Les maires du Grand Montréal se sont fait recommander de fusionner les opérateurs de transport en commun de la région afin de réaliser des économies conséquentes, a appris La Presse.

Les usagers gagneraient à voir toutes les lignes d’autobus de la métropole et de sa banlieue gérées par la même entité, selon un rapport commandé à la firme Raymond Chabot Grant Thornton (RCGT). Même portrait pour les modes lourds comme le métro, qui devraient être confiés à une seconde société.

Une telle réorganisation permettrait de « dégager des bénéfices rapidement et de mieux gérer le changement », croit RCGT. La division actuelle par villes « entraîne une allocation inefficace du financement », ajoute le document, qui pointe « un dysfonctionnement dans l’appareil du transport collectif ». Le rapport, daté d’avril, est encore en analyse par l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM). C’est à sa demande que le document a été préparé.

Le document recommande aussi des optimisations à moyen terme, comme la mutualisation des garages et des services à la clientèle, ainsi que la transformation de certains passages d’autobus en service à la demande. À la clé : des économies annuelles estimées à 250 millions.

Les maires prêts à « explorer toutes les possibilités »

Ces scénarios risquent d’être évoqués dans une rencontre au sommet prévue ce vendredi entre la ministre des Transports et les principaux maires du Grand Montréal. Selon nos informations, les élus municipaux s’engageront à prendre la voie des réformes de gouvernance et de gestion, mais demanderont aussi un financement transitoire à Geneviève Guilbault.

« Des ressources financières devront être consacrées à la mise en œuvre des recommandations », souligne d’ailleurs le rapport de RCGT.

En effet, les bénéfices récurrents attendus à long terme surpasseront les coûts initiaux de mise en place, qui eux sont ponctuels.

Extrait du rapport de Raymond Chabot Grant Thornton

Des changements législatifs devraient aussi être demandés à Québec afin de permettre des réformes en profondeur.

La Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), notamment dirigée par les maires de Montréal, Laval et Longueuil, a indiqué jeudi que les élus étaient prêts à « explorer toutes les possibilités pour maintenir l’offre de services et même la développer ».

« Est-ce qu’il est possible de faire des économies en optimisant certaines structures ? Fort probablement », a continué la conseillère en communications Catherine Barbeau. « Une fois qu’on a convenu que tout le monde a un rôle à jouer, la vraie question est : comment Québec va jouer son rôle ? »

L’ARTM n’a pas voulu commenter les informations de La Presse.

Jeudi, le premier ministre François Legault a semblé mettre la table pour la rencontre prévue le lendemain en affirmant vouloir faire « la paix » avec les villes, tout en se gardant bien d’annoncer des gestes financiers supplémentaires.

Mi-avril, il avait affirmé que les maires venaient « quêter à Québec » pour renflouer le déficit du transport en commun, plutôt que de faire « le ménage » dans leurs dépenses. Jeudi matin, François Legault s’est fait plus conciliant. « On n’est pas toujours d’accord, mais l’important, c’est qu’on travaille tous pour le même monde », a-t-il dit. « Oublions les guerres de mots. On travaille tous pour les Québécois. »

« Disparités notables »

Parmi les changements à moyen terme proposés par le rapport de RCGT, on compte plusieurs mesures qui pourraient avoir un impact sur les utilisateurs du transport en commun. Aucune décision n’a toutefois été prise pour le moment.

Le document évoque notamment la possibilité d’annuler certains autobus nocturnes très peu fréquentés, qui seraient remplacés par un service à la demande. On recommande aussi d’annuler les dédoublements de ligne, notamment causés par l’interdiction pour les opérateurs de transport en commun de faire monter des passagers à l’extérieur du territoire qui leur est assigné. Un tel changement nécessiterait des changements à la loi.

RCGT évoque des « disparités notables » parmi les opérateurs. Actuellement, la Société de transport de Montréal (STM), la Société de transport de Laval (STL), le Réseau de transport de Longueuil (RTL) et exo font circuler bus, métros et trains sur le territoire.

Certains de leurs services gagneraient à être regroupés en attendant une éventuelle fusion, toujours selon le rapport.

Les garages d’autobus, par exemple, pourraient être partagés, surtout avec l’arrivée des véhicules électriques qui exigent des recharges. Les services « informatique », « administratif » et « à la clientèle » pourraient être mutualisés pour faire des économies.

L’avenir de deux lignes de train de banlieue, celles de Candiac et de Mascouche, devrait aussi faire l’objet d’une réflexion particulière, selon RCGT.