Le Canada peut maintenant se targuer d’être l’une des meilleures nations de tennis. Le succès est collectif, mais l’année qui s’achève aura été celle de la consécration pour Félix Auger-Aliassime, qui est parvenu à porter l’espoir d’un pays entier sur ses épaules.

Tous les qualificatifs ont été utilisés depuis janvier dernier pour décrire le travail colossal réalisé par Félix Auger-Aliassime. Si bien que même si la question s’impose, il a été ardu pour Valérie Tétreault, directrice de l’Omnium Banque Nationale, Andréanne Martin, directrice générale de Tennis Québec, et Hugues Léger, directeur général de Tennis Montréal, de répondre lorsqu’il leur a été demandé de résumer la saison du prodige québécois.

Félix Auger-Aliassime n’a que 22 ans et déjà les mots manquent pour témoigner de ses prouesses. C’est dire à quel point il a été impressionnant.

« Félix, c’est sûr, est le joueur de l’année », a lancé Tétreault en haussant les épaules, comme si c’était la seule réponse légitime à donner. Autour de cette tablée organisée par La Presse réunissant les gestionnaires les plus importants du tennis québécois, FAA a été peint non seulement comme un joueur générationnel, mais aussi comme le modèle que toutes les fédérations rêveraient d’avoir.

L’année de Félix

À l’instar du tennis canadien, Félix Auger-Aliassime est aussi parvenu à faire parler du tennis québécois à l’étranger. La sixième raquette mondiale a vécu une année exceptionnelle en remportant quatre titres et deux compétitions par équipe, en plus d’avoir intégré le top 10 mondial et de s’être qualifié pour les Finales de l’ATP.

Au-delà de ses réussites sur le court, c’est aussi la bonté, l’exemplarité et l’accessibilité du jeune homme qui ont fait de lui le modèle qu’il est devenu. « Il a compris son rôle d’ambassadeur », se réjouit Tétreault.

Martin, qui côtoie Auger-Aliassime depuis longtemps, insiste également sur le fait qu’il n’a jamais renié ou oublié d’où il venait. Il l’a prouvé l’été dernier lors de son passage à l’Omnium Banque Nationale. « On l’a vu au stade avec les équipes du Québec. Pour Tennis Québec, c’est du bonbon. »

D’ailleurs, elle souligne que l’impact de FAA s’est fait ressentir à Tennis Québec. Les clubs et les académies sont à même de constater que le rendement du Québécois fait déjà augmenter le nombre d’inscriptions. « L’impact est encore plus grand parce qu’il est en train de livrer des résultats de manière constante », précise-t-elle.

Léger soutient cette idée. Ayant fait carrière dans la gestion et le marketing, il est évident pour lui que « les victoires sont le meilleur facteur marketing » et Félix Auger-Aliassime sait gagner.

Il va plaire à ta mère, ton frère, ton voisin. Il a une portée très large et c’est sûr que c’est un immense avantage.

Hugues Léger, directeur général de Tennis Montréal

Tétreault rappelle aussi que « ça fait longtemps qu’on parle de Félix comme du prochain Federer ». « Je me souviens qu’il avait 14 ans et tout le monde sur la planète parlait de Félix comme le futur numéro un. » Le fait qu’il ait été en mesure de répondre aux attentes, à 22 ans, est d’autant plus impressionnant, assure-t-elle. Elle pense quand même que les amateurs ont été impatients à l’égard d’Auger-Aliassime : « Il avait 19 ou 20 ans et on trouvait que ça n’allait pas assez vite. »

Il a néanmoins fait fi des critiques en y allant à son rythme. Ce qui s’est avéré payant, assure Martin : « Il savait qu’à un moment donné, ça allait débloquer. Je ne pense pas que c’est un feu de paille, je sais qu’il est là pour longtemps. »

Un nouvel homme

Comme Tétreault l’a suggéré, Auger-Aliassime doit vivre avec une tonne de pression depuis qu’il est adolescent. Ses neuf défaites consécutives en finale de tournois ATP ont aussi fourni de bonnes munitions à ses détracteurs.

« Avant 2022, l’étiquette qu’avait Félix, c’était celle du gars qui perd en finale et il a réussi à se départir de cette étiquette-là. »

Avec son titre en février à Rotterdam et ses trois triomphes de suite à Florence, Anvers et Bâle, plus personne n’est en droit de douter de ses capacités, soutient Martin. « On a toujours senti que Félix était dans un processus et que tout le monde autour y croyait, lui le premier. »

Même que sa séquence de défaites en finale a sans doute été formatrice, croit Léger. « La progression a été plus constante et je crois que ce qu’il a vécu l’a renforcé. »

Maintenant, les trois intervenants sont unanimes : la prochaine étape pour le gentil géant sera de remporter un titre du Grand Chelem.

Au tennis, les saisons sont longues et les repos sont courts. En 2022, Auger-Aliassime a semé quelque chose d’immense ; 2023 pourrait être l’année des récoltes.