C'est l'histoire d'un gars tanné d'être sérieux, qui décide de prendre la plume, pardon, le clavier, pour déverser sur son blogue ses états d'âme. En découlent une série de chroniques hilarantes sur sa vie de couple, son chat à la face de rat, son chien Mira.

Les Chroniques conjugales d'un mâle en mal de mot, d'Étienne Gervais, publié tout récemment aux éditions Les Intouchables, c'est tout ça, et un peu plus encore.

 

Au début de chaque chronique, l'auteur y va d'un petit dialogue, entre sa blonde et lui, une petite pointe dans le couple, histoire de nous mettre en appétit. Du genre: «52 jours. Comment ça 52 jours? Ça fait 52 jours que l'hiver est fini pis que tes bottes d'hiver traînent à côté de la porte!»

Le ton est donné. Au fil des pages, le jeune auteur de 26 ans nous raconte sa vie de couple, donc, un peu à la Un gars, une fille, avec quelques stéréotypes en moins, quelques mésaventures en plus. Il raconte ainsi pourquoi les gars haïssent faire l'épicerie (parce qu'ils ne savent pas nécessairement tous la différence entre des tomates étuvées et des tomates en dés), souffrent du syndrome Prends-moi-pas-pour-un-cave (même s'il est capable de mettre du Prestone au lieu du liquide lave-glace dans l'auto) ou encore rêvent de « trips à trois «. Toujours, il part d'une petite mésaventure anodine (une panne d'électricité) pour en arriver, par une foule de détours comiques, à un punch final souvent hilarant (le chat dans la sécheuse).

L'écriture s'apparente un peu à celle de Caroline Allard (Chroniques d'une mère indigne, un livre également tiré d'un blogue), mais le propos ressemble davantage à de la chick lit pour mecs. C'est d'ailleurs ce qui fait l'originalité du texte. «La vie de couple, ça n'a rien de nouveau, reconnaît l'auteur. Mais de voir la perception d'un homme, c'est différent. Or, les perceptions hommes-femmes sont très différentes. L'homme est plus terre à terre.»

Vrai. Plus sarcastique, aussi, peut-être, même si Étienne Gervais a pris soin de ne pas tomber dans les stéréotypes: «Je ne voulais pas tomber là-dedans, alors j'ai donné une certaine sensibilité à mon personnage, pour lui donner plus de crédibilité.»

Effet thérapeutique

Ces chroniques, par ailleurs légères, impertinentes, souvent cocasses, bref, charmantes, ont aussi été véritablement thérapeutiques pour l'auteur. Car Étienne Gervais, dont le premier roman, plutôt noir, traitait de son trouble de la personnalité limite (sur lequel il prépare un documentaire), en avait assez d'être sérieux. «Je suis un gars qui a beaucoup souffert, et à un moment donné, à force d'être dans le drame, ridiculiser, rendre comique ce qui ne l'est pas nécessairement, je pense que oui, c'est salvateur. On prend tellement tout au sérieux, il faut apprendre à voir les choses autrement.»

Étienne Gervais sur le web: www.etiennegervais.com