Le Parti libéral du Québec (PLQ), pourtant visé par des allégations de financement illégal, a décidé de ne pas participer à la commission Charbonneau, dont l'un des mandats consiste à examiner les liens possibles entre l'attribution de contrats publics dans la construction et le financement des partis politiques.

Cette abstention tranche avec la demande formelle de statut de participant présentée hier par le Parti québécois et de statut d'intervenant présentée par Québec solidaire - une petite formation qui a déjà fait des recherches sur le financement des partis par les firmes d'ingénieurs et qui a porté plainte à cet égard au Directeur général des élections.

La Coalition avenir Québec (CAQ) n'a pas non plus demandé de participer aux travaux de la commission Charbonneau. Mais la CAQ a une histoire très courte, si bien qu'elle ne risque pas d'être souvent mentionnée au cours des audiences publiques.

«Bien que nous comptions suivre avec beaucoup d'attention l'ensemble des travaux de la Commission, il ne nous paraît pas utile, à ce moment-ci, de demander l'obtention d'un statut de participant ou d'intervenant pour le PLQ», a écrit Karl Blackburn, directeur général du PLQ, dans une lettre adressée à la Commission le 28 mai.

«Toutefois, si la Commission aborde des questions pour lesquelles nous jugeons que notre apport pourrait s'avérer utile et pertinent, nous formulerons au besoin les demandes nécessaires. Cette façon de procéder contribuera, pour notre part, à éviter tout risque de politisation des audiences.»

Cette soudaine pudeur étonne après la participation remarquée du PLQ à la commission Bastarache sur la nomination des juges, à l'automne 2010. L'avocate du parti n'avait pas hésité à intervenir avec force pendant les audiences de cette commission, tout comme l'avocat du premier ministre Jean Charest et l'avocat du gouvernement.

Le Parti libéral du Canada (PLC) avait aussi son représentant à la commission Gomery, qui portait notamment sur le financement du PLC par des firmes qui avaient obtenu des contrats de commandite.

Hier, seul le procureur général a demandé le statut de participant à la commission Charbonneau, afin d'y représenter les intérêts du gouvernement du Québec. Au total, 15 organismes et 6 personnes, dont le maire de Mascouche, Richard Marcotte, ont réclamé un statut d'intervenant ou de participant. Parmi eux: des syndicats, des associations d'entrepreneurs en construction et des ordres professionnels.

Les avocats des organismes ou des personnes qui auront le statut de participant pourront contre-interroger les témoins qui seront appelés à la barre par les procureurs de la Commission. Ils pourront aussi assigner leurs propres témoins. Les intervenants, eux, devront se contenter de suggérer des questions aux procureurs de la Commission.

Hormis le procureur général et le Parti québécois, les organismes qui demandent un statut de participant sont l'Association de la construction du Québec, l'Association des constructeurs de routes et grands travaux du Québec, la FTQ-Construction, le Conseil provincial du Québec des métiers de la construction (international), l'Association professionnelle des ingénieurs du gouvernement du Québec, le Barreau du Québec, Hydro-Québec, le syndic de l'Ordre des ingénieurs du Québec et la Ville de Montréal.

Outre Québec solidaire, les organismes suivants réclament un statut d'intervenant: le Directeur général des élections, l'Ordre des ingénieurs du Québec et l'Union des municipalités du Québec.

La juge Charbonneau fera connaître ses réponses à 14h jeudi, mais il est possible que les motivations des commissaires ne soient diffusées que plus tard. Les témoignages commenceront le lendemain, vendredi, et se poursuivront jusqu'à l'été.

Dans un premier temps, des experts de divers ministères - au premier chef celui des Transports - viendront expliquer le mode d'attribution des contrats publics. Jacques Duchesneau, quant à lui, témoignera du 18 au 22 juin sur le rapport de l'Unité anticollusion, qu'il a signé et qui a mené à la création de la commission Charbonneau.