L’Université du Québec à Montréal (UQAM) se tourne à son tour vers les tribunaux pour tenter de faire démanteler des parties du campement propalestinien installé sur la pelouse du Complexe des sciences Pierre-Dansereau. L’établissement a annoncé jeudi le dépôt d’une injonction, comme l’a fait l’Université McGill, en vain, récemment.

« En dépit des demandes répétées de l’UQAM, et malgré la rencontre tenue le 17 mai par le recteur Stéphane Pallage avec des représentantes et représentants du campement, les démarches de l’Université n’ont pas donné les résultats escomptés », indique la direction dans un communiqué.

Selon le rectorat, qui affirme que la décision a été prise afin d’« assurer la santé et la sécurité de la communauté universitaire », les procédures viseront l’émission d’ordonnances d’injonction interlocutoire provisoire, d’injonction interlocutoire et d’injonction permanente.

L’UQAM souhaite ainsi « permettre l’accès, la sortie et la libre circulation aux immeubles », mais aussi « faire cesser tout geste ou comportement entraînant directement ou indirectement la dégradation ou la détérioration des biens », ce qui inclut « le vandalisme, le retrait des biens, le vol de biens, l’altération de biens ou la destruction de biens », note-t-on.

L’annonce de l’UQAM survient moins de deux semaines après le dépôt d’une injonction par l’Université McGill, qui a été refusée par la Cour. Depuis, la direction de l’établissement a annoncé qu’elle en déposerait une nouvelle.

Les derniers jours ont été tendus aux abords du campement baptisé « Université populaire Al-Aqsa », sur les terrains de l’UQAM1. Selon nos informations, les effectifs policiers viennent tout juste d’être doublés autour des lieux, passant d’environ une dizaine à une vingtaine de policiers.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

La tension a monté d’un cran lundi lorsque des manifestants ont temporairement bloqué une intersection dans le secteur de l’avenue du Président-Kennedy et de la rue Saint-Urbain, tout près du quartier général du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). De violents affrontements ont eu lieu entre policiers et manifestants, dont l’interprétation de la séquence des évènements s’oppose.

Pas nécessairement tout le campement

À la différence de McGill, l’UQAM affirme qu’elle ne demande pas nécessairement à la Cour d’« ordonner le démantèlement complet du campement ». Cela dit, « des accès et des sorties de secours des bâtiments de l’Université sont toujours entravés, plusieurs caméras extérieures de protection sont obstruées, et la situation sur le campement et à proximité de celui-ci s’est globalement détériorée », s’inquiète l’établissement.

Qui plus est, le campement « est de plus en plus barricadé, certains matériaux qui y ont été accumulés présentent des risques, des surfaces de certains pavillons ont été vandalisées, notamment par plusieurs graffitis, et des groupes cagoulés y circulent nuit et jour », ajoute-t-on.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Enfin, l’endroit « n’est pas seulement formé d’étudiants de l’UQAM, avec lesquels l’Université pourrait trouver des solutions, mais d’autres personnes ou groupes y sont vraisemblablement installés ».

Dans une déclaration, le recteur Stéphane Pallage a réitéré jeudi que « l’Université n’a pas de liens institutionnels présentement avec des universités israéliennes ». « Nous sommes ouverts à examiner avec nos étudiants d’autres pistes qui pourraient être consensuelles, par exemple l’accueil d’universitaires palestiniens touchés par le conflit, dans le cadre du réseau Scholars at Risk que l’UQAM a rejoint en 2017 », a-t-il dit.

« Je comprends la colère, l’indignation, le désespoir, le deuil des Palestiniens et des Israéliens. La guerre polarise la société. Je ne souhaite pas qu’elle divise notre communauté », a-t-il conclu.

Le cabinet de la mairesse Valérie Plante, lui, a indiqué jeudi que le SPVM « est un corps de police qui a su démontrer, depuis le début du conflit, son professionnalisme et sa capacité à préserver un climat de paix ».

« Tout acte de violence, d’intimidation, de vandalisme ou d’entraves à la libre circulation de la population ne peut être justifié et toléré. Le climat pacifique observé à Montréal depuis le début du conflit ne pourra pas perdurer sur les campus si des actes répréhensibles sont commis. On s’attend à ce qu’un dialogue de bonne foi permette une résolution rapide de la situation », a noté l’attachée de presse Catherine Cadotte.

Au Centre consultatif des relations juives et israéliennes (CIJA), qui s’oppose depuis le début à l’existence de ces campements, la vice-présidente Eta Yudin a offert son soutien à l’UQAM, en affirmant qu’il faut agir rapidement « afin que la loi et l’ordre reviennent au centre-ville de Montréal ».

1. Lisez l’article « Campement propalestinien : La tension monte à l’UQAM »