Marie-Eve Dicaire n’aura besoin de personne pour lui offrir le plus beau des cadeaux de Noël. Elle aura le pouvoir de se l’offrir elle-même, le 17 décembre, lorsqu’elle montera sur le ring du Centre Bell, à la reconquête du titre mondial IBF des super-mi-moyennes.

La Québécoise tenait son entraînement médiatique, jeudi après-midi, au gym Sherbatov MMA, à Laval. Seules deux petites semaines la séparent désormais de son combat de championnat du monde, qu’elle disputera tout juste avant celui d’Artur Beterbiev contre Marcus Browne, dans le cadre du gala de boxe présenté par le Groupe Yvon Michel (GYM).

Dicaire venait d’entrer dans le bâtiment et n’avait pas encore enlevé son manteau qu’elle affichait déjà un grand sourire. Même pendant ses exercices, tout en sueur, la boxeuse laissait entendre quelques éclats de rire par-ci par-là.

« J’apprécie chaque moment de cette aventure, a-t-elle affirmé. […] Je sais tout le travail que ça représente. C’est une vie de sacrifices, c’est une vie d’efforts. Je suis tellement heureuse d’être là. »

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« C’est sûr que quand la cloche va sonner, le 17 [décembre], le sourire va être moins présent. Mais ça va être un sourire intérieur. »

Ce soir-là, Dicaire (17-1-0) se mesurera à la Mexicaine Cynthia Lozano (9-0-0, 7 K.-O.) dans un amphithéâtre où elle a toujours rêvé de performer, elle qui a grandi en regardant jouer le Canadien de Montréal. « C’est un rêve d’enfance », a-t-elle lancé.

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Marie-Eve Dicaire au côté de son entraîneur, Stéphane Harnois

Parions que ce rêve inclut une victoire. L’athlète a d’ailleurs l’habitude de gagner. Jusqu’en mars dernier, elle ne s’était pas inclinée une seule fois de sa carrière professionnelle. C’est l’Américaine Claressa Shields qui l’a vaincue en 10 rondes pour mettre fin à cette fiche parfaite.

Voilà donc plus de deux ans que Dicaire n’a pas vécu l’euphorie d’une victoire, sa dernière remontant au 23 novembre 2019 contre la Vénézuélienne Ogleidis Suárez. La pugiliste compte bien retrouver l’allégresse de la victoire dans deux semaines.

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« Dès que je suis revenue de mon combat contre Claressa Shields, j’étais en quarantaine. Une journée, j’appelais Yvon [Michel] pour lui demander quelle était la suite des choses. L’autre journée, j’appelais Stéphane [Harnois] : “Là, qu’est-ce qu’on va faire ?” Après ça, j’appelais Samuel [Décarie]. J’ai appelé toute mon équipe. J’avais déjà hâte de tourner la page sur cette défaite. »

Ce revers contre Shields a d’ailleurs eu pour effet de lui donner un regain de détermination, de hargne, de fougue. Il a « ravivé cette flamme pour la boxe », a-t-elle soutenu.

Dicaire affirme qu’elle n’a pas eu besoin d’apporter de changements à sa préparation mentale en vue de ce combat de reconquête. « On n’a pas travaillé différemment, on a juste travaillé avec des outils qu’on avait déjà. On s’est servi de ce que j’ai vécu contre Claressa Shields pour le transposer dans ma boxe. »

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« Reste alerte »

Au dire de l’entraîneur de Marie-Eve Dicaire, Stéphane Harnois, la préparation « se passe très bien ». « C’est sûr qu’il y a encore de petites choses à peaufiner. On n’est pas satisfaits à 100 % tant qu’on n’est pas arrivés dans le ring », a-t-il précisé.

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Au cours des dernières semaines, l’athlète a travaillé « à être beaucoup plus solide sur ses jambes, beaucoup plus basse ».

