Olivier Aubin-Mercier débarque au gymnase Tristar vêtu d'un épais col roulé noir et d'un veston gris sorti tout droit d'une autre époque. Le moustachu combattant est flanqué de Pierre-Olivier Leclerc qui, lui, a opté pour une seyante chemise verte avec un cigare dans la poche gauche.

Pendant l'entrevue, il se tient derrière Aubin-Mercier avec la mine impassible qu'arborent généralement les gardes du corps. «Il fait partie de ma gang depuis longtemps», précise le combattant poids léger qui affrontera Gilbert Burns, le 8 décembre, à Toronto.

L'année 2018, qui n'est donc pas finie, a été marquante à plusieurs égards pour le Montarvillois de 29 ans. Elle a notamment donné naissance au «Canadian Gangster», surnom dont il s'est affublé en remplacement du «Québec Kid», bien moins intimidant. Dans le monde des arts martiaux mixtes, il est nécessaire pour chaque combattant de se démarquer. «Ça a très bien marché ici et ça a très bien marché aux États-Unis. C'est le fun de niaiser avec les fans avec ça», raconte Aubin-Mercier (11-3-0).

Quiconque connaît le spécimen, ou le suit par le prisme des réseaux sociaux, connaît le sens de l'humour du néo-gangster. Que ce soit lors du face-à-face, des séances photo ou des entrevues d'après-combat, il ne perd jamais l'occasion de détendre l'atmosphère. Mais cela n'empiète pas sur le sérieux avec lequel il prépare ses combats et les camps d'entraînement. Le gangster est studieux.

Prenez l'échantillon de 2018 avec son premier K.-O. dans l'UFC aux dépens d'Evan Dunham, au mois d'avril, puis sa défaite par décision unanime contre Alexander Hernandez en juillet. Dans le deuxième cas, il dit avoir beaucoup appris quant à la manière de gérer son entraînement. «À mon dernier combat, il est souvent arrivé que Firas [Zahabi] me dise: "Oli, tu es fatigué, retourne chez vous et repose-toi." Il y avait clairement quelque chose qui ne fonctionnait pas. Dans ce camp-ci, ce n'est pas encore arrivé. Mon horaire est mieux étalé. Avant, je faisais peut-être deux entraînements trop compliqués dans la même journée. En arts martiaux mixtes, on a la mentalité d'aller tout le temps à fond, mais ce n'est pas forcément la bonne chose», souligne Aubin-Mercier, qui a également fait des tests physiques - tous concluants - à Las Vegas.

Le gangster est heureux et bien moins stressé qu'avant son précédent combat. Le jeune Hernandez? Il ne le connaissait pas vraiment et ne savait pas ce qu'il allait pouvoir offrir dans l'octogone. Non seulement Burns a davantage de vécu dans l'UFC, mais il devait croiser sa route en février dernier.

Le combat avait été annulé à la dernière minute puisque le Brésilien n'était pas parvenu à faire le poids.

«Je lui en veux clairement. Quitte à ne pas lui pardonner, je vais lui casser la gueule, lance Aubin-Mercier avant d'éclater de rire. Je niaise, parce que je ne pense pas qu'il fasse la même erreur une seconde fois. À sa défense, c'était la première fois qu'il ratait le poids en arts martiaux mixtes.»

Âgé de 32 ans, Burns présente une fiche de 13-3-0. Il a cependant subi le premier K.-O. de sa carrière lors de l'UFC 226, le 7 juillet. Aubin-Mercier le décrit comme un adversaire «bon au sol» et avec «une bonne force de frappe».

«La clé sera de ne pas être en dessous comme lors de mon dernier combat. Il est super dangereux et explosif debout, mais ce n'est pas le gars le plus technique. Sa force de frappe diminue au fil des rondes. Si je fais attention, ça va bien aller.»

Parole de gangster.