Les vertus aphrodisiaques des drogues et de l'alcool sont exagérées, a découvert un chercheur de l'Université Concordia. Ils n'ont cet effet que sur les gens inhibés qui sont trop coincés pour se laisser aller au désir sexuel.

«Nous avons été surpris de constater que des drogues aussi différentes que l'alcool et la cocaïne ont un effet similaire sur les inhibitions», explique James Pfaus, spécialiste de la psychologie, qui a publié ses travaux dans la revue Hormones and Behavior.

 

«D'habitude, les études se penchent sur l'impact des drogues sur les activités sexuelles normales. Habituellement, il y a des problèmes généralisés, sauf dans le cas de la cocaïne et de la caféine, qui provoquent une augmentation de l'éjaculation. Nous avons réussi à faire un modèle animal pour les inhibitions, qui montre pourquoi plusieurs personnes aiment s'intoxiquer pour plaire.»

Le professeur Pfaus a étudié des rats dont les femelles avaient été castrées et, donc, n'avaient plus de désir sexuel. «Quand les mâles les approchaient, ils recevaient une raclée parce que la femelle devenait agressive. Ils apprenaient donc à n'approcher que les femelles réceptives, notamment celles qui courbaient le dos pour faciliter la pénétration, une posture appelée lordose. Ils avaient des inhibitions, comme les humains. L'alcool et les drogues les désinhibaient et ils se remettaient à s'intéresser aux femelles qui ne répondaient pas à leurs avances.» La quantité d'alcool nécessaire pour désinhiber les rats équivalait à environ deux verres de vin pour un humain, selon M. Pfaus.

Cet effet inattendu montre qu'il existe un circuit cérébral lié au désir et à l'inhibition qui est distinct du mécanisme principal d'action des drogues, qui diffère selon les substances. Il explique aussi pourquoi l'alcool et les drogues augmentent les probabilités de pratiques sexuelles risquées, comme d'avoir des relations non protégées. «Je pense que les gens qui sont davantage inhibés propagent le mythe des vertus aphrodisiaques de l'alcool et des drogues. Je ne parle pas seulement des gens coincés. Ceux qui ont une sexualité débridée ou qui aiment le risque se heurtent souvent à des inhibitions qui ne sont pas nécessairement négatives, par exemple le fait de mettre un préservatif avec un inconnu.»