Jean-Claude, âgé de 72 ans, a pris sa retraite il y a 12 ans. À 60 ans, ce célibataire possédait un REER d'une valeur de 300 000$, dont il prévoyait tirer une part importante de ses revenus de retraite.

Le facteur lui a livré ce matin le relevé de son FERR. Il s'est étouffé avec son café quand il s'est aperçu que son solde, qui aurait dû à son âge, selon son plan original, s'élever à 235 000$, n'était en fait que de 145 000$.

 

Il y a 12 ans, il avait pourtant fait de minutieuses projections. Il avait posé l'hypothèse d'un rendement annuel de 7% sur ses investissements et d'une inflation annuelle de 2%. Il avait supposé alors que ses épargnes s'épuiseraient à 85 ans, sachant que l'espérance de vie des hommes de 60 ans est de 24 ans. Compte tenu de la rente de la RRQ et des prestations de la sécurité de la vieillesse, ses calculs lui accordaient un revenu annuel brut indexé de 29 500$ par année.

Ce scénario fictif a été élaboré par le planificateur et actuaire Martin Dupras, vice président d'Aon Conseil.

Jean-Claude a commis trois erreurs, indique-t-il. Il a surestimé le rendement projeté. Il a fait correspondre la durée de vie de son capital à sa propre espérance de vie. Et, enfin, il a conservé la même hypothèse de rendement pour toute la durée de la projection, malgré la plus grande sensibilité au risque qui se révèle souvent avec l'âge.

«L'effet combiné de ces trois erreurs, amplifié il est vrai par la crise actuelle, a eu un impact dévastateur sur la retraite de Jean-Claude, commente M. Dupras. Il a en quelque sorte vécu au-dessus de ses moyens sans le savoir.»

Néanmoins, précise M. Dupras, des hypothèses plus prudentes n'auraient pas entièrement préservé Jean-Claude de la récente débandade boursière.

Les normes 2009 de l'IQPF auraient prévu une inflation annuelle de 2,25%. Avec un portefeuille équilibré, Jean-Claude aurait utilisé un rendement de 5% de 60 à 70 ans, de 4,25% de 70 à 80 ans et de 3,5% ensuite. L'épuisement du capital aurait été fixé à 91 ans. Dans ces conditions, il aurait pu maintenir un revenu brut indexé de 22 500$.

Pour les années de retraite qui lui restent, repartons du bon pied avec les normes de l'IQPF. Les tables de mortalité montrent que, à 72 ans, Jean-Claude a 25% de chances d'atteindre 92 ans. Pour que son FEER de 145 000$ s'épuise à cette échéance, il ne pourra en tirer que 8100$ par année, plutôt que 24 300$ selon son plan original. Mince consolation: «À ce niveau-là, conclut Martin Dupras, il aura probablement droit à une faible portion du supplément du revenu garanti.»