Nous sommes un mercredi après-midi, dans un petit appartement de Verdun. Shawn et Evan ont leur journée d'école dans le corps. Que font deux jumeaux de 8 ans après l'école? Non, ils ne sont pas avachis devant la télé, ils ne jouent pas à l'ordi, encore moins à la Wii. Ils lisent.

Correction: on leur fait la lecture. Pas leur mère ni leur père, non plus que l'un de leur nombreux frères et soeurs. Mais un bénévole. Une fois par semaine, Jean-Sébastien Girard rend visite aux deux garçons pour leur offrir une bonne heure de lecture.

 

Il n'est pas seul: 125 bénévoles âgés de 18 à 82 ans - des étudiants, des grands-parents, même des mères professionnelles - consacrent ainsi une heure par semaine à des enfants de 5 à 9 ans, qu'ils initient au plaisir de la lecture. Chaque année, près de 150 enfants choisis par des écoles primaires et des organismes communautaires bénéficient ainsi de lecteurs à domicile.

«Ce sont des enfants à qui, souvent, on n'a jamais lu d'histoires. Leurs parents cumulent plusieurs emplois précaires. Le soir, ils sont débordés par leurs tâches et leurs soucis. Ce sont des familles recomposées et décomposées, avec des parents décrocheurs, ou encore des nouveaux arrivants», explique Michaela Leuprecht, ex-présidente et bénévole depuis 10 ans de J'apprends avec mon enfant, un organisme à but non lucratif qui vise à prévenir l'analphabétisme et le décrochage scolaire chez les jeunes. En 20 ans d'existence, l'organisme a prêté plus de 40 000 livres à des enfants de quartiers ciblés (notamment Verdun, LaSalle, Pointe-Saint-Charles et La Petite-Bourgogne).

«Ces enfants n'ont jamais vu un adulte lire. Ils ne voient pas à quoi ça sert.»

Ici, le bénévole a un mandat bien clair: joindre l'utile à l'agréable. Pas question que sa venue soit associée à une punition. Il n'est pas là pour faire des devoirs, mais tout simplement pour passer un moment agréable avec l'enfant en lisant. «On ne s'imagine pas qu'on va changer le monde. On sait que les familles ont bien d'autres problèmes. Mais malgré tout, cela reste un moment de plaisir entre le bénévole et l'enfant», poursuit Michaela Leuprecht,

N'empêche: depuis qu'il rend visite aux jumeaux, Jean-Sébastien Girard, un conteur-né, leur a lu des bandes dessinées, bien sûr, mais aussi des adaptations de Jules Verne, Le Comte de Monte Cristo, Robinson Crusoé. La semaine dernière, il avait glissé Don Quichotte dans son sac. Il a même passé un mois sur la mythologie grecque, avec un gros livre sans images! Combien de jeunes de 8 ans peuvent en dire autant?

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Mardi, c'est la journée de l'alphabétisation familiale. Quelques chiffres à méditer pour l'occasion: au Québec, on estime que 800 000 adultes sont analphabètes, c'est-à-dire incapables de lire une phrase complète, de comprendre un titre, encore moins un paragraphe. De ce nombre, quatre sur 10 sont âgés de 26 à 46 ans. L'âge moyen d'un parent. Un parent qui ne lira probablement pas à son enfant.

Les livres (et la télé!) prennent le bord

Une nouvelle étude, britannique cette fois, rapportée cette semaine par le Guardian, le confirme: les jeunes sont de moins en moins nombreux à lire pour pour le plaisir: 75% seulement, contre 80% en 2007 et 86% en 2006. Et surprise: si un jeune sur trois ne pourrait plus se passer de son ordinateur, il n'y en a plus qu'un sur cinq à en dire autant de la télé. C'est ce qui ressort d'une enquête menée par la firme Childwise auprès de 1800 jeunes Britanniques âgés de 5 à 16 ans.

Une référence web de plus pour les parents

Un nouveau site web d'intérêt pour les parents québécois vient de voir le jour: www.naitreetgrandir.net, une initiative de la Fondation Lucie et André Chagnon (et suite logique de leur PasseportSanté.net), souhaite répondre à toutes les questions que se posent les parents d'enfants de 0 à 3 ans (il ne fait pas ses nuits, quand passer au lait de vache, comment garder son calme). On nous promet de couvrir les 4 et 5 ans d'ici à la fin de l'année. Objectif: de la grossesse à 17 ans, d'ici 2012.

Mots d'enfants

À un souper de famille, Alexandre, 4 ans, trouve qu'il a assez attendu son dessert. «Grand-maman, est-ce que je peux avoir une entrée de dessert?» Envoyé par grand-maman Colette Bélanger

Des nouvelles de la mère blogue

Lundi, 10h32: Le sexe après bébé

Mercredi, 12h12: Malia, Sasha et High School Musical

Jeudi, 10h01: Nos enfants sont gros.

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