Après les soubresauts des derniers mois à Laval, une véritable campagne électorale s'amorce le mois prochain. La Presse a proposé aux candidats à la mairie - Robert Bordeleau, Marc Demers et Jean-Claude Gobé - de présenter un lieu significatif pour eux dans cette ville dont ils souhaitent mener le destin. Aujourd'hui, rendez-vous dans l'ancienne carrière Lagacé avec Robert Bordeleau.

Robert Bordeleau se tient à proximité du «trou de Laval», cet immense terrain en friche bordé de falaises, niché derrière le palais de justice. L'endroit est connu comme l'ancienne carrière Lagacé. Bien des projets sont mort-nés dans ce trou de 60 mètres de profondeur: le développement récréotouristique appelé Carré Laval, la construction d'un hippodrome et, plus récemment, la Place Bell, qui sera finalement érigée à un jet de pierre de là.

Avec le prolongement du métro de Montréal vers l'île Jésus, l'endroit est devenu le déversoir des terres excavées. Robert Bordeleau y voit surtout un terreau fertile pour un grand parc entouré d'édifices de prestige. «À Laval, il faut préserver la nature et même en recréer. Ici, il faut construire un beau parc, un peu comme le Centre de la nature, dans l'est de l'île, avec des immeubles tout autour», explique M. Bordeleau en embrassant du regard tout le secteur.

Selon lui, cela pourrait être le tremplin pour créer un véritable centre-ville. D'ailleurs, Laval s'en cherche un depuis des décennies. Au moins

5 propositions ont été faites depuis la fusion des 14 municipalités qui ont formé Laval, le 6 août 1965. Aucune n'a vraiment pris forme, mais Robert Bordeleau s'y attellera, promet-il, en parlant de lui à la troisième personne.

Tour de ville

Puis le chef du Parti au service du citoyen propose de faire un tour de ville, question de pointer ici et là les problèmes, les dérapages, le manque de transparence de l'administration de Gilles Vaillancourt, qu'il combat depuis 20 ans. M. Bordeleau connaît bien chaque coin de rue, les dessous de la construction de cet édifice et de celui situé juste en face, et le réseau de la famille Vaillancourt, qui a propulsé tel ou tel entrepreneur.

Il en parle avec ferveur, mais son discours est aussi émaillé de rancoeur. En effet, il souligne à plusieurs reprises que l'administration Vaillancourt lui «a volé 47 idées» et que le gouvernement du Québec n'a jamais daigné lui envoyer un accusé de réception lorsqu'il dénonçait un projet ou qu'il réclamait la démission du maire. Quant à ses adversaires, il en parle avec une moue dédaigneuse. «Ni Demers ni Gobé est dangereux pour nous: Demers n'est pas éligible et Gobé, qu'est-ce qu'il connaît des dossiers?», lance-t-il en tirant sur sa cigarette. Puis il ajoute, avec des sous-entendus, que lui, il n'est redevable à aucun parti. «Mon seul attachement est aux Lavallois.»

Robert Bordeleau est vraisemblablement persévérant. Après quatre tentatives pour devenir conseiller municipal, il a fondé son propre parti et s'est lancé une première fois à la conquête de la mairie, en 2009. Il a dû se contenter d'une troisième place.

Gilles Vaillancourt et son successeur mis K.-O., M. Bordeleau a bon espoir de l'emporter en novembre, certain que les quelques engagements qu'il a pris jusqu'à maintenant sauront séduire l'électorat.

Il propose entre autres une baisse de taxes de 5% financée à même les surplus budgétaires annuels des dernières années. «En gérant mieux les finances, on est capable de faire des économies. Et il n'y aura plus de ristourne de 2%», souligne-t-il avec un sourire en coin.