(Calgary) Les Canadiens qui prendront la route pour la longue fin de semaine du 1er juillet trouveront que faire le plein à la pompe est beaucoup moins traumatisant que l’an dernier à la même époque.

Le prix national moyen de l’essence a atteint un sommet record — dépassant le cap des 2,10 $ le litre — le 12 juin l’an dernier, alors que les retombées de l’invasion russe de l’Ukraine ont perturbé les marchés mondiaux de l’énergie.

Les prix avaient à peine baissé au moment où les Canadiens se préparaient pour leur voyage de camping de la fête du Canada ou leur visite au chalet. Le 28 juin 2022, le prix national moyen de l’essence dépassait 2,05 $ le litre, selon les données de Ressources naturelles Canada.

Cette année, à l’approche du long week-end du début de juillet, les prix à la pompe sont inférieurs de près de 22 % à ceux de l’an dernier. Le site web de suivi des prix GasBuddy.com a fixé mercredi le prix de détail national moyen de l’essence à 1,59 $ le litre. Les résidants de la Colombie-Britannique étaient ceux qui payaient leur essence le plus cher, tandis que ceux de l’Alberta profitaient des prix les moins élevés.

« Les prix ont baissé depuis le premier semestre de l’année dernière pour diverses raisons, notamment la diminution (mais pas la disparition) des inquiétudes concernant les perturbations de l’approvisionnement attribuables à l’invasion russe de l’Ukraine et le ralentissement de la croissance économique mondiale », a écrit ATB Financial dans une infolettre envoyée mercredi.

Le prix de référence du baril de pétrole brut West Texas Intermediate (WTI) est actuellement sur la bonne voie pour se situer en moyenne autour de 70 $ US pour le mois de juin, ce qui est proche du niveau où les prix se situaient il y a deux ans, avant la guerre en Ukraine.

Le prix moyen du WTI pour les six premiers mois de 2023 devrait se situer autour de 75 $ US le baril, contre plus de 100 $ US le baril au cours de la même période en 2022, a écrit ATB Financial.

Les prix actuels du pétrole brut demeurent au-dessus de la moyenne quinquennale d’environ 53 $ US le baril, mais la baisse d’une année à l’autre a apporté un certain soulagement aux Canadiens.

Selon les Services économiques TD, la baisse des prix du carburant à la pompe a été le principal facteur expliquant le ralentissement de l’inflation annuelle des prix à la consommation à 3,4 % en mai, son plus faible niveau au pays en près de deux ans.

Une hausse probable tout au long de l’été

Mais on ne sait pas combien de temps la baisse des prix de l’essence peut durer. Vijay Muralidharan, analyste énergétique et directeur général de R Cube Consulting, a indiqué s’attendre à ce que les prix augmentent tout au long de l’été, alors que les raffineurs et les fournisseurs commencent à répercuter les coûts liés à la nouvelle norme fédérale sur les combustibles propres, qui entrera en vigueur le 1er juillet.

Bien que les raffineurs aient une année entière pour se conformer aux nouvelles règles, qui visent à limiter l’intensité en carbone des carburants vendus au Canada, M. Muralidharan a dit croire que les consommateurs en ressentiraient les effets le plus tôt possible.

Même si la norme sur les combustibles propres n’est pas une taxe à la consommation, elle obligera les entreprises qui produisent ou importent du carburant à réduire progressivement l’intensité des émissions de ce processus de 15 % par rapport aux niveaux de 2016 d’ici 2030.

Les entreprises peuvent y parvenir en mélangeant un pourcentage plus élevé d’éthanol ou de biocarburants à leur essence, en réduisant les émissions de leur raffinerie grâce à la capture et au stockage du carbone ou à une autre technologie, ou en achetant des crédits à d’autres entreprises qui ont un profil d’émissions plus faible.

« Ce ne sera pas une mince tâche. Et ce coût finira par être répercuté sur le consommateur », a prévenu M. Muralidharan, ajoutant qu’il pensait que l’impact de la norme sur les combustibles propres contrebalancerait toute baisse des prix qui pourrait résulter d’un potentiel ralentissement de l’économie mondiale.

« Je pense qu’il y aura au moins, au moins (une augmentation cet été de) trois à quatre cents le litre. À moins que quelque chose de catastrophique ne se produise sur le marché, nous verrons une augmentation des prix de l’essence et du diesel. »

Selon les propres estimations du gouvernement fédéral, la réglementation sur les normes de combustibles propres fera grimper le prix de l’essence d’un maximum de 17 cents le litre en 2030.