Canada Goose inaugurait à la mi-octobre son nouveau siège social, à Toronto. Notre journaliste Silvia Galipeau et notre photographe Ivanoh Demers y étaient. Visite des coulisses d'une réussite d'origine 100 % canadienne.

Made in Canada

« Un trésor national »: c'est en ces termes que le ministre des Finances Joe Oliver a qualifié Canada Goose, la semaine dernière. Rien de moins.

Il faut dire que l'on inaugurait le nouveau siège social de l'entreprise, en présence d'une horde de journalistes et de plusieurs centaines d'employés. L'ambiance était à la fête. Même si les couturières, elles, n'ont jamais vraiment lâché leurs aiguilles.

Ce n'est pas tous les jours que l'on peut assister à la confection de manteaux haut de gamme que plusieurs s'arrachent, que l'on tente avec plus ou moins de succès de copier, qui ont envahi les plateaux de tournage hivernaux et qui ont été en prime adoptés par les plus grands aventuriers de la planète.

Qui l'eût cru, quand même? « Nous avons commencé cette folle aventure en 1957! », s'est plu à rappeler Dani Reiss, l'actuel président et petit-fils du fondateur.

Depuis plus de 50 ans, l'entreprise familiale confectionne donc des manteaux, dans une niche que personne ne croyait prometteuse: le haut de gamme, made in Canada madame.

PHOTO IVANOH DEMERS, LA PRESSE

D'où le pari, donc, à contre-courant, faut-il le rappeler, de garder la production, toute la production, ici, au pays. « Manufacturé au Canada et vendu en Chine! », a précisé le ministre Joe Oliver.

Et pourquoi tenir mordicus à la production locale? « C'est exactement le même concept qu'avec les montres suisses, a repris le président. Ça ne peut pas se faire en Chine. Ça ne peut pas être fait en production de masse. »

Et visiblement, ça marche. En 10 ans, Canada Goose a augmenté ses revenus de pas moins de 4000 %. La nouvelle usine a permis de doubler la production. Du coup, 200 emplois ont été ici créés. Et on promet de poursuivre à ce rythme dans les années à venir. Il faut dire que la demande ne va pas en ralentissant. Oubliez le réchauffement climatique. Aujourd'hui, les manteaux, qui sont parmi les plus chauds au monde, sont vendus dans pas moins de 50 pays, de New York à Tokyo, en passant par Milan, Stockholm et Paris.

Le saviez-vous?

Canadien, vraiment?

Bien sûr, les manteaux Canada Goose sont entièrement produits ici. Et ils vont le rester, promet le président. N'empêche. L'an dernier, la majorité du capital action de l'entreprise est passée aux mains d'un fonds américain: le fonds Bain Capital (par ailleurs actionnaire de Toys ''R'' Us, Shoppers Drugmart, etc.), fondé par nul autre que Mitt Romney, l'ex-candidat républicain aux élections américaines.

Tout le monde n'aime pas Canada Goose

Non, la marque ne fait pas non plus l'unanimité. Elle déplaît tout particulièrement aux environnementalistes, qui lui reprochent ses fourrures de coyote. L'organisme PETA (People for the Ethical Treatment of Animals) a d'ailleurs très vivement reproché à Justin Trudeau de porter fièrement ses manteaux.

Paulina Botelho, au service de Canada Goose depuis 48 ans

Paulina a commencé à travailler pour Metro Sportswear (l'ancêtre de Canada Goose) quand elle avait 20 ans. Quarante-huit ans plus tard, elle est toujours là, de 8 h le matin à 16 h 30 tapantes. Chaque jour, elle peut coudre ainsi pas moins de 60 manteaux. À vue de nez, son profil ressemble au profil type des couturières ici: issues de l'immigration (il y a d'ailleurs une grande majorité d'Asiatiques), les femmes (parce que ce sont quasi exclusivement des femmes) travaillent chez Canada Goose depuis souvent plusieurs dizaines d'années.

PHOTO IVANOH DEMERS, LA PRESSE

Paulina Botelho

Un manteau en 10 étapes

Vrai, ils coûtent cher. Très cher. Il faut dire que les manteaux Canada Goose sont des manteaux haut de gamme. Ils ne sont pas produits en gros, par des couturiers sous-payés, dans une usine douteuse à l'autre bout du monde. Non. Ils sont fabriqués au pays, par des employés qualifiés. Et mine de rien, chaque veste, imper et autre blouson fait son chemin dans une complexe chaîne de production. Nous avons assisté à chacune de ces étapes.

