La banque centrale des États-Unis réunit mardi son comité de politique monétaire (FOMC) à un moment où les investisseurs ont les yeux tournés vers elle, en quête d'un peu de réconfort après une série de déconvenues pour la première économie mondiale.

L'exercice devrait être délicat pour la Fed. Dans un communiqué attendu mardi à 14h15, elle doit regonfler le moral des investisseurs et entrepreneurs en choisissant des termes acceptables pour les ennemis de l'inflation.

La décision vendredi de l'agence d'évaluation Standard and Poor's de priver les États-Unis de leur note «AAA» a encore compliqué la tâche, provoquant l'incertitude sur les marchés financiers.

Dans leurs rares apparitions publiques des trois dernières semaines, les dirigeants de la Fed ont envoyé des signaux pointant vers un maintien, à l'issue de cette réunion d'une journée, de la politique monétaire actuelle: taux d'intérêt directeur proche de zéro et stabilité du soutien en liquidités à l'économie.

«Wait and see» (attendre et voir), résumait fin juillet le président de la Fed d'Atlanta (Sud-Est) Dennis Lockhart, plutôt positionné au centre du comité de politique monétaire.

L'homme qui donne l'impulsion, le président de la Fed Ben Bernanke, ne s'est pas exprimé depuis la mi-juillet. À l'époque il se disait prêt aussi bien à réagir à une dégradation de la conjoncture qu'à une poussée inflationniste.

«Nous devons parer à toute éventualité. Nous ne savons pas dans quel sens va aller l'économie», expliquait-il aux parlementaires.

Depuis cette date, elle s'est révélée plus faible qu'on ne croyait. Le gouvernement a publié fin juillet des chiffres montrant que la croissance était tombée sous les 1% en rythme annuel au premier semestre. Et les mesures de l'activité en juillet ont globalement confirmé ce coup de mou.

Selon Tony Fratto, consultant économique chez Hamilton Place Strategies, «compte tenu du flot constant d'indicateurs économiques faibles, on peut prévoir que le FOMC discutera au moins d'un nouveau cycle d'assouplissement quantitatif», à savoir une injection de liquidités dans le système financier.

Traditionnellement, la teneur de ce type de discussion n'apparaît pas dans le communiqué final. Les débats sur les conséquences de la décision de S&P ont peu de chances également d'y trouver une place.

Parmi les dix votants du FOMC, deux sont des adversaires déclarés à l'idée de nouvelles mesures de relance monétaire: Richard Fisher (Dallas) et Charles Plosser (Philadelphie). Un troisième se dit focalisé sur l'inflation: Narayana Kocherlakota (Minneapolis).

Ces partisans de l'attentisme devraient s'estimer confortés par les derniers chiffres du chômage, en baisse en juillet (9,1%), et de l'inflation, toujours supérieure aux objectifs de la Fed en prenant en compte énergie et alimentation (2,6%), mais plus raisonnable en les excluant (1,3%).

Sans toucher à sa politique, la Fed a d'autres possibilités.

Joel Naroff, de Naroff Economic Advisors, affirme qu'elle pourrait se dire «prête à garder des taux bas pendant une période encore plus longue que prévu». Geoffrey Kendrick, de la maison de courtage Nomura, imagine un «engagement à maintenir la taille du bilan de la Fed», à savoir le montant des actifs achetés aux banques pour stimuler le crédit.