Reconnu pour ses magnifiques robes de soirée et ses coupes impeccables, Andy Thê-Anh a dû se résoudre à fermer sa maison de couture en 2010. Une nouvelle étape s'amorce dans la carrière du designer, qui s'est joint à l'équipe Lolë en 2011. Drôle d'association? Pas pour le créateur, qui a su insuffler son raffinement et son élégance à l'entreprise, en tant que directeur du design.

Le milieu de la mode est difficile, même lorsqu'on est un créateur reconnu comme Andy Thê-Anh. Malgré une bonne réputation et des clients parmi les plus grandes vedettes québécoises, le designer qui est passé chez Parasuco et Tristan-America avant de fonder sa propre maison de couture en 2006, a dû fermer ses trois boutiques en 2010. Un deuil difficile? «Pas vraiment, confie-t-il. Lorsque j'ai décidé de fermer, j'étais vraiment à la fin, j'avais fait tout ce que je pouvais pour sauver mon entreprise.»

Son association avec la marque Lolë, reconnue pour ses vêtements de sport et de lifestyle, est étonnante. M. Thê-Anh l'avoue lui-même: «Lorsque Lolë m'a contacté, mon réflexe a été de leur demander s'ils ne s'étaient pas trompés de Andy! La marque est très différente du prêt-à-porter et des vêtements bon chic bon genre que je créais. Puis, après réflexion, je me suis dit: pourquoi pas! J'étais, après tout, à la recherche de nouveaux défis.»

C'est Bernard Mariette, le PDG de Coalision qui détient, en plus de Lolë, les marques Orage et Paradox qui l'a finalement convaincu de faire le saut, raconte le designer. «Je me suis vraiment reconnu dans sa vision, qui est d'amener Lolë à l'international, une ambition que j'avais pour ma propre compagnie. De toute façon, je ne tiens pas absolument à avoir une collection à mon nom; tant que je fais ce que j'aime, ça me va!»

Pour Andy Thê-Anh, rallier les rangs de Lolë, c'était aussi reconnecter avec des valeurs auxquelles il adhère. «Pendant 10 ans, j'ai travaillé très fort pour démarrer mon entreprise, je n'avais plus le temps pour rien! Même si je me suis toujours entraîné au gym, j'avais oublié le plaisir simple de sortir dehors prendre l'air.» Aujourd'hui, il prend le temps de courir trois midis par semaine au parc situé tout près de ses bureaux, avec ses collègues.

L'élégance au royaume du sport

L'adaptation s'est faite peu à peu. Pendant près d'un an, le designer a beaucoup observé, appris à manier de nouvelles matières, à apprivoiser différentes techniques inhérentes au vêtement sport. «Créer des vêtements sportifs diffère grandement du prêt-à-porter; il y a énormément de détails à retenir et chaque pièce répond à un besoin. Chaque activité appelle sa matière, que ce soit pour le yoga, la course, l'exercice en salle, le tennis...», énumère-t-il.

C'est cet automne qu'il a signé sa première «vraie» collection pour Lolë, suivie de la nouvelle collection printemps/été, présentement en boutique. La touche du designer se laisse deviner dans le raffinement, la féminité, la polyvalence et l'élégance des différents morceaux.

«C'est drôle de parler d'élégance pour des vêtements de sport, mais je pense qu'on peut tout faire avec élégance et style! (rires) Il est important que nos vêtements soient adaptés aux femmes d'aujourd'hui, qui aiment la mode, le style et qui veulent pouvoir faire autre chose que du sport avec leurs vêtements! Ce que j'essaie de faire depuis mon arrivée chez Lolë, c'est de marier le prêt-à-porter et le vêtement sportif.»

Détecteur de tendances

Créer une collection est un travail de longue haleine encore plus dans le domaine du lifestyle. «Je crée de la même façon que pour le prêt-à-porter, avec des thématiques de couleur, par exemple. La seule différence, c'est le temps: on travaille presque deux ans à l'avance à cause des fabriques, qui sont très techniques», explique celui qui vient de terminer sa collection pour l'automne... 2014!

Travailler avec une telle avance demande un vrai flair pour détecter les tendances à venir. «C'est très difficile! Il faut ouvrir les yeux, faire énormément de recherche pour essayer de deviner la prochaine couleur ou silhouette que les gens voudront porter», souligne-t-il, ajoutant que si le travail se fait en collaboration avec son équipe de designers, c'est à lui qu'incombe le choix de la direction finale pour chaque collection.

Pour s'aider, Andy Thê-Anh dit observer les mouvements de société, devenue globale avec l'arrivée de l'internet et des réseaux sociaux, pour tenter de voir où elle se dirige. «On n'aurait jamais cru il y a 10 ans que le yoga deviendrait aussi fort. Je crois que, dans la prochaine décennie, le vêtement sportif va dominer, car les gens recherchent à la fois le côté fonctionnel et mode; ils ont moins les moyens d'acheter des vêtements pour chaque occasion.»

Une bonne nouvelle pour Lolë et ses ambitions internationales? Seul l'avenir nous le dira!

En quelques mots

Nom : Andy Thê-Anh

Âge : 48 ans

Profession : Designer

Lieu de naissance : Saïgon, Viêtnam

Vit au Québec depuis ... «que j'ai 16 ans».

Plaisirs coupables : «J'en ai trop! J'ai un faible pour les séries télévisées. Mes favorites du moment : The Good Wife, Suits, Mad Men, True Blood, Vampire Diaries... »

Dans une vie antérieure, j'étais... « Je vis toujours au moment présent!»

Le prochain sport tendance sera... «La danse, un mouvement amorcé avec le film Black Swan et So You Think You Can Dance, dont je suis un fan fini! Comme le yoga, la danse permet d'être en forme, sans devenir trop musclé. »

Sa griffe, en trois mots : Élégance, féminité, confort

Points de vente à Montréal : Dans les boutiques Löle

En ligne : www.lolewomen.com

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE