Délicats bracelets de dentelle d'or, précieuses bagues, colliers globe terrestre... autant de bijoux baptisés «Shéhérazade», «Klimt», «Matisse». Les oeuvres de l'Italienne Pia Mariani sont empreintes de poésie et de références artistiques. Le temps d'un court séjour à Montréal, nous avons rencontré cette artiste de haute joaillerie venue présenter ses créations désormais vendues à la Bijouterie italienne, véritable institution de la Petite Italie.

«Pia est une vraie star en Italie!», rappelle avec enthousiasme Marco Miserendino, copropriétaire de la Bijouterie italienne avec sa soeur Paola. Puis, se remémorant leur première rencontre lors du plus important salon de joaillerie du monde, celui de Las Vegas: «Elle était escortée par une cohorte de journalistes du Vogue italien, et cela, elle le doit bien sûr à son magnifique travail, mais aussi à une personnalité hors du commun.»

Pia Mariani, diplômée des Beaux-Arts de Brera, à Milan, avance avec grâce jusqu'à nous, une robe noire enveloppant sa longue silhouette, un châle rouge couture jeté sur ses épaules. «J'ai lancé ma marque en 1997, raconte-t-elle. Avant cela, je dessinais pour de nombreuses maisons mondialement connues, telles que Fabergé ou l'entreprise suisse Binda, pour ne citer qu'elles.»

C'est à la faveur d'un voyage à Tokyo que la créatrice prend enfin la décision de se lancer seule aux commandes de sa petite entreprise. À son cou, sa première création, qui continue d'ailleurs à faire tourner les regards. Il s'agit du collier «mappemonde» dont l'extrémité qui symbolise un globe terrestre renferme une sphère dont on peut changer la pierre au gré de nos envies, et ainsi donner aux mers et océans la couleur de notre choix.

«Les Japonais m'en ont commandé 25», se souvient-elle avec précision.

Reliant terre, ciel et astres déclinés en or blanc, jaune et en diamants, cette toute première pièce d'une collection depuis florissante est un concept en soi.

En amont de ce travail d'orfèvre, on devine une riche réflexion artistique et philosophique, suivie d'un long processus technique pour réaliser ces créations toutes faites main. Le bracelet-manchette «Shéhérazade», fermé par une pierre semi-précieuse, en est l'illustration parfaite. Il a fallu pas moins de deux années pour parvenir à en travailler l'or, matériau de prédilection de la créatrice, pour en faire une dentelle ciselée, légère, fluide à l'image des tissus qu'elle a glanés au cours de ses voyages dans le monde entier.

Sa gamme s'est ensuite enrichie de bagues, boucles d'oreille, broches... pour lesquelles la reine de Malaisie a littéralement succombé. Sacré coup de publicité dans le jet-set!

«Toutes les créations de Pia sont de véritables oeuvres d'art nécessitant chacune de nombreuses journées de travail», explique Marco Miserendino qui, comme ses parents depuis les débuts de la célèbre bijouterie ouverte en 1956, se fait un devoir de promouvoir au Québec les talents italiens indépendants, du moins ceux qui l'inspirent.

De son côté, dans un français aux accents italiens chantant, la créatrice se réjouit de cette nouvelle association qui lui permet de revoir du même coup deux cousines émigrées à Montréal il y a quelques années. Mais revenons-en à ce qui anime notre créatrice, à savoir le travail unique, fait main, artisanal dans la droite lignée du savoir-faire italien millénaire qu'elle revisite avec ingéniosité, comme en témoignent la bague «Five» à porter de cinq façons différentes, ou ce collier «Sirène» en perles grises de Tahiti, dont le fermoir en forme de sirène est en réalité la pièce centrale du bijou.

Dans la boutique ouverte en 2005 dans la très tendance rue Petro Verri, véritable carrefour de mode de Milan, princesses et stars venues des quatre coins du monde se bousculent désormais pour découvrir les précieuses créations de Pia Mariani, dont on commence à parler dans les magazines du monde entier. Mais la créatrice n'aura pas attendu de côtoyer des reines pour s'imposer très vite comme une princesse de la haute joaillerie.