La Semaine de mode de Montréal (SMM), au cours de laquelle les créateurs québécois et quelques Torontois présentaient leurs collections printemps-été 2011, a pris fin hier soir. Plusieurs grands noms manquaient encore une fois à l'appel: Philippe Dubuc, Andy Thê-Anh, Denis Gagnon (qui présentera un défilé au Musée des beaux-arts de Montréal le 18 octobre, puis en clôture de la semaine de mode de Toronto). Ceux qui les remplaçaient dans la grille horaire n'étaient pas toujours à la hauteur. D'autres, comme Ève Gravel, Valérie Dumaine, Dimitri Chris, Iris Setlakwe et Second Clothing, nous ont réservé de belles surprises. Voici un compte rendu des trois premiers jours de défilés de la 19e SMM.

La rayure partout

L'intemporelle rayure marine, dans sa plus simple expression (bleu sur blanc ou blanc sur bleu) a encore la cote chez les designers québécois. On l'a vue abondamment chez Annie 50 et en plus petites doses chez Valérie Dumaine et Iris Setlakwe. Les thèmes marin (sans rayures!) et militaire étaient aussi présents, chapeaux à l'appui, dans la jolie collection d'Ève Gravel.

La couleur

Faisant écho à l'«explosion chromatique» de Milan, les designers Coccolily, Lovas, Second, et Soïa et Kyo ont misé, en tout ou en partie, sur les couleurs vives. Couleur intégrale ou en blocs chez Coccolily, celle qui a le plus joué la carte du colori saturé. Le bleu électrique était de loin la vedette. En robe chez Coccolily, en blouson chez Soïa&Kyo, il se retrouvait même sur les paupières de mannequins de Muse, par Christian Chenail. Sinon, le jaune canari, le rose fuchsia ou fluo, l'orange citrouille et le vert chartreuse avaient également des adeptes.

Working Girl

Muse a présenté un défilé sans grand éclat, mais parfaitement adapté à sa clientèle cible: la professionnelle d'âge mûr. Vestes, jupes, redingotes et bermuda étroits ont été réinventés dans un esprit parfois un peu années 90, larges ceintures élastiques à l'appui. Si Christian Chenail a préféré la jupe et la robe, Iris Setlakwe, qui présentait son premier défilé à la SMM, a surtout proposé des tailleurs short pour le printemps.

De tout pour l'homme

Assurément, la mini-cape chauffe épaules, le veston court et le pantalon taille haute ne sont pas pour tous les hommes, mais déconstruite, la collection de Dimitri Chris comportait plusieurs éléments fort portables, voire preppy. On a particulièrement aimé shorts, pantalons et blouson à col rond, le tout dans des teintes printanières de bleu, beige, rose et blanc. L'homme de Soïa&Kyo était plus classique, avec blouson de cuir chocolat ou veste marine, sur pantalon kaki roulotté. Au moment d'aller sous presse, le défilé fort attendu de la griffe torontoise Ezra Constantine, qui promettait de bousculer les conventions de la mode masculine, n'avait pas encore eu lieu. À suivre.

Le cas Helmer

Lundi soir, Helmer présentait en grande pompe ce qui devait être le premier défilé de haute couture dans l'histoire de la Semaine de la mode de Montréal. Le créateur a fait appel à sept artistes et artisans pour confectionner sa collection, tel que requis par l'appellation «haute couture». L'artiste verrier Jean-Marie Giguère, avec qui Helmer avait travaillé pour l'événement Montréal ville de verre, était un de ces collaborateurs.

On retiendra la mélodie de cliquetis produite par la spectaculaire robe de verre, qui a perdu quelques éclats sur la passerelle. Nul ne doute que les heures de labeur ne se comptent plus à un tel niveau d'exigence: les collants incrustés de métaux et de verre, les compositions florales, les agencements de tubes de plastiques, tenus par des fils de fer ou de pêche, les chaussures ornées, les bijoux, chapeaux et sac assortis. Les tenues se regardent comme des oeuvres d'art. Rien n'est portable dans cette collection au thème sous-marin, à part, peut-être, si on s'appelle Lady Gaga. Mais c'est là le parti qu'a pris Helmer. Offrir de la couture à Montréal, une ville qui en avait peu ou pas. En avait-elle vraiment besoin? L'avenir nous le dira.