Il y avait de ces traditions avant la pandémie. Parmi ces traditions, il y avait se réunir entre amis pour vivre un évènement sportif. Le sport, vecteur d’émotions, n’est jamais vécu aussi pleinement qu’en groupe. Si le quotient intellectuel s’en retrouve rarement décuplé, le plaisir et l’intensité, eux, le sont.

Pourquoi pas par Messenger ?

Bref, c’était avant. Le Super Bowl chez un ami qui insistait pour faire découvrir à tout le monde sa nouvelle marinade ? Avant. Les séries au hockey chez un autre ami qui devait vous faire découvrir cette incontournable microbrasserie ? Avant. Même loin avant avec le Canadien d’aujourd’hui.

Il y avait WrestleMania aussi. Chaque année, c’était tradition. Un groupe de loustics, dont je faisais partie, se rassemblait au Resto-Bar Coin du Métro, justement au coin du métro Henri-Bourassa. En fait, la tradition se répétait assez souvent au rythme mensuel des évènements de lutte de la WWE.

Il y avait quelques incontournables : le Brain, M. Show, Ging, Ti-Pot, Tolo, Stevo (le surnom était de mise, vous l’aurez compris). D’autres qui vous disent peut-être quelque chose, Yannick Plante, lecteur à Sports 30, Patric Laprade, sans K, sommité de la lutte au Québec et animateur à TVA Sports, Handsome Jean-Fred, véritablement bel homme et digne représentant de la scène de lutte indépendante. Et Guillaume Lefrançois. Oui, le vrai Guillaume Lefrançois qui sévit dans ces écrans.

La lutte, par exemple, est depuis longtemps devenue un prétexte plus qu’une finalité. L’évènement joue dans le fond, sur un des écrans du Resto-Bar, pendant que l’on prend des nouvelles, que l’on jase de tout, que l’on s’astine pour un rien. Dans la pénombre du Resto-Bar, devant une bière (parfois deux) et devant un repas que l’on devra bien un jour brûler au gym.

Tout amateur de sport a ce groupe un peu disparate, avec ses propres déclinaisons de ces membres, qui se réunit pour vivre le sport. Tout amateur de sport a son lieu de culte. C’est la beauté de tout ça, et c’est ce qui manque en ce temps de pandémie.

Une idée ?

C’est ainsi qu’est née une idée nouvelle, pour ne pas tout perdre : vivre un évènement sportif à distance, mais ensemble, et surtout, en même temps. Le concept a pris forme dans le Québec en quarantaine sous la forme de 5 à 7 sur Zoom, de souper avec la famille par FaceTime.

Dans ce cas, pourquoi pas WrestleMania sur Messenger ?

L’idée a été lancée et a fait boule de neige. Tout le monde assis dans son salon, une bière à la main, avec Messenger ouvert. Tout le monde en train de regarder le même évènement de lutte. Prétexte parfait aux échanges, pour briser la monotonie, comme dans le bon vieux temps. Vous savez, il y a quatre semaines. Il restait à voir si le concept allait briser la spontanéité des échanges. Il appert que très peu. Avec un tant soit peu de discipline dans les conversations, la soirée est rapidement devenue ce qu’elle devait être. Des amis qui se rassemblaient grâce au sport, une bière à la main, pour jaser de tout et de rien et partager la même émotion. Même que la discussion virtuelle s’est prolongée longtemps après la fin de WrestleMania.

Il manquait évidemment l’ambiance du Resto-Bar et de son chaleureux propriétaire Costa. Disons que la soirée virtuelle était la meilleure chose possible, dans les circonstances. Personne ne se fera prier pour retrouver la normalité, quand normalité il y aura.

Mais quand même, en attendant, l’idée n’est pas folle. On peut s’interroger légitimement sur la décision de la WWE de tenir WrestleMania, même à huis clos dans son centre d’entraînement, mais là n’est pas la question. Le sport a rassemblé une fois de plus, comme il doit le faire.

Maintenant, à vous de choisir l’évènement. RDS diffuse chaque soir des évènements souvenirs. TVA Sports aussi s’en tire aussi fort bien avec quelques propositions intéressantes, comme des classiques de l’Impact, des matchs des Expos qui traversent les époques, pourquoi pas la résurrection de la rivalité Canadien-Nordiques ? Chacune de ces incursions dans la mémoire vaut instantanément quelques discussions passionnées sur les réseaux sociaux. Pourquoi ne pas pousser le concept plus loin ?

Quelques amis amateurs de sports, qui attendent avec désespoir l’arrivée des séries ? Regardez TVA Sports tout le monde en même temps, ouvrez une discussion de groupe sur Messenger, débouchez-vous une bière, et jasez de tout et de rien. Comme avant.

C’est notre vie sans sport pour le moment. Ce n’est pas une raison pour perdre le sport.