Il existe sur l'internet une véritable communauté de touilleuses autodidactes (souvent des mamans). Certaines partagent leurs recettes de crèmes avec qui veut bien les lire; d'autres vendent leurs produits maison en ligne, à très petit prix.

«D'un point de vue anthropologique, on pourrait dire que tout ce mouvement de blogueuses qui font leurs petits pots représente une réappropriation de ce qui traditionnellement appartenait aux femmes. On sait que l'industrie des cosmétiques a été industrialisée dans les années 50. Maintenant, c'est le retour du balancier, croit Stéphanie Plamondon, herboriste et anthropologue. On dit que le fait maison est un des secteurs qui connaissent la croissance la plus accrue en Amérique du Nord. Il y a des blogues qui sont vraiment très poussés. On dirait qu'ils sont écrits par des chimistes.

 

«Puis il y a deux écoles. Celle des manuelles qui font leurs produits maison, mais utilisent quand même des agents de conservation et des parfums de synthèse. Et celle des plus «santé», qui essaient de faire des crèmes et des savons très naturels, qu'on pourrait carrément manger.»

Profils de touilleuses

www.banlieusardises.com

(Martine Gingras)

«Quand je vois quelque chose qui me plaît en magasin, je n'ouvre pas spontanément mon portefeuille: j'ai plutôt tendance à me demander si je peux le faire moi-même. C'est ainsi que j'ai commencé à cuisiner (en essayant de faire chez moi ce que j'avais goûté au resto), jardiner, coudre et donc aussi faire mes propres savons et cosmétiques. Je fais d'abord mes recettes par plaisir: j'aime jouer avec les odeurs, les textures... et ensuite, parce que j'aime savoir ce qu'il y a dans mes petits pots autant que dans mon assiette, et la meilleure manière de m'en assurer, c'est de les faire moi-même. Je peux contrôler la fraîcheur, adapter la formulation à mes besoins et éviter certains ingrédients que je juge inquiétants. C'est peut-être ce dernier point qui attire particulièrement les nouvelles mamans. Les soins pour bébé sont un peu la suite «cosmétique» logique des purées bio maison: on ne veut pas tartiner la peau fragile de nos chérubins avec n'importe quoi.»

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www.lesbainsmaryange.com

(Mary Plante)

«J'ai commencé à faire des savons quand ma soeur m'a offert une trousse Omer DeSerres. J'ai ensuite trouvé des forums sur l'internet où on donnait les ingrédients et les techniques de fabrication de savons et, une fois les informations assimilées, j'ai procédé à ma première cuisine de savons. Par la suite, j'ai parfait mon savoir en sortant des livres de la bibliothèque et je me suis aussi lancée dans les crèmes et les laits de beauté. Finalement, c'est comme la cuisine.»

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www.boetmiennes.com

(Isabelle Brodeur, alias Dr Maman)

«J'ai une maîtrise en microbiologie, un doctorat en immunologie et quatre enfants âgés de 10 mois à 5 ans. Je suis autodidacte, mais comme j'ai une base scientifique, les recettes ne me sont pas étrangères. J'utilisais souvent la soude en laboratoire. Mon but, lorsque j'ai commencé à fabriquer des crèmes, des bombes pour le bain et autres produits de beauté, était de faire des produits plus naturels que ceux qui se vendent en magasin. J'utilise des conservateurs, des émulsifiants et des fragrances, mais aussi des huiles essentielles et des beurres naturels.»