Depuis quelques semaines, les militaires de la Base de Bagotville vivent un grand branle-bas avec la réfection de la piste principale 11-29 où se posent et décollent tous les jours les avions de chasse CF-18.

Ce chantier géré par la firme Alfred Boivin, de Chicoutimi, mobilise une quarantaine d'unités de machinerie ainsi qu'une soixantaine de travailleurs de la construction. Il exige un investissement de 17,1 M$ de la Défense nationale et requiert une grande minutie dans l'exécution du travail, selon ce qu'il a été possible de constater à l'occasion d'une visite effectuée cette semaine en compagnie de Marc Tremblay, coordonnateur des marchés chez Construction de Défense Canada.

Cette semaine, l'opérateur d'un immense chargeur sur roues muni de fourches terminait le travail consistant à arracher du sol les dalles de béton de 300 MM d'épaisseur. Longue de 10 000 pieds, la piste 11-29 est large de 150 pieds. Tout ce béton est chargé dans des camions hors route de 50 tonnes avant d'être récupéré et concassé par l'entrepreneur.

À d'autres endroits, des travailleurs manoeuvrant de la machinerie excavent le site de la piste sur environ 300 MM afin d'installer un nouveau matériau granulaire qui permettra de recevoir la couche de béton bitumineux devant recouvrir la piste. D'autres ouvriers sont responsables de l'installation du nouveau système de drainage de la piste et des puisards qu'il requiert.

Interrogé afin de savoir pourquoi le béton de ciment installé en 1974 n'est pas remplacé par ce même matériau, M. Tremblay explique que ce sont des considérations essentiellement économiques qui ont incité la direction de Construction de Défense Canada à choisir le béton bitumineux ou l'asphalte. "Le choix de l'asphalte est dû à des considérations d'ordre monétaire. Il en aurait coûté plusieurs millions $ de plus pour refaire la piste en béton. Nous avons analysé la durabilité versus les coûts. L'asphalte présente l'avantage de mieux se réparer". Seuls les deux bouts de la piste sur une distance d'environ 300 pieds, là où les pilotes sont susceptibles d'effectuer les manoeuvres les plus serrées, seront refaits avec du béton de ciment.

Selon M. Tremblay, la construction d'une piste aérienne destinée à recevoir des avions militaires n'est pas effectuée tout à fait selon les mêmes normes que la construction d'une route. Le climent nordique de la région fait en sorte que l'entrepreneur a l'obligation de compacter les matériaux granulaires à 100 % afin d'assurer une stabilité de la piste en présence de gel. La pose du nouveau revêtement exigera une contrainte énorme à l'entrepreneur général puisque Construction de défense Canada n'accepte qu'une tolérance de 6 mm d'un point d'élévation à un autre de la piste. Pour y arriver, l'entrepreneur installera sur les niveleuses des stations totales, des pièces d'équipements guidées par des satellites d'une très grande précision. "Nous engageons des firmes de laboratoires et des arpenteurs externes qui surveillent la qualité du travail effectué puisque nous exigeons une durée de vie très longue du nouveau revêtement."

L'autre point délicat à surveiller consiste à surveiller de près la qualité des mélanges bitumineux effectués par le fournisseur, CAL de Chicoutimi.

Selon Tremblay, les travaux sont effectués avec des échéanciers serrés. La date du 6 septembre constitue un échéancier important puisque c'est le moment où l'entrepreneur croisera la piste 18-36, laquelle sert actuellement à la poursuite des activités aériennes de la base. Cette journée-là, un certain nombre de CF-18 quitteront Bagotville en direction de Goose Bay pour se livrer à un exercice aérien.

Le coordonnateur ne croit pas qu'il y aura des difficultés puisque l'entrepreneur général possède toute la machinerie requise pour réaliser le projet. Selon lui, aucun retard n'est constaté dans le calendrier planifié. Le projet se terminera à la mi-novembre avec l'installation des systèmes d'éclairage et de balisage lumineux.