Les investisseurs ont salué avec enthousiasme vendredi le retour du cofondateur de Gildan, Glenn Chamandy, à la tête du fabricant montréalais de vêtements alors que la Caisse de dépôt soutient que son offre d’investir 200 millions dans l’entreprise demeure sur la table à certaines conditions.

L’action de Gildan s’est appréciée de 5 % au cours de la dernière séance de la semaine pour clôturer à 51,41 $ à Toronto. Cette hausse laisse croire que le retour de Glenn Chamandy n’était vraisemblablement pas encore pleinement anticipé ou escompté dans le cours boursier.

Les investisseurs réagissaient vendredi à la démission en bloc la veille au soir des membres du conseil d’administration de Gildan et au départ de Vince Tyra qui a quitté ses fonctions de PDG. Ces décisions mettent un terme à l’une des plus grandes batailles de procuration jamais menées au pays.

Une longue saga avait débuté deux semaines avant Noël après que le congédiement surprise de Glenn Chamandy pour des raisons de stratégie et de succession eut provoqué le mécontentement de plusieurs actionnaires institutionnels.

La firme d’investissement américaine Browning West est finalement parvenue à rallier suffisamment d’appuis pour amener les membres du conseil d’administration sortant de Gildan à s’incliner et permettre de renverser le licenciement de Glenn Chamandy.

Le retour de Glenn Chamandy au poste de PDG est la meilleure solution pour tout le monde.

Martin Landry, analyste de la firme Stifel/GMP

« Il ne s’agit pas d’une surprise totale », estime Martin Landry, analyste de la firme Stifel/GMP, dans une note publiée vendredi.

À son avis, le soutien des principales agences de conseil de vote (ISS, Glass Lewis et Egan-Jones) a été le point de bascule signalant que Browning West allait réussir.

Dès le départ, souligne-t-il, Vince Tyra et le conseil d’administration sortant ont bénéficié d’un soutien limité. « Les actionnaires ont été étonnés de constater que Vince Tyra était le meilleur candidat disponible, compte tenu de son expertise limitée en matière de fabrication et de son expérience limitée comme dirigeant d’une entreprise cotée en Bourse. »

Signal positif fort

Martin Landry croit que deux éléments en particulier ont le potentiel pour propulser le titre de Gildan à court terme : l’achat d’actions de Gildan par Glenn Chamandy et le rachat d’actions par Gildan à des fins d’annulation.

Si M. Chamandy devait racheter les actions qu’il a vendues en décembre, il enverrait un signal positif fort, dit-il.

« Bien que je comprenne parfaitement pourquoi Glenn Chamandy a vendu ses actions de Gildan, cela a néanmoins causé une certaine irritation chez les actionnaires. »

Martin Landry rappelle qu’une portion du plan stratégique présenté ce printemps par Browning West consiste à augmenter l’effet de levier et à utiliser des liquidités pour racheter des actions. Gildan pourrait débloquer environ 700 millions de dollars pour racheter des actions, selon les calculs de Martin Landry.

« Cela représenterait 19 millions d’actions en supposant un prix d’achat de 36 $ US ou 11 % des actions en circulation. »

Entente avec la Caisse

La Caisse de dépôt et placement du Québec s’est insérée dans le dossier au début mai en évoquant son intention d’investir 200 millions dans Gildan et en appuyant par le fait même le conseil d’administration sortant ainsi que le désormais ex-PDG Vince Tyra.

L’ancienne administration de Gildan s’était entendue pour émettre pour 200 millions de dollars de billets de premier rang non garantis à la Caisse dans le cadre d’un placement privé.

Pour parvenir à cette entente avec la Caisse, Gildan a convenu de maintenir une direction locale « solide » et son siège social mondial au Québec pour au moins sept ans, en plus de s’engager à payer l’impôt minimum mondial qui s’élève à 15 %. La clôture de la transaction n’est toutefois prévue qu’en juin.

La Caisse a indiqué à La Presse vendredi que malgré le changement d’administration annoncé jeudi soir, elle pourrait toujours agir comme prêteur et redevenir actionnaire de Gildan dans la mesure où les conditions sur la fiscalité équitable et la présence au Québec seront remplies.

La décision de la Caisse de vouloir investir à nouveau dans Gildan arrive deux ans après que le plus important investisseur institutionnel du Québec eut perdu patience et vendu toutes ses actions de Gildan parce que l’entreprise ne payait pas à ses yeux sa juste part d’impôt.

Gildan avait dit au début mai vouloir utiliser l’argent récolté auprès de la Caisse pour financer son programme de rachat d’actions ordinaires et rembourser une tranche de sa dette arrivant à échéance.

Il n’a pas été possible de parler à Glenn Chamandy ou à un représentant de Gildan vendredi. Les actionnaires de Gildan ont toujours rendez-vous mardi matin pour participer à leur assemblée annuelle.