Le rendez-vous est pris à New York dans la plus récente boutique de David Yurman, joaillier des stars hollywoodiennes, sur Madison Avenue. En pleine Semaine de mode de New York, le créateur a choisi de rencontrer une poignée de journalistes pour présenter ses nouvelles créations: collections de bijoux pour homme et femme, lunettes de soleil et les dernières-nées, les fragrances.

Au troisième étage de la boutique, ouverte en mai 2010 pour fêter les 30 ans de la marque, le prestigieux joaillier nous attend derrière un bureau immaculé. L'homme est avenant, chaleureux, auréolé de succès et s'enflamme à la première question, celle qui évoque sa relation à la sculpture, une discipline qui lui a permis d'afficher une sensibilité culturelle et esthétique tout à fait personnelle.

«J'ai fait mes premières armes aux côtés du sculpteur français Jacques Lipschitz, explique David Yurman. Je dois avouer qu'il m'a tout appris, les proportions, les formes, le geste... et cela ne m'a jamais quitté.»

Pourquoi cacher une passion plutôt que de la laisser paraître? Le jeune David s'est souvent posé cette question au fil de ses années d'apprentissage. Résultat: toutes ses créations sur le terrain vaste de la joaillerie en sont imprégnées, c'est-à-dire depuis le lancement, en 1980, de sa maison de joaillerie, avec la collaboration de sa femme et muse, Sybil.

Photo: fournie par David Yurman

À l'époque, il était loin d'imaginer qu'il s'apprêtait à fonder un empire familial. Le succès ne s'est pas fait attendre. Le bracelet Cable, torsade en argent massif et or 18 carats, aux extrémités incrustées de pierres précieuses, est un succès immédiat qui d'ailleurs dure encore. La fameuse torsade, devenue sa signature, est partout, d'un détail d'une branche de lunettes à la base d'une boucle d'oreille, les créations masculines n'y échappant pas non plus.

À la question «Quelle est votre relation avec les Canadiens?», la réponse fuse, enjouée: «Je vous adore! Et d'ailleurs, savez-vous que les trois plus grandes collectionneuses au monde de mes bijoux sont canadiennes?»

Danielle Loftus, directrice des accessoires et bijoux chez Holt Renfrew, magasin qui offre en exclusivité les créations du joaillier new-yorkais depuis 10 ans, ajoute qu'il n'y a qu'à suivre l'évolution du comptoir dans le magasin de Montréal pour constater qu'il est aujourd'hui trois fois plus grand!

«Les Québécois sont d'ailleurs les plus enclins à se tourner vers les créations les plus colorées, les plus complexes, les moins conventionnelles, finalement», dit Mme Loftus. Une liaison américano-canadienne de coeur entre un homme et sa clientèle, qui ne doit pas faire oublier pour autant à quel point la palette créative de David Yurman est large. De la collection Classic à la Couture dessinée par son fils Evan, en passant par la gamme pour homme, oeuvre également de fiston, sans oublier les lunettes de soleil et les fragrances pour femme, on voyage dans de multiples univers, glissant de la plus grande simplicité au raffinement le plus recherché. À l'image de ces bagues Cable Wrapped, de magistrales pierres retenues par les fameux câbles (encore).

Photo: fournie par David Yurman

Dans l'ensemble, Yurman père semble ne jamais bouder son plaisir, pas plus qu'il ne rechigne à replonger dans ses souvenirs, évoquant par exemple une balade dans Paris, capitale de toutes ses inspirations: «Lorsque la lumière décline, vers 16h, un après-midi d'hiver, c'est absolument magnifique.» C'est à cette heure du jour qu'est née l'une de ses dernières collections, Midnight Mélange, une gamme sobre et chic, noire et blanche, composée d'argent et de diamants.

En trois décennies et quelques semaines, David Yurman, jeune apprenti sculpteur, a, à la force du talent, su s'imposer comme un joaillier américain incontournable dans l'univers du luxe, adoré des stars et des tapis rouges (où il faut être pour assurer à ses créations une visibilité maximale). Il suffit de pousser la porte du 712, Madison Avenue pour s'en assurer: la nouvelle boutique écrin a pour voisins Chopard et Cartier. Voilà ce que l'on peut qualifier de vraie réussite à l'américaine.

Photo: fournie par David Yurman