Georges St-Pierre est un athlète surprotégé, riche comme Crésus, amateur de shorts serrés et de surcroît peu respectueux de son sport. Voilà en somme la charge menée jeudi par l'Américain Nick Diaz lors d'une téléconférence où il a réussi à faire sortir le Québécois de ses gonds.

Les conférences téléphoniques sont à peu près toujours soporifiques. On rassemble des athlètes aux quatre coins du monde qui répondent aux questions des journalistes avec un entrain bovin. La ligne est systématiquement pleine de friture. On n'entend à peu près rien et ce n'est pas plus mal, car il n'y a habituellement pas grand-chose à entendre.

Puis il y a la conférence téléphonique que nous ont servie Nick Diaz et Georges St-Pierre en prévision de UFC 158, le 16 mars au Centre Bell. Dans le genre foire d'empoigne, on a rarement fait mieux.

Nick Diaz a monopolisé l'exercice qui a duré en tout et pour tout une quarantaine de minutes. Dans un monologue décousu, il est vite passé en mode attaque. «Georges a quelqu'un qui tweete pour lui, qui parle pour lui, il a des gens qui vivent pour lui. Ma vie, de l'autre côté, est toute croche, a lancé Diaz, 29 ans. Je n'ai personne pour remplir mes bouteilles d'eau, tous les jours je m'occupe de tout, personne ne s'occupe de ma vie, de mes impôts.»

«Tout le monde veut être comme Georges St-Pierre: être fort physiquement, avoir de gros muscles et oublier l'aspect technique de notre sport grâce à la puissance. Mais ce n'est pas ça l'esprit des arts martiaux mixtes, a ajouté Diaz. Tout le monde veut mettre de petits shorts serrés comme Georges, tout le monde veut se foutre du ju-jitsu, de la boxe et de l'esprit des AMM.»

L'attaque aussi désordonnée que violente a fait sortir de ses gonds St-Pierre, reconnu pour son calme. Que Diaz laisse entendre qu'il l'a eue facile l'a piqué au vif. Rappelons que St-Pierre a longtemps vécu de petits boulots, comme éboueur et portier, au début de sa carrière.

«T'as l'air pas mal brillant, là. T'es un imbécile sans éducation. Tu ne sais rien de moi. Je n'ai pas toujours été riche. Je suis parti d'en bas, a répondu St-Pierre, dans son meilleur anglais. Et je sais que tu ne peux pas comprendre parce que t'as pas réussi dans la vie. Peut-être même que tu ne réussiras jamais parce que tu n'as pas l'air assez intelligent pour réussir.»

La table était mise. À partir de ce moment, les journalistes n'ont plus pu poser de questions. Les deux se relançaient la balle. Diaz a reproché à St-Pierre de ne pas répondre à ses questions parce qu'il ne les comprenait pas. «Je parle un meilleur anglais que toi!» a rétorqué le Québécois. «Maintenant putain tu vas trop loin», a hurlé Diaz, en utilisant dans la version originale un mot commençant par «F» qu'il semble affectionner.

Les gens de l'UFC ont finalement tenté de rabattre la conversation vers Carlos Condit et Johny Hendricks. Les deux combattants étaient toujours sur la ligne, silencieux devant la litanie de Diaz et la réplique St-Pierre. Après quelques minutes, on a mis fin à la communication.

Nick Diaz (26-9-1) et Georges St-Pierre (23-2) vont se retrouver face à face à Montréal dès la semaine prochaine pour une série d'événements promotionnels en vue de leur combat du 16 mars.

Alors, qui a gagné le premier round? L'UFC, sans aucun doute, qui doit saliver à l'heure qu'il est, sachant très bien qu'on ne met pas mieux la table à un combat.