Vieillir à domicile est le voeu de plusieurs, mais il sous-tend des présupposés auxquels on ne pense pas toujours. Actuellement, 18 % des personnes âgées sont confinées à demeure ou ont de la difficulté à en sortir. L'accessibilité physique du lieu fait défaut bien souvent.

Construire en mode d'accessibilité universelle dès la première construction d'un logement ou d'une maison, rend plus rapide et moins coûteuse les adaptations à faire le temps venu des incapacités du résidant. Ces frais d'adaptation peuvent excéder 40 000 $ dans une maison, ancienne ou nouvelle, construite de façon standard. Dans ce cas, la Société d'habitation du Québec (SHQ) accorde tout au plus 16 000 $ pour couvrir ces frais d'adaptation avec son programme PAD, et ce, après des délais de plusieurs années. Et la liste d'attente pour le PAD s'allonge avec le vieillissement de la population!

À ce temps où la Ville de Granby refait son Plan d'urbanisme, achève la rédaction de sa Politique des aînés, et révise annuellement son Plan d'action selon la Loi 56, il serait sage de planifier construire toute nouvelle construction résidentielle en mode accessibilité universelle. En cinq ans, de 2001 à 2006, la ville a accru son parc immobilier résidentiel de 10 %. À ce rythme, d'ici 2026, il serait possible pour Granby d'avoir 30 % de ses unités d'habitations universellement accessibles. Actuellement, trois ménages sur 10 comptent un membre handicapé, et cette personne est souvent âgée. En 2026, il y aura un citoyen aîné sur quatre dans la population, et donc davantage de ménages de ce groupe requérant des adaptations au domicile.

La faisabilité économique de l'accessibilité universelle peut être assurée en partie avec les 335 000 $ que la Ville reçoit au programme "Ville amie des aînés". Et encore, le vice-président au développement de la SHQ m'a assuré par lettre de sa disposition à financer les initiatives en matière d'habitation et d'accessibilité universelle de la ville de Granby, via ses divers programmes. Construire du logement social à un taux de 7 % des unités d'habitation de la ville devient ainsi doublement rentable, par voie de l'accessibilité physique et de "l'abordabilité" économique du logis.

Et encore, comme citoyen, on s'appauvrit moins à construire sans avoir besoin de rénover en profondeur sa demeure le jour où les incapacités se pointent. Le citoyen handicapé économise de plus le personnel de soutien supplémentaire qu'il requérait pour se faire aider s'il était isolé à maison. Le système de santé à court de personnel y serait même gagnant à son volet maintien à domicile.

Alors, personnes âgées, personnes handicapées, personnes aidantes naturelles et intervenantes multiples dans les milieux de vie, faites valoir cette position au jour du 27 août prochain de la consultation publique sur le plan d'urbanisme de la ville de Granby.

Pourquoi perpétuer les obstacles architecturaux dans les milieux de vie quand on peut planifier et se doter des lieux d'habitation respectant la dignité humaine de toutes les personnes?

Luce S. Bérard

Granby