Noel Biderman n'a pas inventé l'infidélité, il l'a perfectionnée. Il est désormais plus facile d'avoir une aventure à l'étranger grâce au populaire site de rencontres extraconjugales Ashleymadison.com.

Créé à Toronto en 2002, ce portail destiné aux personnes mariées compte 19 millions d'utilisateurs dans plus de 27 pays (gratuit pour les femmes, payant pour les hommes). Il offre désormais le service Traveling Man et Traveling Woman (la version féminine vient tout juste d'être lancée) pour professionnels. Il leur permet, lors de leurs déplacements à l'étranger, d'envoyer un message personnalisé à 30 membres féminins (ou masculins) de la ville où ils séjourneront, afin de trouver preneur pour une aventure d'un soir. Ils peuvent même ajouter des détails sur le type de personne recherchée. «On s'est rendu compte que plus de la moitié de nos membres se laissaient tenter par une aventure uniquement lorsqu'ils étaient à des centaines de kilomètres de la maison. On a donc créé une offre spécialement conçue pour eux», explique le Canadien Noel Biderman, fondateur et président du site Ashleymadison.com, surnommé le roi de l'infidélité par les médias américains.  

Grâce à l'application mobile avec GPS bientôt offerte, il sera même possible, à peine sorti de l'avion, de savoir si un amant ou une maîtresse est libre pour un rendez-vous à proximité.

Mais où est le romantisme? L'excitation du premier rendez-vous? Les échanges de regard lors d'un souper impromptu? «Il faut que ce soit pratique. On ne veut pas perdre de temps dans les bars où on pourrait se faire accuser de harcèlement et il ne faut pas laisser de traces de factures de restaurant. On pourrait se faire prendre, assure l'homme de Toronto, marié depuis dix ans et père de deux enfants - et qui se dit fidèle. Rien de pire qu'être pris en flagrant délit.»

L'efficacité et la grande discrétion de ce site plaisent à ses nombreux membres. «La vie est courte, tentez l'aventure», est le slogan du site, où on vous garantit la plus grande discrétion. Même les libellés des factures changent, au cas où votre conjoint mettrait le nez dans vos affaires.

Secret et pragmatique

John*, 41 ans, marié, trois enfants, a une règle d'or pour ses infidélités: jamais dans la ville où il habite - trop dangereux et compromettant. Cet homme d'affaires de Toronto profite de ses voyages aux États-Unis (une à deux fois par mois) pour avoir de petites aventures. Il utilise le service Traveling Man depuis deux ans. «Ce qui me plaît, c'est qu'on rencontre des femmes intéressantes dans différentes villes. On se donne rendez-vous, on boit un verre vers 21 h, on discute, on couche ensemble et on retourne chacun à nos affaires. J'ai une totale confiance en elles, car elles sont pour la plupart mariées, elles aussi. Elles ne veulent pas aller plus loin et ce qui se passe entre nous restera un secret.»

John se dit trop vieux pour sortir et draguer dans les bars. «Beaucoup de bavardage, trop d'alcool, et en plus on ne sait pas ce qui arrivera à la fin de la trop longue soirée... Je n'ai pas le temps et je ne suis pas dans un mode de conquête.» Il confie que ces rendez-vous sont très civilisés et qu'il n'aurait pas d'aventures autrement. «On ne fait pas de rencontres dans les halls d'hôtel! C'est faux! Ce n'est que dans les films hollywoodiens que ça arrive.» Il travaille avec de très belles femmes, mais n'a jamais eu d'arrière-pensées. «Ce serait une grossière erreur et, surtout, ça se saurait», dit-il.

Noel Biderman pense que la plus importante croissance du marché de l'infidélité sera du côté des femmes. Elles ont les mêmes occasions que les hommes, assistent à des congrès, voyagent et sont pragmatiques. «Avant, elles fantasmaient sur le laitier ou le réparateur de piscine, maintenant elles sont des femmes d'affaires et ont les mêmes envies que les hommes.»

Combler ses besoins sexuels

Anastasia* habite à Montréal. Elle est mariée depuis dix ans et a deux jeunes enfants. Insatisfaite sexuellement avec son mari, elle s'est inscrite sur le site Ashleymadison.com en 2006. Elle rencontre des hommes qui viennent principalement des États-Unis et de l'Ontario, qui sont en voyage d'affaires à Montréal. «Plus besoin de sortir au restaurant ou de fréquenter les bars. Le rendez-vous a lieu dans leurs chambres d'hôtel et on sait tous les deux ce qu'on veut. C'est purement sexuel. Je revois certains hommes de temps en temps lorsqu'ils sont de passage, mais il n'y a pas d'attachement. Nous allons rester mariés chacun de notre côté, et c'est très clair», dit-elle. Elle comble ainsi ses besoins sexuels, et n'a aucune intention de divorcer. «C'est important pour moi que mes enfants grandissent avec leurs deux parents ensemble. J'aime mon mari et je tiens à avoir une famille unie.»

John, qui est marié depuis 11 ans, est convaincu que sa femme ne se doute de rien. «Vous savez, j'ai encore une vie sexuelle décente avec ma femme. Pas aussi souvent qu'au début, et c'est devenu très routinier. J'ai un grand appétit sexuel que je dois combler. L'attrait de la nouveauté et l'excitation de ces rencontres, c'est ce que j'aime.» Il confie avec un sourire dans la voix qu'il a hâte d'aller en Europe. «Je rencontre des femmes du monde entier. J'ai bien envie de découvrir les Italiennes ou les Espagnoles... ou encore les Montréalaises!»

*noms fictifs