(Boston) Les amateurs réunis au Centre Bell samedi dernier en ont été privés. Ceux à Buffalo mardi, eux, y ont eu droit.

On parle ici de la fameuse célébration des victoires de Jeremy Swayman et Linus Ullmark, les gardiens des Bruins.

Ladite célébration est bien simple. Comme le fait au quotidien le confrère de TVA Sports Marc-André Perreault avec ses collègues, Swayman et Ullmark se font un câlin, avec plus ou moins d’intensité selon les circonstances. Mardi, ça ressemblait à ceci.

Les deux compères avaient visiblement ignoré l’avertissement des membres de l’équipe médicale des Bruins. « Ils nous ont dit qu’on n’avait plus le droit de sauter, car ils ne veulent pas qu’on se blesse. Mais je crois qu’on est solides sur nos patins », racontait, amusé, Swayman après l’entraînement de vendredi.

Les célébrations ont beau être considérées comme anecdotiques, les deux hommes masqués y tiennent. « On le fait parce qu’on est authentiquement heureux pour l’autre gars, parce qu’on connaît le stress, la pression et l’adversité mentale que l’on vit chaque match, décrivait à La Presse Ullmark, rencontré la semaine dernière au Centre Bell. En partageant ce moment, on savoure encore plus nos victoires. »

Célèbre amitié

Swayman et Ullmark forment un tandem depuis l’automne 2021. Le premier y était déjà, en tant que choix de quatrième tour des Bruins en 2017, arrivé au Massachusetts en 2020, après trois ans à l’Université du Maine. Le second s’est quant à lui amené dans la ville de Sam Adams à titre de joueur autonome à l’été 2021, après six saisons à Buffalo. Les liens se sont tissés « naturellement », estime Swayman. Ullmark a d’ailleurs fait les premiers pas, au moment où son embauche a été officialisée.

« Il m’a contacté pour me dire : “ Hé, j’adore la façon dont tu joues, j’aime te suivre. ” Je n’en revenais pas d’entendre ça d’un gardien vétéran, a dit Swayman. J’étais vraiment content, c’est non seulement un bon gardien, mais un chic type. Chaque jour, je me rappelle que je suis dans une bonne situation. »

Ullmark n’avait toutefois pas que des compliments à lui adresser. « Je lui ai dit que j’allais essayer de le pousser le plus possible, que je serais là pour le soutenir, que je serais dans son coin et que je m’attendais à la même chose de sa part, a relaté le Suédois. Jeremy a adhéré à ça dès le jour 1. Et ça a évolué en quelque chose de plus grand qu’une amitié. »

C’est rendu comme un frère ! C’est un membre de la famille. Quand mon père m’appelle, il me demande des nouvelles de Linus avant de prendre de mes nouvelles !

Jeremy Swayman

Ça fonctionne

Cette belle relation est-elle la cause ou la conséquence des succès des Bruins ? La réponse se situe sans doute quelque part au milieu. Il reste que la recette sourit aux Bruins.

D’abord parce que les deux compères sont restés en santé. Depuis l’automne 2021, ils ont amorcé 174 des 179 matchs de Boston. Ensuite parce que toujours depuis le début de la campagne 2021-2022, les Bruins forment la meilleure équipe de la LNH en saison par une marge ahurissante. Avec 268 points, ils devancent leurs plus proches poursuivants, l’Avalanche, par 20 points.

Ullmark (,928) et Swayman (,919) occupent respectivement le premier et le quatrième rang dans la LNH pour l’efficacité au cours de cette période. Et ils ont atteint un tel niveau en partageant équitablement le travail : 41-41 en 2021-2022, 49-37 en faveur d’Ullmark la saison dernière, parce que l’Américain s’était blessé. Et cette année, ils alternent systématiquement d’un match à l’autre. Samedi, face au Canadien, ce sera le tour de Swayman.

J’aime mieux jouer la moitié du temps dans une équipe qui gagne 80 % de ses matchs que jouer 65 matchs dans une équipe qui en perd 80 %.

Linus Ullmark

« Oui, je suis compétitif, je veux toujours jouer, mais il faut regarder le portrait d’ensemble, a fait valoir Ullmark. La saison est longue, il peut se passer bien des choses, et quand tout le monde est heureux, c’est nettement plus facile de venir travailler au quotidien. »

Le duel de samedi sera le premier d’une portion costaude de leur calendrier, soit une séquence de six matchs en dix jours. C’est là que la rotation deviendra particulièrement utile. « Dans ces situations, ils obtiennent plein de répétitions, donc le repos est avantageux. Chacun va jouer trois matchs en dix jours. C’est beaucoup de travail, surtout avec le temps qu’on passe en zone défensive jusqu’ici », a expliqué l’entraîneur-chef des Bruins, Jim Montgomery.

La suite ?

Le capitaine des Bruins, Brad Marchand, rappelait toutefois la dure réalité samedi dernier. « On est choyés, c’est rare de pouvoir compter sur un tel tandem sous le plafond salarial. On va en profiter pendant que ça dure. »

Swayman écoule la dernière année de son contrat, mais deviendra autonome avec compensation au terme de la saison. Les Bruins garderont donc ses droits, mais l’homme masqué de l’Alaska, payé 3475 millions de dollars cette saison, peut s’attendre à une augmentation.

Ullmark détient quant à lui une entente jusqu’en juin 2025.

N’oublions pas non plus que malgré les succès en saison, les Bruins ont été éliminés au premier tour lors des deux dernières années. Ils consacrent en outre 10,1 % de leur masse salariale aux gardiens ; seuls les Panthers (13,4 %) investissent plus à cette position. Ces mêmes Panthers ont toutefois atteint la finale de la Coupe Stanley l’an dernier, contre les Golden Knights et leur duo économique d’Adin Hill et Laurent Brossoit.

Un beau problème en vue pour Don Sweeney. Mais dans l’immédiat, le Canadien en aura tout un à résoudre samedi.