Deux tours jumelles de près de 200 mètres devraient voir le jour au-dessus de la gare Centrale de Montréal, dans un secteur en développement rapide, a appris La Presse.

La Ville de Montréal a récemment pu se pencher sur des images du projet, qui comprendrait également un réaménagement complet de l’accès à la gare, ainsi que l’aménagement d’un espace vert.

« Ce projet particulier est en cours d’analyse pour assurer une intégration harmonieuse et nous le commenterons une fois que le processus sera complété », a indiqué le cabinet de Valérie Plante, jeudi, par écrit. « Notre administration déploie plusieurs efforts pour faciliter la construction partout à Montréal. »

« Nous ne commentons pas les rumeurs du marché concernant nos projets et nos investissements futurs », a indiqué Sandra Lécuyer, porte-parole de Cominar. Le fonds de placement immobilier est propriétaire de la gare Centrale de Montréal depuis 2012. Il s’agit de la plus importante propriété de son portefeuille.

Cominar brasse des projets de développement pour la gare Centrale depuis des années.

En décembre 2023, le grand patron de l’entreprise indiquait que ses actifs étaient « toutes des propriétés qui permettent de développer des communautés à usage mixte où vont se côtoyer commerces, bureaux et immeubles résidentiels ».

En 2019, le fonds de placement estimait qu’environ 1800 logements pourraient être bâtis en hauteur sur le site. Cominar diffusait même des rendus architecturaux montrant trois projets de tours de hauteurs différentes.

IMAGE FOURNIE PAR COMINAR

Le projet de la gare Centrale présenté en 2019 par Cominar

« La gare Centrale est un actif au potentiel extraordinaire », disait alors Marie-Andrée Boutin, cheffe du développement et de l’exploitation.

La même année, deux conseillers étaient chargés d’étudier les stratégies susceptibles de maximiser la valeur de la gare Centrale. Celui qui était alors le grand patron de Cominar, Sylvain Cossette, promettait des résultats pour 2020. Depuis, rien n’a filtré.

50 millions de passages

La gare Centrale de Montréal a été inaugurée en 1943, en pleine Seconde Guerre mondiale. L’édifice est de style Art déco, mais sa façade donnant sur la rue De La Gauchetière est complètement cachée par un stationnement étagé.

  • La gare Centrale de Montréal, sans le stationnement étagé qui défigure sa façade

    PHOTO ARCHIVES LA PRESSE

    La gare Centrale de Montréal, sans le stationnement étagé qui défigure sa façade

  • La gare Centrale, en 1955

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    La gare Centrale, en 1955

  • En 1943, la nouvelle gare Centrale du Canadien National à Montréal

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    En 1943, la nouvelle gare Centrale du Canadien National à Montréal

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Le bâtiment est classé par le gouvernement fédéral, ce qui pourrait compliquer la tâche de développement de Cominar.

« La conception moderne de cette gare a marqué un tournant dans l’architecture des gares ferroviaires canadiennes », indique l’énoncé patrimonial. « La gare fait usage de matériaux et de détails modernes et sa planification est exemplaire quant à sa simplicité et sa fonctionnalité. »

Malgré le déclin du transport ferroviaire au fil du XXsiècle, la gare Centrale demeure un important carrefour pour le centre-ville avec une connexion au métro, au REM, aux trains de VIA Rail et au Montréal souterrain. En 2019, Cominar comptait 50 millions de passages par année dans le complexe.

Développement rapide

S’il voit le jour, le projet de tours jumelles viendra s’ajouter à un développement rapide de ce secteur du centre-ville de Montréal, jusqu’à récemment peu invitant.

La Presse rapportait ce printemps que la Ville de Montréal avait donné son premier feu vert au promoteur Broccolini en vue de l’érection d’une tour de près de 200 mètres sur l’ancien terminus d’autobus Mansfield. Ce terrain, le 900, rue Saint-Antoine, est situé à quelques encablures de la gare Centrale. Environ 664 logements pourraient y être intégrés.

Une tour de la même taille est déjà en construction juste de l’autre côté de la rue, au 900, rue Saint-Jacques. Elle devrait comprendre plus de 600 logements, ainsi qu’un hôtel de l’enseigne Moxy comptant 200 chambres.

Sur le boulevard Robert-Bourassa ou à proximité, le Duke (25 étages), le nouveau siège social de la Banque Nationale (40 étages), le Victoria sur le Parc (58 étages) et l’Odéa (26 étages) sont tous sortis de terre dans les trois dernières années.

Tous ces développements devraient être desservis par la future station Griffintown – Bernard-Landry du REM. Celle-ci devrait être construite d’ici 2027, selon CDPQ Infra.