Les banques centrales, y compris la Banque du Canada, doivent garder les taux d'intérêt faibles pour encourager la reprise économique. Retarder un peu la remontée des taux n'est pas si grave : cela risque seulement de créer un peu d'inflation. Il est beaucoup plus dangereux de les remonter trop vite.

Quel indicateur surveillez-vous le plus attentivement en ce moment ?

La confiance des consommateurs et la croissance des profits. Toute déception du côté des profits pourrait entraîner une bonne correction boursière. La question est de savoir qu'est-ce qui pourrait soutenir, à moyen terme, la croissance économique. Les moteurs du marché boursier haussier de 2003 à 2007 avaient été les consommateurs américains, avec un fort taux d'endettement et une forte progression du marché immobilier. Quel est le nouveau vrai moteur de l'économie mondiale ? Je n'en vois pas à court terme. Cela peut prendre encore quatre ans avant qu'on le trouve. La Chine sera un jour un moteur important, mais à court terme, cela est moins évident. Les dépenses des gouvernements en infrastructures sont un autre moteur, mais il prendra du temps avant de démarrer. La meilleure façon de survivre à des périodes volatiles est d'investir graduellement dans un portefeuille où le risque est bien diversifié grâce à plusieurs catégories d'actifs (actions, obligations, matières premières), puis de le rééquilibrer régulièrement en réinvestissant lorsqu'un actif baisse, et en vendant lorsqu'un actif monte.

Depuis l'apparition des fonds négociés en Bourse, les particuliers possèdent des outils de placements faciles et efficaces pour s'exposer à divers marchés afin de composer un portefeuille bien diversifié à faible coût. Avez-vous pensé à mettre 5000 $ dans un CELI ?

Quel placement évitez-vous à tout prix ?

La pire erreur que bien des gens ont faite est de se réfugier en fonds de marché monétaire au début de 2009 après avoir subi une perte importante en actions. Les rendements de ces fonds sont très bas. Les certificats de dépôt sont relativement plus avantageux, même avec leurs faibles taux. Par ailleurs, il faut aussi éviter de courir après les actifs qui ont monté en flèche récemment, et plutôt attendre un léger repli pour entrer dans ces placements intéressants.

Qu'est-ce que les marchés sous-estiment le plus présentement ?

Nous sommes dans un marché boursier séculaire à la baisse qui a commencé au début des années 2000 et qui va se poursuivre encore trois ou quatre ans. Les investisseurs qui n'ont pas vécu les années 70 oublient que le dernier marché séculaire à la baisse s'est étendu de 1967 à 1980, avec de très grandes fluctuations des marchés.

Fort de 25 ans d'expérience en gestion de portefeuilles, Robert Auger agit à titre de conseiller principal en gestion de placements au sein du Groupe-conseil Aon. Il se spécialise entre autres dans la répartition d'actifs et la gestion du risque.