Adonis Stevenson espérait avoir mis son passé derrière lui après son combat du 30 novembre contre Tony Bellew. Mais certains squelettes refusent obstinément de rester dans le placard. C'est ainsi que le passé du Montréalais a refait surface en fin de semaine lorsque s'est déroulée la première ronde pour désigner le boxeur de l'année.

La nouvelle est tombée samedi avec l'effet d'une petite bombe: Stevenson, qui a connu une année exceptionnelle, ne faisait pas partie des cinq candidats finaux désignés par les membres de l'Association des journalistes de boxe américains (BWAA).

Hier, la BWAA a décidé de réintégrer le nom de Stevenson à la liste après le tollé suscité par son exclusion. Mais les chances de Stevenson de recevoir la prestigieuse distinction sont minces. Selon le président de la BWAA, sa candidature pâtit du fait que plusieurs boxeurs ont connu une année 2013 exceptionnelle.

«Mais il y a autre chose aussi... Un membre m'a dit qu'il ne votera jamais pour Stevenson à cause de son passé et parce qu'il ne démontre pas de remords», a expliqué Jack Hirsch en entrevue téléphonique.

«Je pense que c'est une erreur, que ça n'a rien à voir avec le titre de boxeur de l'année. Ce n'est pas le titre de bon gars de l'année, fait valoir le président de la BWAA. Mais que voulez-vous, je ne peux pas forcer les membres à voter pour quelqu'un s'ils ne veulent pas.»

Jack Hirsch rappelle qu'aucune liste de critères n'encadre le processus de sélection d'un boxeur de l'année. Les membres sont donc libres de refuser de voter pour un athlète pour des raisons qui dépassent les cadres du ring.

M. Hirsch rappelle d'ailleurs un cas survenu en 1966. Cette année-là, celui qui deviendra Muhammad Ali avait connu une année de légende. Cassius Clay avait alors défendu cinq fois son titre poids lourd. En plus de la BWAA, le magazine The Ring désignait aussi un boxeur de l'année. Mais cette année-là, il s'était abstenu d'en nommer un pour dénoncer la position de Clay sur la guerre du Viêtnam et la conscription.

«Un boxeur qui défie le gouvernement n'est pas un très bon exemple», disait alors The Ring pour justifier sa décision.

Le président de la BWAA n'est pas d'accord avec les membres qui boudent Stevenson pour une vieille histoire de proxénétisme, mais il n'y peut rien. «Ça m'a fait rire de voir que certains journalistes accusaient la BWAA d'avoir un préjugé contre Stevenson. Ce sont les journalistes qui votent!», dit-il.

Stevenson arrive sixième

La BWAA a publié samedi la liste des cinq candidats au titre de boxeur de l'année. Parmi les noms de Floyd Mayweather, Timothy Bradley, Danny García, Gennady Golovkin et Sergey Kovalev, celui d'Adonis Stevenson brillait par son absence.

Le boxeur québécois était pourtant considéré par plusieurs comme l'un des candidats les plus sérieux. Comment expliquer cette omission?

Jack Hirsch raconte que la BWAA tient habituellement deux rencontres pour établir sa liste finale, sur les côtes Est et Ouest. Cette année, à cause d'un contretemps - un combat annulé -, la rencontre sur la côte Ouest n'a pas eu lieu.

Les journalistes réunis samedi à New York étaient donc les seuls chargés de dresser la liste. Après le vote, Stevenson est arrivé sixième. «Des membres se sont alors opposés et ont fait valoir qu'il avait eu une année incroyable, explique M. Hirsch. Donc, j'ai demandé qu'on vote de nouveau. Tous les membres ont voté une deuxième fois et le résultat a été le même. Stevenson est encore arrivé sixième.»

La BWAA a donc fait connaître sa liste finale de cinq candidats sans le nom de Stevenson. Plusieurs membres ont dénoncé ce fait sur Twitter. En fin de semaine, Hirsch a beaucoup réfléchi à la controverse. Puisque la sélection des candidats s'était faite lors d'une seule réunion plutôt que de deux, il a décidé d'ajouter le nom de Stevenson à la liste.

«Certains pourraient faire valoir que Stevenson aurait pu recevoir plus de votes dans une rencontre sur la côte Ouest, dit-il. Alors, j'ai décidé que tous les boxeurs qui avaient reçu un vote se retrouveraient sur la liste.»

C'est ainsi qu'hier, Adonis Stevenson, Mikey Garcia, Guillermo Rigondeaux et Ruslan Provodnikov figuraient sur la liste finale.

Les membres de la BWAA vont recevoir leur bulletin autour des Fêtes. Le boxeur de l'année sera connu à la fin janvier.

Mais à la lumière des explications de Jack Hirsch, il est difficile de croire aux chances de Stevenson. Comment le Québécois pourrait-il se faufiler du sixième rang au premier en l'espace de quelques semaines? À moins qu'il y ait un miracle de Noël...

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LES CANDIDATS AU TITRE

> Timothy Bradley

> Danny García

> Mikey García

> Gennady Golovkin

> Sergey Kovalev

> Floyd Mayweather

> Ruslan Provodnikov

> Guillermo Rigondeaux

> Adonis Stevenson