Etre exposé à des niveaux élevés de Bisphénol-À (BPA), un composant chimique utilisé dans la fabrication de nombreux produits dont des récipients alimentaires, accroîtrait le risque de dysfonctionnement sexuel masculin, selon une étude publiée mercredi.

Il s'agit de la première recherche à examiner les effets du BPÀ sur le système reproductif masculin humain qui paraît dans le journal Human Reproduction.

Des études faites précédemment sur des animaux ont montré que le BPÀ avait des effets néfastes sur les organes de reproduction des souris et des rats.

Le BPA, un composé chimique servant à diluer la résine de polyester pour la rendre liquide et faciliter son laminage, est déjà montré du doigt par d'autres recherches pour ses effets potentiels négatifs sur la santé.

La plus probante avait été publiée en 2008 par des toxicologues des Instituts nationaux de la santé (NIH) qui avaient fait valoir que cette substance peut affecter le développement du cerveau des foetus et des nouveau-nés.

En mars dernier, les six plus gros fabricants américains de biberons ont décidé de cesser de vendre aux États-Unis des produits contenant du BPA.

Peu après des parlementaires américains ont déposé une proposition de loi pour interdire les récipients alimentaires contenant du BPA.

Fin mars, la ministre française de la Santé Roselyne Bachelot avait affirmé que des études fiables ont conclu à l'innocuité des biberons fabriqués avec du BPA.

La dernière recherche a été faite en Chine pendant cinq ans avec 634 ouvriers. Une partie travaillaient dans des usines où le BPÀ était abondamment utilisé dans la production tandis qu'un groupe témoin était employé dans des unités où ce produit chimique n'était pas présent.

Les chercheurs ont déterminé que ceux qui avaient été exposés au BPÀ étaient quatre fois plus à risque d'avoir des problèmes d'érection et avaient sept fois plus de chances d'éprouver des difficultés d'éjaculation.

Les niveaux de BPÀ auxquels ces ouvriers ont été mis en contact dans cette étude étaient 50 fois plus élevés que la moyenne à laquelle sont exposés la plupart des hommes américains, soulignent les auteurs de cette recherche.

«Dans la mesure où les niveaux de BPÀ dans cette recherche étaient très élevés, d'autres études avec des niveaux plus faibles de cette substance doivent être faites pour mieux évaluer son impact sur le système reproductif masculin dans la population», observe le Dr De-Kun Li, du groupe Kaiser Permanente en Californie (ouest), le principal auteur.

«Cette étude soulève la question de savoir quel est le niveau de BPÀ sans risque pour la santé?», ajoute-t-il.

Outre les biberons, les tasses et verres jetables ainsi que de multiples autres récipients alimentaire en plastique, le BPÀ est aussi présent dans les plombages dentaires.