«Cette fois-ci, c'est la dernière fois!»

Après avoir livré 93 combats professionnels, remporté trois fois le titre canadien des légers et disputé un duel pour un titre mondial, Gaétan Hart s'apprête à monter sur le ring pour la dernière fois. Le boxeur retraité de 59 ans disputera un duel hors concours samedi à Gatineau contre Deano Clavet.

«Ça va être une exhibition, alors on ne va pas essayer de s'arracher la tête! prévient Hart en entrevue téléphonique. Ça va être amical. On va mettre des gants de 16 onces, un casque protecteur et un bon jockstrap pour ne pas se faire mal. À mon âge, il faut faire attention. Le but est de donner un bon spectacle au monde.»

L'idée d'un combat hors concours est née il y a quelques mois lors d'une conversation avec l'acteur et ancien pugiliste Deano Clavet. L'ami de Hart, connu pour ses rôles dans les séries Scoop et Omerta, l'a invité à monter entre les câbles pour le plaisir.

«J'ai fait un autre combat d'exhibition il y a un an à Repentigny et je pensais que c'était le dernier. Mais les gens me demandaient d'en faire un dans ma région, en Outaouais, explique Gaétan Hart, qui se produira samedi au centre Père-Arthur-Guertin de Gatineau. J'ai presque 60 ans, mais je m'entraîne tout le temps. Alors j'ai accepté, mais c'est vraiment la dernière fois.»

Hart (58-31-4, 25 K.-O.) a connu une longue carrière avec ses hauts - notamment un combat de championnat du monde contre Aaron Pryor en 1980 - et ses bas, dont la mort accidentelle de son adversaire Cleveland Denis la même année.

«Je suis très fier de ce que j'ai fait. Je suis un petit gars de Buckingham et il n'y avait pas de boxe dans le coin quand j'ai grandi. J'ai livré 93 combats professionnels. Je me suis battu une fois pour un championnat du monde et cinq fois contre des champions du monde. J'ai fait ce que j'avais à faire là-dedans», résume Hart, qui travaille aujourd'hui dans l'industrie de la construction.

Le boxeur a aussi été le sujet d'un film de Pierre Falardeau et Manon Leriche. Dans Le steak, Hart déclarait, en 1990: «La boxe, c'est mon langage. C'est mon monde. Chu ben avec les boxeurs, on se comprend.»

Il avait 37 ans à l'époque et a finalement livré son tout dernier combat professionnel 10 ans plus tard. Quel jugement porte-t-il sur l'état de la boxe québécoise? Hart se dit d'abord excité à l'idée d'un duel entre Lucian Bute et Jean Pascal. Mais il pense néanmoins que le sport est en déclin dans la province.

«Aujourd'hui, on a des champions du monde. Mais dans notre temps à nous autres, dans les années 70 et 80, on se battait régulièrement. Le Forum et le Centre Paul-Sauvé étaient remplis à capacité. Les gens tripaient vraiment. Mais aujourd'hui, ça se bat deux ou trois fois par année. En région, la boxe professionnelle n'existe presque plus.»

Hart parlera finalement le langage de la boxe une dernière fois samedi soir. «Je vais toujours continuer à m'entraîner, parce que ça fait partie de ma vie. Mais au niveau de la boxe, c'est fini.»