En chiffres

1957

C'est en 1957 qu'est fondée la petite usine Metro Sportswear - l'ancêtre de Canada Goose -, par un immigré polonais, Sam Tick, nul autre que le grand-père de l'actuel président, Dani Reiss.

1980

Dans les années 80, la marque est rebaptisée Snow Goose.

2000

Elle devient Canada Goose, en 2000.

1000

Nombre d'employés au Canada.

200

Nouveaux employés dans la dernière année.

X2

La production a doublé dans la dernière année.

100 %

Fait au Canada.

50

Nombre de pays où les Canada Goose sont exportés.

6 %

Pourcentage de la main-d'oeuvre du coupé-cousu au pays qui travaille pour Canada Goose.

200

Nombre de plateaux de cinéma et de télévision où les manteaux de Canada Goose ont servi, que ce soit devant ou derrière la caméra. Derrière? Notamment pour aider les équipes de tournage de Into the Woods, Game of Thrones et Guardians of the Galaxy. À l'écran? Notamment dans The Big Bang Theory, Fargo, Arctic Air, World War Z, Man of Steel et Captain America.

247

Nombre de modèles différents.

50

Nombre de nouveaux modèles par année.

34

Nombre de couleurs différentes (même si le noir arrive en tête de liste des couleurs les plus populaires, il se fait aussi des manteaux roses, blancs, vert lime, jaunes, etc.).

350

Nombre de manteaux produits quotidiennement dans la nouvelle usine de Toronto.

13

Du premier découpage à l'inspection finale, en passant par la couture des ourlets, chaque manteau passe entre les mains de 13 personnes différentes.

PHOTO IVANOH DEMERS, LA PRESSE

247 modèles différents

Le saviez-vous? La marque Canada Goose, que l'on connaît surtout pour ses bombers, adoptés par tous les hipsters en ville depuis des années déjà (et accessoirement par Kate Upton, en une du Sports Illustrated l'an dernier), compte en fait pas moins de 247 modèles différents, allant de la petite veste cintrée au manteau d'expédition extrême. L'an prochain, on compte aussi lancer une collection printemps, avec des coupe-vent imperméables techniques aux couleurs souvent très vives. Après les indémodables noir, gris et rouge, place au jaune, au vert et au blanc.

Découvrez les modèles les plus populaires, quelques nouveautés, et plusieurs trouvailles.

BOMBER CHILLIWACK

Ce blouson à la coupe aviateur, que l'on voit partout, arrive cette année avec quelques mises à jour subtiles.

PARKA EXPEDITION

Une des parkas les plus populaires, les plus chaudes et les plus durables, avec pas moins de 14 poches.

PARKA CHATEAU

Cette parka est dans le top 5 des meilleurs vendeurs, c'est le premier modèle ajusté pour hommes.

NOUVEAUTÉ: DES BRETELLES

Vous avez trop chaud dans le métro et vous ne savez pas où mettre votre manteau? Les nouveaux modèles pour femmes seulement (Canada Goose n'a pas encore trouvé de version plus virile pour les hommes) sont tous munis de ces pratiques bretelles.

PARKA SELKIRK

Plus urbaine, cette nouvelle parka est aussi plus ajustée, mais toujours aussi chaude, promet-on.

PARKA SHELBURNE

Réservée aux femmes, cette toute nouvelle parka est légèrement cintrée. À noter: la fourrure du capuchon est détachable.

PARKA RIDEAU

Nouveauté cette année: ce manteau n'a pas de fourrure sur le capuchon.

VESTE HYBRIDGE

Conçues pour les sportifs, ces vestes sont à la fois hyper souples et néanmoins très chaudes.

VESTE TIMBER SHELL

Toujours pour les sportifs, cette veste cible les skieurs et autres randonneurs.

ENVELOPPE POUR BÉBÉS PUP

Quoique légère, cette enveloppe offre une chaleur maximale, avec en prime un capuchon en duvet matelassé.

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Le Bomber Chilliwack