« Ç’a été difficile pour moi au début, mais je suis de plus en plus à l’aise avec ce style, et on a l’impression que ça va faire une grande différence dans le combat », a-t-elle souligné.

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Quand on lui demande quel est le message que lui martèle son entraîneur au quotidien, la boxeuse répond d’emblée : « Reste alerte. »

« C’est quelque chose que j’ai tendance à faire, a-t-elle noté. Je lance des coups et, ensuite, j’ai fait le travail. [C’est] de rester alerte, d’être prête à toutes les éventualités. On le sait, mon adversaire n’est peut-être pas la plus grande technicienne, mais il est là, le danger, parce qu’on ne sait jamais d’où le coup peut sortir et comment il peut sortir. »

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Si certains boxeurs aiment se visualiser avec la ceinture dans les mains, Dicaire, elle, préfère visualiser le processus qu’elle devra suivre pour être championne.

« J’ai besoin de boxer de telle façon, d’écouter la stratégie, mes entraîneurs. C’est plutôt ça que je vais visualiser. »

  • Marie-Eve Dicaire a tenu un entraînement médiatique jeudi après-midi, au gym Sherbatov MMA, à Laval.

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    Marie-Eve Dicaire a tenu un entraînement médiatique jeudi après-midi, au gym Sherbatov MMA, à Laval.

  • Petite séance de course légère afin de bien réchauffer les muscles…

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    Petite séance de course légère afin de bien réchauffer les muscles…

  • … jumelée à quelques étirements avant de monter sur le ring.

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    … jumelée à quelques étirements avant de monter sur le ring.

  • Entre deux exercices, Dicaire se permet une démonstration de kickboxing pour narguer un partenaire d’entraînement !

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    Entre deux exercices, Dicaire se permet une démonstration de kickboxing pour narguer un partenaire d’entraînement !

  • Une fois montée sur le ring, place aux choses sérieuses.

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    Une fois montée sur le ring, place aux choses sérieuses.

  • Pendant qu’elle s’entraîne avec son entraîneur Stéphane Harnois, la boxeuse ne peut s’empêcher de laisser échapper quelques éclats de rire.

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    Pendant qu’elle s’entraîne avec son entraîneur Stéphane Harnois, la boxeuse ne peut s’empêcher de laisser échapper quelques éclats de rire.

  • Dicaire n’a qu’un seul objectif en vue pour ce combat : renouer avec la victoire.

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    Dicaire n’a qu’un seul objectif en vue pour ce combat : renouer avec la victoire.

  • Après avoir sué un bon coup entre les câbles, on retire les bandages de protection… avec le sourire ! Ensuite, retour au vestiaire.

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    Après avoir sué un bon coup entre les câbles, on retire les bandages de protection… avec le sourire ! Ensuite, retour au vestiaire.

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Une « grande preuve de maturité »

La semaine dernière, l’autre boxeuse québécoise Kim Clavel a dû annuler son combat de championnat du monde prévu le même soir que celui d’Artur Beterbiev et de Marie-Eve Dicaire. Blessée « au bas du corps », Clavel n’affrontera finalement pas Yesenia Gómez pour le titre des mi-mouches du World Boxing Council.

En entrevue jeudi, Dicaire a parlé de cette décision comme d’une « grande preuve de maturité » de la part de sa consœur.

« L’appât du gain est là. Dans ce cas-ci, c’est un premier championnat du monde, c’est un combat au Centre Bell, on aurait pu essayer de tamiser cette blessure et de dire : “Je suis capable”, mais finalement, avoir une fâcheuse surprise dans le combat. […] Je sais que c’est décevant, à quel point ç’a dû être difficile de prendre cette décision, mais je sais que c’est partie remise pour elle. »

« On n’est jamais à l’abri des blessures. On ne se le cachera pas : la boxe est un sport difficile. C’est un sport de contact. Aux entraînements, des fois, ça peut arriver qu’on se blesse. »