Le tennis canadien est à son apogée. L’année 2022 a été historique, notamment du côté masculin, et bien entendu, le bilan de Tennis Canada est positif. Les regards sont déjà rivés sur 2023, une année pendant laquelle l’état-major de la fédération souhaite établir encore plus de profondeur.

Les Canadiens ont remporté à la fin de novembre la Coupe Davis, la compétition par équipe la plus prestigieuse du monde du tennis. C’était la première fois que l’unifolié gagnait ce tournoi plus que centenaire.

« C’est l’un des plus grands moments du tennis canadien. Peut-être l’un des plus grands moments sportifs de l’histoire du Canada », s’est targué Guillaume Marx, chef de la performance à Tennis Canada, mardi, lors du bilan de fin d’année de la fédération au stade IGA de Montréal.

Évidemment, c’est Félix Auger-Aliassime qui a mené le navire pour la formation canadienne, mais Marx explique que pour triompher lors d’un tel tournoi, il fallait que « tous [les] meilleurs joueurs soient impliqués », et c’est ce qui s’est produit, croit-il.

Comme Auger-Aliassime, sixième raquette mondiale, Denis Shapovalov et Vasek Pospisil ont aussi été à la hauteur dans les moments les plus importants.

PHOTO THOMAS COEX, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Le Canada a remporté la Coupe Davis en novembre dernier.

Tennis Canada espère que ce titre et les quatre trophées qu’Auger-Aliassime a remportés cette saison sur le plan individuel pourront inspirer une nouvelle génération de joueurs d’un océan à l’autre. « On veut amener la culture du tennis à un autre niveau. On veut inspirer les jeunes avec ce trophée », a ajouté Marx.

Le but en vue de l’année 2023 du côté masculin est maintenant de « protéger la culture tennis, rester humble […] et arriver à retrouver de bons résultats chez les jeunes ».

Bilan en demi-teinte chez les femmes

L’analyse de Sylvain Bruneau était un peu plus mitigée. Aucune joueuse canadienne n’a atteint de finale de Grand Chelem, comme Bianca Andreescu en 2019 et Leylah Fernandez en 2021.

En revanche, trois terminent la saison dans le top 100 en simple, Fernandez (39e), Andreescu (45e), Rebecca Marino (65e), et une parmi le top 10 en double, Gabriela Dabrowski (7e).

« Pour plusieurs joueuses, c’est difficile de revenir au sommet après une finale de Grand Chelem », estime le chef du tennis féminin professionnel et de transition.

À son avis, le fait saillant de cette saison est la tenue de Marino qui, après une longue pause, est parvenue à rivaliser avec les meilleures joueuses au monde à 31 ans. Avec un bond de 80 places au classement mondial, elle a même pu participer à tous les tournois du Grand Chelem.

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Rebecca Marino

Il a aussi dressé un bilan peu reluisant du tournoi de la Coupe Billie Jean King, lors duquel le Canada n’a pas passé la phase de groupe, même s’il pouvait compter sur la meilleure équipe de l’histoire du pays à cette compétition. « C’est difficile d’être satisfait, parce qu’on avait toutes les joueuses. On est déçus, mais ce n’est que partie remise. »

Bruneau croit cependant que le succès et la santé de la fédération à court et long terme devront passer par la profondeur : « On veut davantage de joueuses et on est sur la bonne voie. J’aimerais doubler le nombre de joueuses dans le top 100. C’est le but principal. »

Tous les chemins mènent à Rome

Au cours des prochaines années, Tennis Canada souhaite également conscientiser ses jeunes joueurs que des parcours comme ceux d’Andreescu, de Fernandez et d’Auger-Aliassime, qui atteignent les plus hauts sommets au tournant de la vingtaine, sont hors normes.

Au même moment, des joueurs comme Alexis Galarneau ou Gabriel Diallo prennent des tangentes plus accessibles en évoluant dans les rangs universitaires américains et en participant à des tournois Challenger. Néanmoins, les deux joueurs étaient de l’équipe de la Coupe Davis.

« On travaille sur le modèle que les athlètes peuvent devenir, explique Marx. Il n’y a pas une seule façon de réussir. On estime qu’il y a au moins quatre parcours possibles. Donc oui, il y a différentes manières d’y arriver. »

Bruneau met aussi l’accent là-dessus avec la relève féminine. Andreescu et Fernandez ont atteint la finale des Internationaux des États-Unis à 19 ans. Il insiste en répétant à ses joueuses « qu’il ne faut pas se comparer à ça à 19 ans ».

Il croit qu’il est « possible d’avoir une ascension moins rapide. Il ne faut pas mettre la marche trop haute ».