Même si elle s'est faite passablement plus discrète depuis sa fusion avec la Bourse de Toronto - dans ce qui est devenu, depuis 2008, le Toronto Montreal Exchange (TMX) -, la Bourse de Montréal est toujours bien en vie et célèbre même cette année le 140e anniversaire de sa fondation. Vieille, peut-être, mais hautement performante, la Bourse des produits dérivés.

Lorsque la Bourse de Montréal a fusionné ses activités avec le Toronto Stock Exchange, les activités de produits dérivés représentaient 15 % du volume d'affaires de la nouvelle TMX.

Aujourd'hui, la Bourse de Montréal compte pour 22 % des revenus du TMX et ce pourcentage atteignait même 25 % avant que le TMX ne fasse l'acquisition, l'an dernier, de la Caisse canadienne de dépôt de valeurs (CDS).

« Depuis 2009, on a doublé le volume de nos transactions et on est toujours en croissance », souligne Alain Miquelon, le PDG de l'institution financière qui célèbre cette année ses 140 ans d'existence. En 1874, la Bourse de Montréal devenait officiellement la première Bourse au Canada.

Depuis la sortie de crise financière de 2009, la Bourse de Montréal enregistre donc, année après année, de nouveaux records de transactions.

L'an dernier, 66,2 millions d'unités de contrats à terme ont été enregistrés, en hausse de 3 % sur l'année précédente. La Bourse de Toronto a encaissé une baisse de 5,6 % de ses transactions durant la même année.

Visiblement, il semble que la Bourse de Montréal ne soit pas en voie de renverser sa séquence haussière pour l'année en cours.

Le 24 février dernier, l'institution a réalisé un nouveau record de volume global de transactions de 758 731 contrats négociés, éclipsant la précédente marque de 710 657 contrats négociés, le 15 février 2013.

À la fin du mois de février, la Bourse de Montréal affichait une hausse de 7 % de son volume de transactions par rapport à l'an dernier. Une constance qu'Alain Miquelon attribue au développement de nouveaux produits qu'elle poursuit sans cesse.

« On développe continuellement nos activités de base, soit les produits dérivés sur les taux d'intérêt à court terme, à long terme et sur les indices, ainsi que les options sur actions.

« Mais on a pris au cours des dernières années une expansion internationale qui se traduit dans nos volumes de transactions et, il faut aussi le souligner, les marchés sont meilleurs depuis quelques années », constate le PDG de la Bourse de Montréal.

Marchés et réseau international

En effet, les marchés ont été beaucoup plus productifs au cours des dernières années. À un point tel que l'indice de volatilité des marchés boursiers est tombé si bas en 2013 que la Bourse des produits dérivés a enregistré pour la première fois, depuis 2001, une baisse du volume de transactions d'options sur actions.

« Les produits dérivés servent avant tout à la gestion du risque et elle a été moins active l'an dernier sur les marchés boursiers. Mais depuis trois, quatre mois, on voit qu'il y a un peu de nervosité qui est revenue puisqu'on réalise davantage de transactions d'options sur actions », observe le gestionnaire.

Inversement, les produits dérivés sur les obligations et les taux d'intérêt ont été en forte hausse au cours de la dernière année.

La percée à l'internationale reste toutefois l'élément-clé qui explique une bonne partie de l'expansion des volumes de transactions.

« On a développé des produits standards canadiens pour les offrir sur les canaux de distribution à l'extérieur du pays. C'est un marché en croissance.

« Aujourd'hui, 30 % de la dette canadienne est détenue à l'étranger, alors que c'était seulement 15 % il y a cinq ans. On réalise beaucoup de contrats pour les banques centrales étrangères », explique Alain Miquelon.

En 2007, les revenus internationaux représentaient 30 % des revenus de la Bourse de Montréal. Ils totalisent maintenant 50 % de son volume d'affaires, et Alain Miquelon est d'avis que ce pourcentage pourrait éventuellement augmenter jusqu'à 70 %.

« La Banque du Canada a désigné la Bourse de Montréal comme étant une institution «d'importance systémique» pour le bon fonctionnement des marchés financiers. On est sans arrêt au coeur de multiples transactions d'importance », souligne le PDG.

Ainsi, la Bourse de Montréal a commencé à s'occuper récemment des activités de financement interbancaire. Chaque jour, les banques se prêtent entre elles quelque 15 milliards pour répondre à leurs besoins de liquidités et c'est la Bourse de Montréal qui est la contrepartie de chacune des transactions réalisées.

La Bourse de Montréal n'abrite plus son parquet de transaction d'actions, au coeur duquel s'animaient chaque jour les mainteneurs de marché et les exécutants des ordres d'achat et de vente d'actions à la criée.

La vaste pièce centrale de la Tour de la Bourse a été transformée en parquet d'opération où une centaine de spécialistes des technologies de l'information s'activent à maintenir la fluidité des milliers d'opérations qui s'effectuent chaque minute.

L'endroit a été baptisé la salle Luc-Bertrand en l'honneur de l'ex-PDG de la Bourse des produits dérivés qui a orchestré la spécialisation de l'institution montréalaise et sa fusion au TSX.

« Il y a 225 personnes qui travaillent ici et nous allons avoir prochainement des employés qui vont développer les marchés étrangers à partir de New York, Chicago, Londres et Singapour », explique Alain Miquelon, qui confirme de ce fait que l'expansion internationale de la Bourse de Montréal se poursuit toujours.