Sous le radar des sports de combat plus connus, une Montréalaise figure parmi les meilleures du monde de sa discipline.

Jamais un athlète du pays n’avait enregistré un meilleur résultat dans ce sport. La Montréalaise Brianna Ste-Marie a récemment décroché le second rang de sa catégorie au championnat mondial de grappling.

Il convient d’abord de définir le mot : le grappling regroupe les techniques de prise en tous genres. Au sol, contrôles positionnels, immobilisations, clés de bras, étranglements. De même que les prises debout et de projection, inspirées du judo et de la lutte, l’objectif étant d’amener l’adversaire au sol.

Le jiu-jitsu est le plus complet des sports de grappling. Pendant l’entrevue, jeudi dernier, Ste-Marie utilise d’ailleurs presque indifféremment les deux termes.

« Le grappling, c’est une catégorie qui inclut aussi la lutte et le judo, etc., explique-t-elle. Mais c’est toujours des athlètes de jiu-jitsu qui gagnent les évènements. C’est très rare qu’on voie quelqu’un qui pratique juste la pure lutte qui va gagner les ADCC. »

Non, boss, Ric Flair n’a jamais enlevé ce titre avec une prise en quatre.

C’est à ce 14e ADCC (pour Abu Dhabi Combat Club) Submission Fighting World Championship — qui a lieu tous les deux ans — que Brianna Ste-Marie vient de décrocher la médaille d’argent chez les moins de 60 kg.

Beaucoup de mots pour un nom de compétition, mais desquels il suffit de retenir qu’elle constitue en quelque sorte les Jeux olympiques du grappling.

  • Brianna Ste-Marie en action

    PHOTO ALEXIS AUBIN, COLLABORATION SPÉCIALE

    Brianna Ste-Marie en action

  • Brianna Ste-Marie donne des conseils.

    PHOTO ALEXIS AUBIN, COLLABORATION SPÉCIALE

    Brianna Ste-Marie donne des conseils.

  • Brianna Ste-Marie en action

    PHOTO ALEXIS AUBIN, COLLABORATION SPÉCIALE

    Brianna Ste-Marie en action

  • Brianna Ste-Marie donne des conseils.

    PHOTO ALEXIS AUBIN, COLLABORATION SPÉCIALE

    Brianna Ste-Marie donne des conseils.

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Sentiments partagés

Seule la crème des grapplers concourt au championnat du monde de l’ADCC, tenu il y a deux semaines au Thomas and Mack Center de Las Vegas. On y accède sur invitation — dans le cas des médaillés de la dernière édition et des légendes du sport — ou par l’entremise des essais (trials) continentaux. Brianna Ste-Marie avait obtenu son laissez-passer pour les mondiaux en remportant les essais de l’Amérique du Nord, en avril. Sur six combats, elle en avait gagné quatre par soumission.

Regardez quelques extraits de ses combats à cet évènement nord-américain

Avec cette perspective, une deuxième place aux mondiaux, résultat inespéré ou attendu ?

« Un peu des deux. Pour ma première participation, c’est un très bon résultat. Objectivement, je le sais. Plein d’athlètes voudraient ça », reconnaît la combattante de 26 ans.

PHOTO ALEXIS AUBIN, COLLABORATION SPÉCIALE

Brianna Ste-Marie au Mizu Studio, l’un des gyms où elle enseigne le jiu-jitsu

Je veux être la meilleure dans le sport, je veux toujours la médaille d’or, donc c’est certain que je suis un peu déçue du résultat, mais j’ai des amis et des coéquipiers qui m’ont rappelé que c’est quand même une grande réalisation.

Brianna Ste-Marie

Regardez la finale

Battue aux points en finale par la Galloise Ffion Davies, la Québécoise se souviendra aussi de l’occasion pour une autre raison.

« Il y avait une foule de 12 000 personnes, c’était malade. Les gens criaient, sautaient de leur siège. C’était spécial comme expérience. »

L’Ontarien Dante Leon a pour sa part décroché le bronze chez les 77 kg, un exploit dans son cas également, la discipline étant largement dominée par les Brésiliens et les Américains.

Pourquoi le grappling ?

Plus jeune, Brianna Ste-Marie a d’abord joué au rugby. « J’aimais le côté physique du sport », dit-elle, un intérêt qui ne l’a pas quittée, de toute évidence.

Baignant dans les arts martiaux depuis les années 1980, son père s’est concentré sur le jiu-jitsu au tournant des années 2010.

« Quand il a commencé, j’étais adolescente et je ne voulais pas trop faire les mêmes activités que mon père ! », lance la diplômée de Concordia en études environnementales.

Puis, à l’orée de la vingtaine, elle décide d’essayer le jiu-jitsu, « pour faire quelque chose de nouveau ».

« Et dès le premier cours, j’ai absolument adoré ça. C’est un peu comme jouer aux échecs, mais avec nos corps », décrit Ste-Marie.

PHOTO ALEXIS AUBIN, COLLABORATION SPÉCIALE

Brianna Ste-Marie

C’est physique, mais super mental aussi. C’est de la stratégie et plus on connaît de techniques, plus on obtient des résultats.

Brianna Ste-Marie

Au départ, elle ne pensait pas que cette passion se transformerait en choix de carrière. « Mais c’est très addictif. Plus tu en fais, plus tu veux en savoir. »

De fil en aiguille, elle a fini par suivre un partenaire d’entraînement qui prenait part à d’importantes compétitions partout dans le monde. « Et ça a fait boule de neige. »

Brianna Ste-Marie ne ferme pas totalement la porte aux arts martiaux mixtes. Elle n’aime pas dire non.

« Mais je suis un peu nerveuse avec les commotions cérébrales », indique-t-elle.

Idéalement, elle préférerait donc réussir à bien gagner sa vie avec le grappling. Son sport croît et elle donne des cours dans différents gyms, dont le Mizu Studio, dans le quartier Saint-Henri.

Et, évidemment, les victoires ne nuisent pas.

« Quand tu commences à avoir du succès en compétition, des gyms de partout dans le monde te sollicitent pour donner des séminaires de quelques heures, ça paie bien. Puis, si tu gagnes l’ADCC, tu es vraiment établi dans le sport. »

Médaillée à sa première participation, tout semble possible.