«Où avez-vous des restos multiethniques intéressants en banlieue à Montréal?»

Lorsque le journaliste torontois Suresh Doss m'a posé cette question, alors que nous nous baladions en banlieue de la métropole ontarienne, en quête de dosas, de shu mai et de lamajouns - voir votre section Voyage de samedi dernier -, à l'automne, j'avoue que je suis restée un peu gênée.

J'avais de la difficulté à répondre. Saint-Laurent? ai-je avancé, en pensant aux bons restaurants libanais. Brossard? ai-je ajouté, en me rappelant à quel point j'avais adoré, il y a trop longtemps, une visite chez Kam Fung, temple des dim sums...

La population de Montréal n'est pas aussi diversifiée que celle de Toronto, et surtout pas aussi nombreuse. Il est donc normal qu'on n'ait pas autant de restaurants d'origines culturelles variées, super authentiques, parsemés dans nos banlieues comme c'est le cas de Scarborough à Mississauga.

Mais la question m'a surtout fait réaliser que je devrais plus souvent partir à la recherche d'adresses nouvelles dans nos couronnes. Et c'est l'idée que j'avais en tête quand, peu après, je me suis retrouvée face à face, pour une entrevue, avec un génie du génie, un professeur de Concordia d'origine indienne, mais installé depuis longtemps à Pierrefonds. «Où va-t-on, dans l'Ouest-de-l'Île, pour manger indien?» lui ai-je demandé. Il m'a donné une liste d'adresses.

Et c'est ainsi que je me suis retrouvée tout récemment, une fois la folie des Fêtes passée, à Pointe-Claire, chez Sahib, dont il m'avait dit du bien.

J'avais envie de plats chaleureux sans être trop roboratifs, savoureux sans plomber l'estomac, donc tendance végétarienne.

Je cherchais des prix raisonnables aussi, vu les excès de décembre. Et Sahib offre tout ça, niché dans un immeuble sans façon, à l'angle des boulevards Saint-Jean et Hymus. On y entre sans attendre et on découvre un espace aux murs de bois foncé, avec un bar, comme les vieux restaurants indiens de Londres, des écrans télé où quelques convives, le soir où nous sommes passés, regardaient du baseball. Sur les tables, de petits réchauds à bougies attendent les plats servis dans des casseroles de métal.

Les classiques au rendez-vous

Le menu n'a pas surpris la famille de mangeurs nord-américains que nous sommes. Les classiques sont au rendez-vous. Du poulet au beurre, du pain nan, du paneer aux épinards, du chutney à la menthe et au tamarin. Mais de petits détails ici et là nous ont fait sourire, comme ces carottes marinées, acidulées, encore croquantes, qu'on sert en amuse-bouche avec le papadum, les croustilles de farine de lentilles très légères souvent apportées en début de repas pour commencer à calmer les appétits. On a aussi été comblés par le moelleux des beignets - bhajia - d'oignons aux pois chiches ou par la sauce crémeuse épicée, mais aussi légèrement beurrée et tomatée, des boulettes d'agneau apportées en entrée.

Est-ce que ce repas était parfait? Non. J'ai ajouté du sel sur à peu près tout. Mais c'est tout ce qui manquait pour rendre les plats charmants comme le sag paneer, ce ragoût de morceaux de fromage baignant dans une sauce riche aux épinards qui réchauffe le coeur, surtout quand on le mange avec de gros morceaux de pain nan très moelleux, encore chaud, qu'on défait avec les doigts. Parfait pour les végétariens.

Autre grand succès, l'aloo gobi adraki, une combinaison de chou-fleur et de pommes de terre, cuits ensemble avec des tomates, de la coriandre, des oignons, du gingembre... Encore ici, on aime la combinaison relevée de légumes qui réconfortent subtilement.

Seul déception marquée: les crevettes au tandoori, bien épicées et acidulées, mais trop cuites, coriaces.

Au dessert, on nous avait recommandé les gulab jamoon, des petites boules façon beignets, flottant dans un sirop parfumé qui ne l'était pas assez. On cherchait l'eau de rose et la cardamome. Le thé au lait aux épices pourrait aussi être travaillé un peu plus. Mais on est quand même repartis repus, réchauffés et plus que jamais convaincus que la cuisine indienne demeure la reine du menu végétarien.

Photo Martin Chamberland, La Presse

L'atmosphère fait un peu «pub british», comme il y en a dans les restaurants indiens à Londres.

Sahib. 225b, boulevard Hymus, Pointe-Claire. 514 426-1121. www.sahib.ca

Notre verdict

Prix: entrées de 3,95 $ à 10,95 $. Plats à partager de 8,95 $ à 17,95 $.

Carte des vins: sélection de bières locales, indiennes et britanniques, ainsi que quelques vins passe-partout.

Service: gentil et en français.

Atmosphère: on a réussi à créer une atmosphère qui fait un peu «pub british» - comme il y en a dans les restaurants indiens à Londres, influence coloniale oblige - dans un immeuble de béton. Surprenant. On aime les réchauds à bougies sur chaque table.

Plus: beaucoup de plats végétariens savoureux.

Moins: la cuisine pourrait être un peu peaufinée.

On y retourne? Si on est dans le coin, oui.

Photo Martin Chamberland, La Presse

Un plat signé Sahib