Olivier Aubin-Mercier a hâte d’être en vacances. « C’est probablement une plus grosse motivation que le million de dollars », lâche-t-il.

Le pugiliste l’a souvent dit au cours de la dernière année : s’il devait atteindre la finale de la PFL cette année encore, ce serait son dernier combat. Son chant du cygne.

« Je veux avoir fini. C’est pas mal ça. Et je vois que ça arrive, donc je commence à être heureux. »

L’athlète de 34 ans a rencontré La Presse le 14 novembre, moins d’une semaine avant son départ pour Washington pour son ultime combat. Cette finale n’est rien de nouveau pour le Montréalais, qui a été couronné champion il y a presque exactement un an. Une réplique de son gros chèque orne d’ailleurs le mur du Gym H2O, à Montréal, lieu de notre rencontre.

Aubin-Mercier le répète depuis plusieurs mois : il n’a plus de grande motivation à s’entraîner ni à se battre. Mais il a fait ses devoirs. « La discipline est là à chaque entraînement », assure-t-il.

Évidemment, le combattant aimerait bien partir en vacances – lire à la retraite – avec un deuxième million en poche. L’année dernière, il s’était acheté une carte holographique de Charizard, un Pokémon, d’une valeur de « quelques milliers de dollars ». Carte qu’il a, pour ceux qui se le demandaient, ultimement donnée à son frère. Il s’était aussi acheté un bidet.

À quoi donc pourrait bien lui servir un deuxième million ? Le sympathique combattant, toujours aussi divertissant en entrevue, répond à brûle-pourpoint : « Une toilette japonaise, c’est l’étape au-dessus du bidet. »

Puis, il ajoute : « Je ne sais pas si tu connais les cartes Magic ? »

On acquiesce.

« Il y a une série spéciale du Seigneur des anneaux qui est sortie, continue-t-il. Il y a une carte de l’anneau, mais il n’y en a qu’une, et c’est Post Malone qui l’a. Il l’a achetée 2 millions. »

Rassurez-vous, Aubin-Mercier n’a pas l’intention de flamber 2 millions de dollars dans une carte Magic… Quoique, c’est ce qu’on en déduit. Seul son compte de banque connaîtra la vérité.

« Je suis amer ! s’exclame-t-il. Quand j’étais jeune, mes parents m’avaient dit : non, achète-toi pas la carte Lotus à 400 $. Là, elle vaut 200 000 $. Je suis amer de l’avoir laissée. »

« Je n’ai jamais été aussi bon »

Il fallait voir Aubin-Mercier à l’œuvre à l’entraînement avant notre entrevue. Dans la dernière demi-heure, le combattant a invité son ami, Michael Dufort, à se joindre à lui dans l’octogone d’entraînement pour faire des répétitions de mouvements au sol.

« Aurais-tu voulu en mettre plus ? Pour 1 million, il ne tape pas », lâche Dufort après qu’Aubin-Mercier eut exécuté un étranglement.

Pour le combat de finale qui l’opposera à l’Américain Clay Collard, Aubin-Mercier a dû s’assurer de bien doser ses entraînements. Après tout, « ce serait stupide d’arriver là blessé ».

C’est difficile pour tous les athlètes qui vont se battre pour 1 million de ne pas trop pousser. Tu veux pousser au maximum parce que tu as l’impression que c’est la chance de ta vie, mais il ne faut pas que tu y ailles trop intensément pour ne pas te blesser.

Olivier Aubin-Mercier

Le « Canadian Gangster » a remporté ses neuf derniers combats. Son entraîneur, Richard Ho, évalue la confiance de voir son protégé l’emporter à « 99,9 % ». Le principal intéressé se montre tout aussi confiant.

« Mes partenaires et mon coach peuvent le dire : je n’ai jamais été aussi bon. Je pense qu’il n’y a jamais une version de moi qui pourrait me battre présentement.

« Ce n’est pas dans la poche parce que c’est le sport le plus bizarre au monde, tout peut arriver. Mais Clay pourrait être plus fort que moi, il pourrait être plus rapide que moi et avoir un meilleur cardio que moi, et je le battrais quand même. »

Pourquoi ? « Parce que je suis tellement meilleur techniquement, résume-t-il. S’il me bat, c’est vraiment que j’ai pris une très mauvaise décision, j’ai eu une très mauvaise gestion du combat ou quelque chose d’incroyable arrive. »

D’autant plus que le Québécois n’a « plus de pression », contrairement à son adversaire. « S’il gagne ce combat-là, ça change sa vie. Moi, c’est un bonus. Ma vie est déjà changée. Je suis heureux. »

Les personnes passionnées

On le disait en ouverture de cet article : Olivier Aubin-Mercier a hâte d’être en vacances. Ce combat sera le dernier, sauf peut-être si la PFL organise un jour un gala au Québec.

Il y a quelque chose [à la fois] de nice et de triste un peu de quitter le sport au top. Mais j’ai fait la paix avec ça et je suis fier de moi.

Olivier Aubin-Mercier

« C’est con, mais ça fait deux ans que je n’ai pas vu mes amis. […] J’ai toujours été un gars qui aime les bons restos, le bon vin. J’ai hâte de passer du temps avec ma famille. »

S’il gagne un deuxième million, Aubin-Mercier pourra prendre de longues, très longues vacances. Mais il n’a pas l’intention de rester chez lui à ne rien faire.

« Je pense que je suis quand même assez bon avec mon argent, même si je n’arrête pas de dire que j’achète des cartes, lâche-t-il. Je n’aurai pas besoin de travailler, mais c’est important pour moi de quand même travailler. Sinon, je vais péter au frette. »

Travailler où ? À la télé, peut-être. Dans un café ou un resto, pourquoi pas ? « Je suis ouvert à tout », dit-il.

« C’est une de mes forces : je suis intéressé à pas mal de choses dans la vie. Je suis intéressé à ce que le monde vit, à ce qu’il fait. C’est une des raisons pour lesquelles j’aime les bons restaurants. J’aime les choses bien faites. C’est con, mais j’aime les beaux couteaux. J’aime l’histoire en arrière d’un couteau fait à la main, d’un resto qui fait sa bouffe…

« J’aime ça encourager ces personnes-là qui font bien les choses, qui vendent leurs choses plus cher. Pour moi, c’est important de redonner au suivant par rapport à ça. Pas nécessairement de donner mon argent à n’importe qui, mais… J’aime ça, le monde passionné. Je pense que dans le futur, que ce soit en télévision ou ailleurs, aller voir du monde passionné et en apprendre plus sur eux est quelque chose qui m’intéresserait. »