Le père de la boxeuse mexicaine Jeanette Zacarias Zapata affirme qu’elle s’était bien remise de son précédent combat et était tout à fait prête, physiquement et mentalement, pour l’affrontement montréalais qui a précipité sa mort.

« Je suis son père, je ne l’aurais pas laissée se battre si je pensais qu’elle risquait d’être tuée », a plaidé mardi Esteban Zacarias en entrevue téléphonique avec La Presse depuis le Mexique.

« Elle était en parfaite santé et montrait une bonne discipline à l’entraînement. Elle se sentait capable de gagner le combat », a ajouté M. Zacarias, lui aussi boxeur, en relevant qu’il avait lui-même participé activement à la préparation physique de la jeune femme.

L’athlète de 18 ans est morte à l’hôpital du Sacré-Cœur le 2 septembre, cinq jours après avoir été mise K.-O. par la boxeuse québécoise Marie-Pier Houle à l’occasion d’un gala organisé par le Groupe Yvon Michel (GYM).

Une vidéo d’abord révélée par RDS montre que Jeanette Zacarias Zapata avait subi un autre K.-O. en mai lors d’un combat tenu au Mexique. Elle était demeurée longuement allongée sur le sol avant de pouvoir s’asseoir.

Ces images ont alimenté les interrogations sur l’état de santé de la boxeuse, mais donnaient une fausse impression de sa situation, estime M. Zacarias, qui dit avoir demandé au personnel médical sur place de lui « donner le temps » de se remettre plutôt que de s’alarmer.

Elle a pu partir par ses propres moyens et rien n’indique qu’elle souffrait par la suite de complications graves, souligne le père de la boxeuse. Il s’irrite d’ailleurs du contenu d’un article paru dimanche dans un hebdomadaire mexicain suggérant qu’il aurait tenté de la décourager de remonter sur le ring à Montréal.

Le magazine Proceso rapportait que Jeanette Zacarias Zapata s’était dite « prête à mourir » dans un combat s’il le fallait, mais cette phrase, au dire de son père, ne reflétait rien de plus que sa détermination et ne signifiait en rien qu’elle se savait en danger en raison de problèmes de santé.

Une nuit d’angoisse

L’organisateur de combats de GYM qui a chapeauté la venue de la boxeuse, Vincent Morin, a déclaré à la chaîne Noovo le week-end dernier qu’il ne comprenait pas comment la famille de Jeanette Zacarias Zapata avait pu la laisser monter sur le ring étant donné ses problèmes de santé. Il a avancé à cette occasion que la certification médicale du côté mexicain avait peut-être été achetée.

Interrogé à ce sujet, le père de la boxeuse a catégoriquement rejeté l’idée qu’un certificat médical de complaisance ait pu être obtenu.

Les autorités québécoises n’auraient de toute façon jamais accepté qu’elle se batte de nouveau si elle présentait des problèmes de santé majeurs, a ajouté M. Zacarias.

Le président de GYM, Yvon Michel, assure que toutes les mesures de sécurité usuelles ont été suivies en prévision du combat et que rien ne laissait entrevoir une fin aussi tragique.

Le père de Jeanette Zacarias Zapata, qui regardait le combat de Montréal en ligne, affirme qu’il a passé une nuit d’angoisse après avoir assisté au K.-O. subi par sa fille et son effondrement.

PHOTO PASCAL RATTHÉ, COLLABORATION SPÉCIALE

La Mexicaine Jeanette Zacarias Zapata a succombé à ses blessures le 2 septembre.

Malgré son inquiétude, il affirme avoir demandé là encore aux médecins de l’hôpital du Sacré-Cœur qui soignaient la boxeuse de lui « donner du temps » plutôt que d’envisager une opération d’urgence dans la nuit suivant son hospitalisation.

Des efforts avaient été entrepris pour permettre à M. Zacarias, qui ne disposait plus d’un passeport en règle, de se rendre au chevet de sa fille, mais son décès est arrivé trop rapidement pour qu’il puisse faire le voyage.

Le père de la boxeuse a indiqué qu’il ne savait pas encore à quel moment le corps de sa fille pourrait être rapatrié au Mexique.

« On n’a rien à cacher »

La ministre québécoise de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, a indiqué il y a quelques jours qu’une enquête serait menée par le Bureau du coroner sur « les causes probables et les circonstances ayant mené au décès » de la boxeuse. Yvon Michel a fait savoir que son entreprise participerait en toute transparence à l’exercice.

Le gouvernement a parallèlement fait savoir que la Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJ) se pencherait aussi sur le drame pour déterminer si les protocoles prévus pour assurer la sécurité des boxeurs ont été suivis.

M. Zacarias a dit espérer mardi qu’il y aurait aussi une autopsie pratiquée au Mexique afin de confirmer les causes exactes de la mort de sa fille.

« On veut que toute la vérité sorte […] De notre côté, on n’a rien à cacher », a-t-il conclu.