En pleine crise des transports en commun, l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) multiplie les recours à des consultants privés pour l’aider à accomplir des tâches cruciales, a constaté La Presse.

Le patron de l’organisation admet en utiliser « beaucoup » en ce moment, mais assure que c’est le contexte qui l’exige.

À l’ARTM, ce sont notamment des consultants externes qui consultent les équipes internes afin de déterminer les futurs défis auxquels fera face une agence comme Mobilité Infra Québec.

L’avenir du financement des transports en commun est étudié par un comité consultatif formé par trois consultants payés entre 30 000 et 69 000 $, dont le travail est soutenu par une firme externe.

Une firme externe a même été embauchée pour aider l’organisation à trouver l’autre firme externe qui réfléchirait à l’avenir des transports en commun. Cette partie du mandat a finalement été abandonnée, assure l’ARTM.

Au total, en 2023, 34 mandats d’« accompagnement » de plus de 25 000 $ ont été accordés, sans compter ceux en « service-conseil ». Quatre contrats « sont liés à des besoins d’affaires publiques », a précisé l’organisation. L’ARTM compte environ 120 employés. La Presse avait d’ailleurs déjà rapporté l’an dernier que l’organisation publique utilisait des consultants privés comme intermédiaires dans ses relations avec l’État québécois1.

« Il y en a beaucoup »

En entrevue, le patron de l’ARTM admet que son organisation a souvent eu recours à de l’aide externe dans les derniers mois.

« Dans la transformation actuelle, il y en a beaucoup », a reconnu le directeur général Benoît Gendron. « Compte tenu des mandats qu’on nous demande dans le contexte, on n’a pas le choix de faire appel à des consultants externes. »

« On est une boîte plus stratégique qu’opérationnelle, a ajouté M. Gendron. Alors, évidemment, on a à être alimentés d’un point de vue stratégique et présentement, il y a des défis de taille liés à l’ARTM. »

Il a ajouté que dans la foulée d’un rapport gouvernemental très critique, rendu en 2022, les cordons de la bourse de l’ARTM avaient été resserrés.

« À l’heure actuelle, je suis contraint de respecter une croissance de la masse salariale de 2 % », a-t-il indiqué.

On me demande de plus en plus d’études, d’analyses et d’autres éléments pour lesquels je suis obligé d’avoir recours, de temps en temps, à des firmes externes.

Benoît Gendron, directeur général de l’ARTM

Par ailleurs, le recours à des consultants en matière de relations gouvernementales diminue, assure M. Gendron, parce que l’ARTM s’est dotée de sa propre équipe pour gérer ce dossier. Même portrait pour les contrats en matière de communications : des postes vacants dans ce secteur ont récemment été pourvus.

Benoît Gendron a assuré qu’il n’avait pas de crainte quant à l’impact de ce recours aux consultants privés sur la consolidation d’une expertise à l’interne.

À la STM aussi

L’ARTM n’est pas le seul acteur du monde du transport collectif à Montréal à recourir de façon importante aux firmes externes.

En mars, La Presse a mis en lumière le fait que la Société de transport de Montréal (STM) louait les services de centaines d’ingénieurs, d’architectes et d’autres professionnels externes pour travailler dans ses bureaux2, parfois depuis plus de 20 ans en continu pour un même individu. Ces consultants ont une adresse courriel de la STM, occupent parfois des postes de direction et sont invités au party de Noël local.

« On est capables de faire la job et il y a du monde qui fait carrière sans être employé de la STM, alors qu’ils coupent des postes », avait dénoncé le président du syndicat des professionnels de l’organisation, Marc Glogowski.

La STM faisait valoir qu’elle visait « un équilibre » entre ressources externes et employés internes au sein de ses bureaux de projet.

« Le recours à des consultants externes s’avère nécessaire, notamment pour moduler nos besoins de ressources en fonction de la variation de nos plans d’investissement, selon l’avancement des projets, ou encore, par exemple, lorsqu’une expertise très pointue est requise, mais non nécessaire à la STM à long terme », plaidait la porte-parole Anne-Julie Maltais.

1. Lisez l’article « L’ARTM paie des consultants privés pour “convaincre” le gouvernement » 2. Lisez l’article « Société de transport de Montréal : un syndicat dénonce l’omniprésence des consultants »

Qu’est-ce que l’ARTM ?

  • L’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) a été créée en 2016-2017 pour coordonner les transports en commun dans le Grand Montréal.
  • L’organisation doit planifier, organiser et financer tout ce secteur, qui regroupe cinq opérateurs desservant des dizaines de municipalités. En outre, c’est l’ARTM qui détermine les tarifs pour toute la région et qui gère la vente des titres.
  • L’ARTM est la cible de vives critiques depuis sa création, notamment en provenance du gouvernement Legault.