« Ce que j’aimerais que tu me racontes, c’est quelque chose qui me fait voyager. J’aime bien voyager et je manque de temps, ces temps-ci. »

Ce courriel d’Alain Granger m’a fait sourire. J’apprécie quand les lecteurs énoncent clairement leurs besoins et ça tombait bien, je préparais justement un court séjour à New York.

C’est une tradition, chez nous. Chaque hiver, mon amoureux et moi passons quelques jours là-bas. On fuit le froid, comme il y fait souvent plus chaud qu’à Montréal. On mange beaucoup ; on marche encore plus ; on observe la faune ; on flatte des chiens…

OK, je flatte des chiens.

J’aime cette ville parce que contrairement à ici, les pitous sont partout. Mieux encore, les maîtres m’invitent souvent à la zoothérapie quand ils aperçoivent la tendresse dans mon regard. (Mon amoureux dit qu’ils me laissent juste flatter leur chien parce que je leur fais peur, mais je préfère croire qu’ils appuient ma passion saine.)

Bref, on flâne en se sachant très chanceux d’avoir le luxe de flâner dans une telle ville.

C’est donc avec Alain Granger en tête que j’ai effectué ma virée new-yorkaise, cette année. Qu’est-ce que je pouvais bien en rapporter pour vous faire voyager ?

J’ai pris des notes. Je vous les livre en rafale.

PHOTO DANIEL BARRY, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES

Un rat sur la rame du métro de New York

D’abord, j’ai vu mes premiers rats. Je sais qu’ils ne font qu’un avec la ville, mais je n’avais encore jamais croisé de ces bêtes. En attendant le métro pour me rendre à une partie de basket, j’ai aperçu un rat bien dodu sur la rame à ma gauche. J’ai détourné le regard… Pour aussitôt en apercevoir un autre sur la rame de droite.

J’étais encerclée.

Le problème est réel. Richard Hétu écrivait, en janvier dernier : « La population des rats de New York, estimée à environ deux millions, soit un pour quatre humains, n’a pas augmenté, mais la pandémie a encouragé les rongeurs à sortir davantage et à s’aventurer là où on les voyait moins, ou pas. »

On a même ouvert un nouveau poste au sein de l’administration publique : directeur de la lutte contre les rongeurs.

Le maire de New York, Eric Adams, a d’ailleurs dit vouloir « combattre la criminalité, combattre l’inégalité et combattre les rats ». Gros mandat, pareil.

Lisez l’article de Richard Hétu

Parlant d’Eric Adams, ses citoyens l’ont bien rabroué, durant les Fêtes. Alors que New York était aux prises avec une importante tempête hivernale et sans signe de l’élu, des organisations ont fait circuler des affiches le disant « porté disparu », en ligne.

« Have you seen this mayor ? »

J’aime le sens de l’humour des New-Yorkais.

PHOTO HANS PENNINK, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Le maire de New York, Eric Adams

Je n’ai pas retrouvé Eric Adams, lors de mon périple. J’ai par contre croisé un homme gentil, tandis que je lisais sur un banc de parc. Il m’a demandé d’où je venais. Il a ajouté qu’il n’avait jamais visité Montréal, mais qu’il avait déjà fait un tour à Toronto.

« Comment c’était ?

— Très plate. »

J’aime l’honnêteté des New-Yorkais.

Fait intéressant : les terrasses étaient ouvertes. Il faisait entre 0 et 10 °C, en fonction des jours, mais les espaces extérieurs étaient chauffés et souvent bien occupés. J’ai d’ailleurs mangé un repas à thématique psychédélique dans une petite hutte, dans la cour de notre hôtel.

PHOTO ANDRES KUDACKI, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

En plein cœur de janvier, les terrasses étaient ouvertes à New York.

Ça m’a fait penser à chez nous. On connaît évidemment plus de grands froids et d’accumulation de neige que New York, mais j’ai brièvement rêvé de terrasses chaudes desquelles profiter en automne et au printemps.

J’ignore si les coûts en vaudraient la chandelle, ici. Ou même si les règlements municipaux permettraient une telle liberté. Mais ce que je sais, c’est que la pandémie a engendré de la flexibilité, à New York. On y a accordé 10 fois plus de permis de terrasses, en 2021. Il s’agissait d’abord d’une mesure temporaire pour soutenir les restaurateurs, alors que les salles de réception étaient fermées, mais la popularité de l’initiative l’a rendue pérenne.

Je me demande si on ne pourrait pas s’en inspirer.

C’est un peu la beauté de voyager, non ? Chercher ce qu’on pourrait améliorer chez nous et s’ennuyer de ce qu’on fait de mieux qu’ailleurs (rien ne battra jamais l’atmosphère des parcs montréalais un soir de juillet).

La grande découverte de mon périple, maintenant : la librairie Sweet Pickle Books, où on vend des livres usagés et des cornichons. Deux de mes passions réunies ; c’est du génie. Vous me direz que franchement, il y a bien mieux à découvrir à New York avec tous ces musées et ces spectacles… Ce à quoi je répondrai : ils vendent des cornichons piquants !

Sinon, j’ai remarqué une tendance dans plusieurs marchés et restaurants : la nourriture pour le cerveau. Sur le plan marketing, plusieurs établissements misent sur une offre alimentaire saine qui nous aiderait apparemment à vieillir en santé. J’ignore combien de salades aux superaliments il faut consommer dans une vie pour espérer freiner la démence, mais j’ai trouvé la promesse attirante…

Au rayon des vêtements ? Le pantalon se porte encore souvent sans bas. La cheville new-yorkaise semble imperméable à la brise hivernale, la chanceuse. À l’opposé du spectre, la tendance à SoHo est de porter nos bas par-dessus nos leggings.

C’est tout ou rien, je crois.

En rafale, pour terminer : il y avait encore autant d’ordures dans la rue. Un homme a mimé de m’assassiner avec un fusil tandis que je marchais. J’étais heureusement trop occupée à parler (probablement d’un chien) à mon conjoint pour le voir. Le service à la clientèle était chaleureux, comme toujours (peut-être à cause de mon accent qui stimule l’attendrissement). Et l’énergie était la même que chaque fois…

Effervescente, pressée, too much.

De quoi repartir en croyant que tout est possible.

Même affronter le reste de l’hiver.