Le chef du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), Sylvain Caron, qui quittera ses fonctions le 22 avril, laisse son organisation « en ordre ». Mais le principal intéressé admet tout de même avoir eu des « problèmes de communication » avec l’administration Plante au cours de son mandat.

« Je tiens à dire qu’il laisse un service de police qui est en ordre et qui est prêt à continuer de s’adapter, parce que le contexte nous le demande, parce que la société nous le demande. Ça me rassure énormément comme mairesse », a indiqué Valérie Plante en conférence de presse, mardi.

À ses côtés, Sylvain Caron, émotif, a réitéré que sa décision était « personnelle » et « mûrement réfléchie après des années assez intenses », mais qu’elle n’était pas liée à un dossier particulier. « Je quitte avec le sentiment du devoir accompli et avec la tête pleine de beaux souvenirs. Je laisse une organisation en santé », a-t-il aussi affirmé, en remerciant ses proches.

Lundi, en entrevue avec La Presse, M. Caron avait soutenu que ses trois années à la tête du SPVM avaient été « un feu roulant », l’accumulation de plusieurs facteurs l’incitant à prendre sa retraite pour des raisons personnelles, avant la fin de son mandat.

Pendant son mandat, Sylvain Caron a entre autres vécu deux ans de pandémie, une situation qui a « ralenti » certains de ses projets, avoue-t-il. Mais pendant son règne, Montréal a aussi connu une hausse dramatique du nombre de fusillades, l’affaire Camara, ainsi que plusieurs débats importants sur le racisme systémique, le profilage racial, la santé mentale, les sans-abri et le définancement de la police, en plus de l’adoption d’une nouvelle politique d’interpellation et d’un projet avorté de fusion de postes de quartier.

Des « problèmes de communication »

Sylvain Caron avoue d’ailleurs avoir vécu certains « problèmes de communication » avec la Ville au cours de son mandat, mais soutient dans la foulée que la situation s’est « régularisée » avec le temps.

« Il y a un mur entre la politique et les opérations policières, alors peut-être qu’il y a un manque d’expérience de ma part qui est arrivé. On communique peu d’informations en lien avec nos opérations. […] Mais on a régularisé la situation, on s’est parlé, autant avec la mairesse qu’avec la direction générale, et on a trouvé un moyen d’améliorer la situation », a soutenu le chef sortant.

La mairesse Plante, elle, a soutenu avoir « trouvé un équilibre » et une « façon de travailler » avec la police montréalaise qui est « efficace » et qu’elle voudra continuer d’appliquer à l’avenir.

« Des questions se posent »

Même si le chef Caron assure qu’il part pour des raisons personnelles, « des questions se posent » au sujet de son départ, selon Aref Salem, chef de l’opposition à l’hôtel de ville.

« En janvier 2020, il avait présenté un plan, mais il n’a pas pu le mettre en place. Il dirigeait un service de police où il manquait beaucoup d’outils », déplore M. Salem, en faisant référence à l’embauche attendue de 250 policiers supplémentaires et à une restructuration des postes de police proposée par Sylvain Caron.

C’est lundi prochain que le processus de sélection du prochain chef ou de la prochaine cheffe du SPVM sera lancé, avec un affichage public. En mai, le comité de sélection – composé de représentants de l’opposition et des villes liées – fera un choix. Cette décision devra ensuite être entérinée par le comité exécutif de la Ville, la Commission de la sécurité publique et le gouvernement du Québec. Un intérim devrait être assuré entre le 22 avril et la nomination du successeur de M. Caron, qui devrait survenir d’ici l’été.

Dans les derniers mois, certains organismes, dont la Ligue des Noirs, ont réclamé que la Ville revoie son processus de sélection du chef de police afin de représenter davantage la population et de lutter contre le profilage. « La société change et tout le monde doit s’adapter. Et ça inclut Montréal. […] Alors oui, ça fera partie tout naturellement des critères ou des éléments qu’on va vouloir mettre en valeur », a indiqué Mme Plante à ce sujet, en parlant des minorités visibles.

Surpris par le départ de Martin Prud’homme, qu’il aurait voulu voir rester à la tête du SPVM, Sylvain Caron est devenu directeur du service sans trop s’y être préparé en décembre 2018. Son mandat devait être de cinq ans et prendre fin en décembre 2023. Il dit avoir demandé un mandat de trois ans plutôt que cinq, mais que cela lui a été refusé.

Avec Daniel Renaud et Isabelle Ducas, La Presse