Si l'on en juge par les registres de la Commission de toponymie, peu d'endroits au Québec rappellent la mémoire de Noirs célèbres. Une recherche poussée - mais non exhaustive - menée par les historiens de la Commission recense une vingtaine de lieux pour à peine une douzaine de personnages.

Outre Mathieu da Costa, bientôt honoré à Québec, on a recensé à Montréal la rue Charles-Biddle (jazzman, 1926-2003), le parc Toto-Bissainthe (artiste haïtienne, 1934-1994), la rue Henri-Christophe (révolutionnaire haïtien, 1767-1820), l'avenue Olivier-Lejeune (premier esclave de Nouvelle-France, 1633-1654), la rue Karl-Lévesque (leader et missionnaire haïtien, 1937-1986), le parc et la rue Toussaint-Louverture (révolutionnaire haïtien, 1743-1803), le parc Charlemagne-Péralte (nationaliste haïtien, 1886-1919), la rue Rufus-Rockhead (fondateur du jazz club Rockhead's Paradise, 1899-1981) et le parc Léopold-Senghor (poète et politicien sénégalais, 1906-2001). En Outaouais, un lac, un barrage et un ruisseau portent le nom d'un certain John Bull (homme fort, descendant d'esclaves), et l'ancien empereur d'Éthiopie Hailé Sélassié a donné son nom à deux lacs et à un barrage en Mauricie.

 

Étrangement, il n'y a à Montréal aucune rue du nom de Jackie Robinson, premier Noir à jouer dans le baseball majeur, après un passage «déclencheur» chez les Royaux de Montréal. Ni de rue Oscar-Peterson (qui a cependant une salle de spectacle à son nom à l'Université Concordia). Sans oublier le chanteur Boule Noire, qui mériterait certainement un rond-point!

Selon Paul Fehmiu-Brown, la représentation noire au Québec est généralement faible parce qu'on l'a trop longtemps occultée. «Pour le clergé, admettre qu'il y avait eu des Noirs sur le territoire équivalait à reconnaître qu'il y avait eu de l'esclavage», souligne l'historien, qui défend cette thèse depuis plusieurs années.

 

BLACK FÉVRIER

Le Mois de l'histoire des Noirs 2009 a lieu sur le thème La passion d'agir, le rêve de construire, en hommage aux parcours de Barack Obama et de Martin Luther King.

Une cinquantaine d'activités (spectacles, expos, films, conférences) prendront l'affiche à Montréal jusqu'au 28 février. Parmi celles-ci :

> Le documentaire Rastaya, sur le mouvement rasta au Mali (7 février, 14h, 1121, avenue Salk, salle 114);

> Le documentaire Dieu a-t-il quitté l'Afrique? du chanteur-cinéaste soufi Musa Dieng Kala (11 février, 19h30, maison de la culture Ahuntsic);

> Conférence sur l'esclavagisme auQuébec (17 février, 17h, galerieMAI, 3680, rue Jeanne-Mance)

> Spectacle multidisciplinaire Peuples noirs et progrès de l'humanité (20 février, 19h30, maison de la culture Mercier)

> Concert des oeuvres du rare compositeur noir Chevalier de Saint-George (21 février, 19h30, Maison culturelle et communautaire de Montréal-Nord)

> Soirées cinéma sur le thème peu exploré de l'homosexualité chez les Noirs (1er et 8 février, 17 h,UQAM, pavillon des sciences de la gestion, 315, rue Sainte-Catherine Est, salle R-M130). Détails et programmation complète : www.mhnbhm.ca ou 514-282-3443