Le secteur de la santé est à l'avant-garde en matière de semaine comprimée. La question revient à chaque négociation de convention collective depuis une vingtaine d'années. Plusieurs projets pilotes, où l'abolition de certains congés permettait de raccourcir la semaine de travail, ont été lancés.

C'est le cas du Centre hospitalier régional de Trois-Rivières, où cette approche fait l'objet d'une expérience depuis l'an dernier. Au lieu de la traditionnelle semaine de cinq jours de huit heures, le personnel peut choisir entre deux horaires comprimés: trois fois 12 heures pendant trois semaines, puis quatre fois 12 heures pour la quatrième semaine du mois; ou alors trois fois huit heures pendant la semaine, et une fois 12 heures le samedi ou le dimanche.

 

«L'an dernier, 10 personnes ont participé à l'essai aux urgences, explique Claire Montour, présidente du syndicat des infirmières et des inhalothérapeutes (CSQ) au CHRTR. Cet été, il y en a eu trois fois plus. La plupart ont beaucoup aimé ce type d'horaire.» Une centaine de personnes travaillent aux urgences.

Du côté de la direction, les résultats sont concluants. «L'absentéisme est resté stable, même si l'achalandage et donc le rythme de travail ont augmenté cet été», indique Benoît Larue, adjoint au directeur des ressources humaines. Et on a des données montrant que moins de gens recourent aux congés de maladie simplement pour reprendre leur souffle. Contrairement à ce que certains chefs de service craignaient, les horaires n'ont pas été beaucoup plus difficiles à planifier. Et il y a eu beaucoup moins de pénuries de personnel durant les fins de semaine.»

Tout n'est pas rose: plusieurs employés se sont plaints d'un manque de personnel entre 20h et minuit. Les quarts de 12 heures vont de 8h à 20h et vice-versa, alors que ceux de huit heures commencent à 8h, 16h et minuit. Mais, selon M. Larue, ce trou existait avant. «Quand il manque de monde pour le soir, il est plus facile de convaincre quelqu'un qui finit à 16h de rester quatre heures de plus, que de le convaincre de faire le quart de soir au complet.»

L'an dernier, l'essai était limité aux urgences. Cet été, il a été étendu à l'ensemble de l'établissement, qui dessert toute la région et reçoit autant de patients qu'un hôpital montréalais, selon M. Larue.

Un autre projet pilote a eu lieu voilà 15 ans, mais n'a pas porté fruits, selon Mme Montour. «C'était une semaine de quatre jours de huit heures. La perte salariale était diminuée par l'annulation de certains congés fériés. Malgré tout, les participants n'avaient pas aimé ne pas recevoir leur plein salaire. Et il fallait que tous les employés d'un service changent leur horaire, ce qui rendait le processus assez lourd.»