Le premier ministre Stephen Harper a accusé les libéraux, vendredi, d'encourager une récession et de s'attaquer à l'Alberta, au cours de l'une de ses attaques les plus cinglantes depuis le début de la campagne électorale.

M. Harper, qui se trouvait dans le château-fort conservateur de Calgary, au coeur des champs de pétrole de l'Alberta, a conclu une semaine de campagne.«Les autres partis ont manifestement mis une croix sur l'Alberta et ne se gênent pas pour utiliser la province comme bouc émissaire de temps à autre, ce que je trouve malheureux pour notre pays», a estimé M. Harper, devant un public réceptif au Calgary Winter Club.

Le chef conservateur n'a pas précisé s'il faisait référence aux propos d'un candidat du NPD qui a affirmé jeudi qu'il aimerait que l'exploitation des sables bitumineux de l'Alberta soit terminée.

M. Harper en a par la suite rajouté, accusant le chef libéral Stéphane Dion de faire preuve de «l'un des comportements les plus irresponsables (...) jamais vu de la part d'un chef politique canadien».

Il répliquait ainsi aux critiques de M. Dion sur la politique économique des conservateurs et ses impacts sur une économie canadienne au ralenti.

«Certains Canadiens pensent qu'en temps de difficultés économiques, il faut élire un gouvernement de droite - les gouvernements de droite sont censés être de bons gestionnaires économiques selon eux. Mais ce n'est pas vrai», a affirmé le chef libéral vendredi, à Toronto.

«Chaque fois que vous avez des gouvernements conservateurs, l'économie ne va pas bien. En réalité, les temps conservateurs sont des temps difficiles», a-t-il ajouté.

M. Harper a répliqué à son tour, accusant M. Dion «d'essayer de faire baisser la confiance en l'économie canadienne sans fondement - et bien honnêtement se placer en retrait et pratiquement souhaiter qu'il y ait une récession».

Que le chef conservateur reproche à Stéphane Dion de s'en prendre à l'Alberta est d'autant plus étonnant que son parti s'est affairé pendant une bonne partie de la dernière année à médire l'Ontario et ses investissements en matière de climat.

Le ministre des Finances sortant, Jim Flaherty, avait d'ailleurs affirmé que l'Ontario était le «dernier endroit» où une entreprise préoccupée par les taxes investirait. L'ancien leader parlementaire conservateur, Peter Van Loan, a quant à lui traité le premier ministre de l'Ontario de «petit homme de la Confédération» à maintes reprises.

M. Harper se sentait manifestement optimiste, vendredi, encouragé par de nouveaux rapports faisant état de surplus fédéraux de 1,7 milliard $ publiés en juillet et voyant son opposant libéral obligé d'éliminer un autre candidat de sa campagne.

Le chef conservateur, qui évite résolument d'utiliser les termes exacts, a néanmoins continué de suggérer à l'électorat de lui accorder un gouvernement majoritaire le 14 octobre.

«Je dis que nous avons besoin d'un mandat fort, je pourrais dire un mandat plus fort.»

Le chef du NPD avait de mauvais pressentiments, davantage que M. Dion, quant à l'avenir de l'économie canadienne, compte tenu de l'effondrement du marché hypothécaire américain.

«Les signes à surveiller sont de très hauts niveaux d'endettement personnel auxquels font déjà face des Canadiens aujourd'hui même, a prévenu Jack Layton. C'est également ce qui se passait aux États-Unis et ce qui a fait que plusieurs personnes avaient du mal à rembourser leur hypothèque. Puis, rapidement, toute la structure de l'hypothèque a été en difficulté.»