Les couples âgés sont plus heureux en amour que la moyenne, tous âges confondus, et continuent à avoir une vie sexuelle souvent satisfaisante sinon épanouie, en dépit de quelques difficultés physiologiques, selon des recherches menées à Montréal. 

Les statistiques sont claires: les personnes âgées (celles de plus de 65 ans) obtiennent entre 119 et 120 points sur l'echelle Spanier, destinée à mesurer la satisfaction dans une relation de couple, tandis que la moyenne nationale est de 114.

«C'est une différence importante, significative», a indiqué à l'AFP Gilles Trudel, professeur de psychologie à l'Université du Québec à Montréal (UQAM).

L'échelle tient compte de la satisfaction sexuelle, mais aussi de la communication à l'intérieur du couple, de sa cohésion et de son fonctionnement en général.

Certes, reconnaît M. Trudel, ce bon résultat pourrait s'expliquer par le fait que les couples qui avaient des problèmes ont divorcé et que l'enquête ne touche donc que ceux qui ont résisté à l'usure.

Il reste que, une fois à la retraite, les partenaires ont beaucoup plus de temps à passer ensemble, pour partager leurs activités et donc qu'ils peuvent vivre «une deuxième lune de miel», dit le psychologue.

Certes, dans un certain nombre de cas, cette nouvelle proximité peut avoir un effet inverse: des problèmes, restés latents lorsque les activités professionnelles ou l'éducation des enfants occupaient beaucoup de temps, éclatent quand l'espace libéré permet d'y penser... Et alors, ils s'accompagnent d'accès d'anxiété ou de dépression deux fois plus fréquents que chez les personnes plus jeunes.

Enfin, les chercheurs ont noté un phénomène récent, quoique encore restreint: si, dans le passé, les personnes âgées ne divorçaient pratiquement jamais, aujourd'hui entre 5 et 6 % des couples aux cheveux argentés se séparent, à 70 ans ou plus, y compris pour cause de coup de foudre extra-conjugal.

Et la vie sexuelle n'est plus un tabou. «Il y a un mythe» négatif entourant le sexe chez les aînés. Mais cela vient notamment du fait qu'«imaginer par exemple leurs grands-parents en train de faire l'amour provoque un malaise» chez les gens plus jeunes, estime le professeur Trudel.

Quand on avance en âge, «la sexualité se transforme, mais ils peuvent toujours avoir du plaisir (...) avec l'aide de médicaments ou sans eux», poursuit le psychologue, qui s'appuie notamment sur des interviews recueillies dans le cadre de ses recherches.

Ces interviews sont conduites dans des conditions assurant une discrétion totale, ce qui augmente leur fiabilité: la personne interrogée se trouve seule avec le chercheur et ne répond pas de vive voix, mais en appuyant sur une touche d'ordinateur qui fait enregistrer sa réponse anonyme...

Tout en poursuivant leurs recherches, les psychologues de l'UQAM tentent aussi d'aider les aînés, lors de rencontres de groupe rassemblant généralement quatre couples, de les préparer à passer plus de temps ensemble, raconte le professeur Trudel.

Ils leur donnent des conseils simples: de communiquer, de ne pas couper la parole à l'autre, de lui faire connaître ses émotions. Et de cesser de penser que l'on sait d'avance tout ce que l'autre peut dire et que ce n'est pas la peine de l'écouter.